Bouteflika appelle les imams à la rescousse

Bouteflika appelle les imams à la rescousse

Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouadbellah Ghlamallah, après avoir, il y a quelques mois, mobilisé les mosquées sur l’ éducation sexuelle des jeunes fidèles, appelle les imams à faire campagne lors des prières et des prêches pour un vote massif …

Bouabellah Ghlamallah mobilise les mosquées pour les législatives



Après son appel désespéré aux jeunes pour une participation qu’il veut « massive » au scrutin du 10 mai, Bouteflika a chargé son ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah qui vient de lancer un appel insistant, ce samedi 10 mars à ses imams de toutes les mosquées d’Algérie pour faire de leurs prêches une tribune électorale, rapporte l’ »APS ».

Inaugurant une journée d’étude au pôle universitaire de Sétif 2, le ministre des Affaires religieuses et des wakfs a insisté sur « le rôle de la mosquée dans la promotion de la citoyenneté » que doit jouer la mosquée « qui a été utilisée par certains groupes pour diviser la société et susciter la haine au sein d’un même peuple » qui doit, aujourd’hui, réparer le mal et ainsi  » servir la nation et réformer la société », a t il dit, en allusion à l’utilisation des mosquées par l’ex FIS au début des années quatre vingt dix.

Autant d’euphémismes qui cachent maladroitement la véritable option de cette mobilisation générale des imams appelés à la rescousse de Bouteflika en prévision des législatives du 10 mai prochain. Quitte à utiliser l’argument de la division, de la « fitna » , des appels au meurtre dont ils continuent d’être les propagateurs. D’ailleurs le terme de « combattants » dont les affuble leur ministre n’est pas innocent dans ce contexte.

Ils sont ainsi chargés par leur ministère de tutelle de « combattre les courants qui veulent attenter à l’unité de l’Algérie » ( entendu les partisans du boycott, les Algériens reconvertis au christianisme, la Kabylie…) avant le rendez vous électoral. L’imam, a-t-il scandé, doit être « présent » pour orienter et conseiller les fidèles, ajoutant que la mosquée, « complément indispensable des institutions de l’État », constitue un lieu de prière, mais également un espace où le citoyen « trouve les éclairages qui lui manquent, dans le langage qu’il comprend », avant d’être plus direct dans ses propos: « L’acte de vote est une préoccupation majeure de la société, et il n’y a aucun mal si la mosquée et l’imam participent à la prise en charge des préoccupations de la société, qui sont au cœur même de leur mission » rapporte l’APS.

Selon le ministre, qui confirme ainsi les craintes des autorités d’un fort taux d’abstention, la mosquée « joue un rôle avéré en matière de formation de l’opinion publique. » Ce rôle de faiseuse d’opinion (pour ne pas dire « meutre » et « inquisition), a-t-il poursuivi, la mosquée le doit particulièrement « à son poids en tant qu’organe d’information fréquenté par plus de 15 millions de personnes pour la seule prière du vendredi, soit le tiers de la population algérienne».

Après les SMS, l’exploitation de journées commémoratives, le prétexte d’inaugurations, voici venir les mosquées pour conjurer la hantise d’un scrutin avorté. Les imams qui, il y a quelques mois avaient été chargés par Ghlamallah d’une campagne d’éducation sexuelle auprès des jeunes fidèles, sont réquisitionnés cette fois pour une « éducation électorale ».

R.N et APS