Le débat sur un éventuel quatrième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika se ranime sur la scène politique, notamment après la mise en place de la commission chargée de préparer un projet de loi de révision constitutionnelle.
Des voix s’élèvent pour inciter le chef de l’Etat à briguer un mandat présidentiel supplémentaire, alors qu’un front anti-quatrième mandat se met en place. Or, Bouteflika s’il venait à briguer un autre mandat, aurait-il réellement besoin du soutien de ses relais politiques tradition-nels, le FLN et le RND en l’occurrence ? A ce titre, force est de constater que la fronde endémique qui a gagné ces deux formations politiques, est étroitement liée à l’enjeu présidentiel. Abelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia, solides chefs de files de ces deux partis majoritaires, dont l’allégeance au pouvoir en place, n’est plus à démontrer, se retrouvent subitement victimes d’une machination qui les a ejectés de la tête de leurs partis respectifs. Présidentiables potentiels qu’ils le sont certes, ces deux hommes n’auraient le brin d’une chance dans la course à la Magistrature suprême, si Bouteflika déciderait de se porter candidat. Même les cadres et militants les plus fidèles à ces deux hommes, n’hésiteraient pas à opter pour un président, largement consensuel parmi la société, pour pouvoir compter sur le FLN et le RND, afin de ratisser large lors de l’élection présidentielle. En revanche, c’est plutôt ces deux partis voués aux gémonies qui ont plus besoin du soutien de Bouteflika. » Bouteflika a toujours besoin du FLN « , a osé marteler Abdelhamid Si Affif, membres du Bureau politique du vieux parti, récemment, non pour appuyer le poids du parti au sein de la scène politique nationale, mais pour inciter davantage le chef de l’Etat à briguer un autre mandat. La dernière lubie de Si Affif, en guise de bouée de sauvetage à Abdelaziz Belkhadem, lâché par un nombre important de cadres du FLN, relève plus de la démagogie destinée à la consommation médiatique qu’à une quelconque stratégie de se replacer dans l’échiquier national. En effet, Belkhadem et Si Affif et toute la cohorte du vieux parti ne savent plus sur quel pied danser, à moins d’une année de l’échéance présidentielle. Soutenir publiquement la candidature Belkhadem au nom du FLN, serait signer l’arrêt de mort du parti, au cas où Bouteflika daignerait se représenter à sa propre succession. De là, à jouer sur les deux fronts, le temps relativement réduit ne le permet en aucun cas. C’est la même température qui prévaut du côté du RND, à la différence près, qu’Ahmed Ouyahia, ayant choisi de se retirer du parti de son propre gré, et observant un silence salutaire, fait preuve de beaucoup plus de maturité politique.En d’autres termes, si Bouteflika entrevoyait de briguer un quatrième mandat présidentiel – tout porte à le croire aujourd’hui – les ambitions entretenues par Belkhadem, Ouyahia et autres candidats potentiels tomberont comme un château de cartes. La fronde elle-même n’aura plus aucune raison à prévaloir et disparaitra de facto. Les plus opportunistes de tous sont ceux qui réclament mordicus la représentation de Bouteflika, préférant ne prendre aucun risque inutile qui pourrait leur coûter cher dans l’avenir proche.
Par M. Ait Chabane