En Algérie, la Bourse d’Alger n’arrive toujours pas à devenir une place financière incontournable.
Ce marché reste toujours boudé par les entreprises totalisant une capitalisation dérisoire qui ne dépasse pas les 6,6 milliards de dinars, soit environ 93 millions de dollars représentant 0,01% du produit intérieur brut.
Le titre du groupe pharmaceutique Saïdal a bondi de 4%. Celui de l’Hôtel El Aurassi n’a pas bougé d’un iota. Avec deux cotations seulement, la Bourse d’Alger est la moins dynamique du Maghreb.
Seul le marché obligataire enregistre un certain dynamisme. En 2008, les emprunts obligataires ont totalisé pas moins de trois milliards de dollars.
Le groupe privé Dahli SPA (société algérienne à capitaux privés spécialisée en immobilier d’affaires et hôtellerie) et dernièrement l’entreprise de réalisation ETRHB ont été les derniers à rejoindre ce marché qui compte une quarantaine d’émissions ou de titres. Ils emboîtent le pas à Cevital, EEPAD.
Les grandes entreprises publiques comme Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie ou encore Algérie Télécom, la Société de refinancement hypothécaire (SRH), l’ENTP et l’Enafor dominent ce marché -qui n’est cependant que l’arbre qui cache la forêt-, car le compartiment actions de la Bourse d’Alger reste peu développé.
L’on constate également le ralentissement de celui des obligations assimilées du Trésor. Par ailleurs, le statut des entreprises privées pose un problème pour l’introduction en bourse où seules les sociétés par actions sont éligibles.
Certaines entreprises fuient ce marché financier, car elles seront soumises à plus de transparence concernant leurs bilans financiers qu’elles doivent communiquer de manière périodique.
L’opacité n’est pas le moindre des défauts des nombreuses entreprises qui ne se bousculent pas au portillon lorsqu’il s’agit de présenter leurs bilans sociaux au Centre National du registre du commerce.
Les pouvoirs publics avaient essayé de donner un nouveau souffle à la Bourse d’Alger -à travers une feuille de route- adoptée en juillet 2008.
Le plan de modernisation et de développement du marché financier qui s’étale de 2009 à 2011 vise à «ancrer la Bourse d’Alger dans l’économie nationale et la positionner au cœur de la croissance», le président de la commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (Cosob), Nourredine Ismaïl, avait reconnu que ce dispositif est trop ambitieux eu égard au flou qui entoure le statut de cette institution.
«La clarification du statut juridique de la Cosob pour permettre à celle-ci d’assumer correctement ses missions en qualité d’autorité de régulation indépendante», avait-il estimé. A juste titre, il avait insisté sur la nécessité d’arriver à «une organisation appropriée du marché et une mise à niveau de l’ensemble des acteurs, des systèmes et des procédures».
En attendant, l’imposant immeuble qui abrite la Bourse d’Alger au Boulevard Amirouche (au cœur d’Alger) reste désespérément calme. Au plus fort de la crise financière internationale qui s’est traduite par une chute de l’ensemble des bourses mondiales sous l’effet domino, le marché algérien est resté de marbre.
Yasmine Idjer