C’est avec une grande gravité que les résidents de la station balnéaire de Bousfer-plage appréhendent la prochaine saison estivale qui s’annonce déjà inquiétante. En effet, les batailles rangées entre plagistes font rage et la moindre parcelle de sable est farouchement contestée par des bandes rivales prêtes à tout pour s’approprier les meilleurs emplacements.
Le jeu de l’intimidation, chaque groupe exhibant ouvertement une panoplie d’armes blanches, fusils à harpon, épées, tasers. la moindre étincelle peut dégénérer en une vraie guerre de gangs, et ce, au détriment des quelques estivants voulant profiter du week-end en bord de mer.
L’exemple de ce vendredi, à l’heure de la prière, au niveau de la petite plage familiale de Pinica, à juste titre, plus qu’édifiant et met en exergue un certain laxisme de la part des représentants de la loi qui ont tendance à éviter de prendre en charge les problèmes des concessions en bord de mer, pourtant récurrents.
Ainsi donc, dans un terrible chaos, 06 bandes rivales en sont arrivées à l’utilisation d’armes blanches pour accaparer la totalité du sable de la crique qui ne dépasse guère les cent mètres. Une grosse frayeur pour les quelques enfants qui, médusés, eurent la peur de leur vie en étant témoins du comportement de ces plagistes prêts au pire pour arriver à leurs fins.
En milieu d’après-midi, la consternation fut grande de la part des pères et mères de famille qui, en arrivant sur le sable de la plage de Pinica, furent interloqués par l’authentique forêt de parasols et tables barrant le chemin du bord de mer. «La situation se détériore chaque année davantage et les autorités locales semblent se complaire dans ce chaos. «Nous habitons là et nous sommes obligés de payer pour faire baigner nos enfants», dira Slimani Abdelhak, un ancien du village, au bord de la crise de nerf. En fait, la question qui revient en boucle sur les lèvres des habitants de Pinica est la même:
Adjudication ,dites-vous ?
Comment se fait l’adjudication des concessions et sur quelles bases ? Pourquoi le cahier des charges n’est-il pas respecté ? La loi stipule que seulement 30% de la superficie d’une plage peut être cédée en concession, comment se fait-il alors que, sur presque toutes les plages de la commune de Bousfer, Coralès, La Crique, Bomo-plage, La Grande-plage, Pinica, Coste, le bord de mer est obstrué par des centaines de tables et de parasols ?
En plus, ce nouveau négoce qui semblerait juteux puisqu’il déchaîne toutes les convoitises, apparu il y a moins d’une décennie, n’a-t-il pas été détourné de son objectif originel à savoir aider les jeunes des localités en bord de mer à exercer une activité estivale à même de leur procurer une entrée ponctuelle d’argent ?
Au fil des étés, les choses ont pris une autre tournure et les responsables de la commune semblent donner la priorité aux enfants de la commune mère. Harcelés quotidiennement par une cohorte déchaînée, les responsables de la mairie de Bousfer délivrent au tout-venant des ordres de versements pour une place au soleil, faisant d’une pierre deux coups: ne pas s’attirer les foudres d’une jeunesse désœuvrée et remplir les caisses de la commune. Une attitude qui ne fait pas que des heureux malheureusement.
Le laxisme des élus dénoncé par les citoyens
En fait, la population de Bousfer-plage et même les estivants de passage pâtissent et se sentent livrés à eux-mêmes face au laxisme des autorités locales dont il semblerait que le rôle se limiterait à donner satisfaction aux plagistes durant les 03 mois de la saison estivale. Et pour cause, ces derniers ne reculent devant rien pour attirer la clientèle et l’utilisation d’enceintes professionnelles vient ajouter son grain de sel aux comportements néfastes de ces commerçants d’un autre genre.
A longueur de journée, dans un brouhaha indescriptible, une formidable cacophonie, la pollution sonore atteint son zénith, obligeant bien des fois les vacanciers à changer de plage, tant les nuisances sonores sont difficiles à supporter. De vraies discothèques ambulantes qui vous incommodent jusqu’à une heure très tardive de la nuit qui, normalement, devraient être formellement interdites en bord de mer où les familles recherchent la tranquillité et la quiétude.
Du raï, de la techno, etc. Ecouter leurs ridicules cocktails relève du supplice et les plaintes répétées au niveau des responsables locaux, tous corps confondus, restent sans réponses concrètes sur le terrain. Il semblerait qu’une fois de plus, les plagistes qui se sont érigés en vraie mafia, sont les vainqueurs du bras de fer qui les oppose aux autorités locales. Pendant ce temps, les Oranais qui ont décidé de profiter de la mer à Bousfer-plage, devront prendre en considération le fait que les seuls rois de la plage sont les concessionnaires de solariums.
Bilekdar D.