Un Conseil des ministres très attendu, pas seulement parce que c’est le premier que va présider Bouteflika depuis le début de l’année, est prévu aujourd’hui, apprend-on de sources dignes de foi et recoupées. Celui-ci devra se pencher, en effet, sur deux dossiers particulièrement lourds et sensibles.
Il s’agit du projet de loi sur l’audiovisuel, ainsi que la révision de la Constitution. Depuis le 27 décembre passé, date du dernier Conseil des ministres qu’avait présidé Bouteflika, celui-ci va enfin se tenir de nouveau, aujourd’hui. C’est, en tout cas, ce que nous apprenons de sources gouvernementales, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat. Ce Conseil des ministres, nous indique-t-on de mêmes sources, est d’autant plus important qu’il aura à se pencher sur deux dossiers particulièrement lourds, qui continuent d’alimenter la chronique, les débats ainsi que les polémiques en Algérie. Il s’agit du projet de loi sur l’audiovisuel ainsi que de la révision de la Constitution.
Échaudé par les amendements apportés par les députés du FLN et du RND aux précédentes lois organiques du président Bouteflika dans le cadre de ses réformes politiques, et qui les avaient vidées de leur essence, celui-ci, apprend-on encore de mêmes sources, aurait décidé de légiférer par ordonnance. En clair, le projet de loi ne sera signé et publié au Journal Officiel par le président Bouteflika qu’au moment de l’intersession parlementaire, comme l’y autorise la Constitution. L’APN, par la suite, durant la session d’automne ne pourra qu’adouber ce texte en «vrac» ou bien le rejeter dans son entier, chose qu’elle n’aura jamais le courage de faire, nous expliquent encore malicieusement nos sources.
Le second dossier, bien plus lourd que le premier, sur lequel devrait se pencher le Conseil des ministres d’aujourd’hui, a trait à la révision de la Constitution. À ce propos, nous expliquent encore nos sources, le chef de l’État devrait juste se contenter de donner des orientations, ainsi que les grandes lignes du futur texte fondamental de la République algérienne.
Le projet détaillé, dont la rédaction a été confiée à une commission d’éminents constitutionnalistes, récemment mise en place par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ne pourrait raisonnablement être prêt que d’ici à la fin du mois de juin prochain. Voilà pourquoi, nous explique-t-on encore, la décision finale prise par le chef de l’État consisterait à opérer une révision sommaire, qui ne dérangerait en rien donc les équilibres entre les différents pouvoirs.
Ce choix serait aussi bien dicté par des contraintes calendaires, que par le fait que le chef de l’État se serait rendu compte qu’il lui était impossible de trouver un dénominateur commun entre les propositions disparates récoltées par la commission qu’il avait mise en place pour écouter les propositions des uns et des autres, et qu’avait présidée Abdelkader Bensalah, second homme de l’État. Cette option, au reste, nous avait déjà été confiée par Louisa Hanoune, dans un entretien qu’elle nous avait accordé, et dans lequel elle révélait avoir été reçue par Abdelmalek Sellal, lequel lui avait indiqué que la future révision de la Constitution serait relativement superficielle.
Cela sous-entend, donc, qu’il n’y aura pas consultation référendaire, mais uniquement convocation des deux Chambres parlementaires en vue de l’adoption du nouveau projet de Constitution, comme cela avait déjà eu lieu en février 2002. Pratiquement parlant, une pareille option est des plus plausibles qui soient. En effet, si le projet de Constitution ne peut être prêt avant fin juin, il ne saurait être adopté par le Parlement avant le mois de septembre prochain, c’est-à-dire la prochaine rentrée sociale, et si l’on garde en mémoire que le mois de Ramadhan est prévu juillet, force est de constater que le plus gros des efforts des pouvoirs publics seront accaparés par les préparatifs liés aux élections présidentielles d’avril prochain.
Nos sources, pour finir, nous annoncent qu’à la fin de ce Conseil des ministres, Abdelmalek Sellal devrait être l’invité du JT de 20 heures, pour s’exprimer sur ces deux sujets, mais aussi sur pas mal de questions brûlantes de l’heure, comme la grogne des chômeurs, la crise du logement, le prix du pain et la remise en cause des subventions telles que pratiquées présentement…
Wassim Benrabah