Voilà une institution qui n’a pas encore trouvé ses repères des années après sa création : la Bourse d’Alger, on en parle beaucoup mais on ne la voit jamais fonctionner sur les places financières. Trois sociétés algériennes seulement la font vivoter lui épargnant une disparition certaine. Une situation anormale, affirme le directeur général de la Cosob.*
C’est l’une des deux conclusions auxquelles a abouti l’évaluation faite par la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (Cosob), chargée de mener la réforme de la Bourse d’Alger. Ce constat a été fait au lendemain du feu vert qui a été donné par le ministère des Finances pour la relance de la Bourse d’Alger à travers l’amendement du règlement général de cette dernière.
«Cette situation n’est pas du tout normale», a déclaré ce matin le directeur général de la Cosob, Ismaïl Noreddine, qui intervenait sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale. «C’est vrai, il n’y a pas assez de titres au niveau de la Bourse d’Alger. Nous le disons nous-mêmes et personne n’est content de cette situation, ni l’autorité du marché, ni le gouvernement, ni les investisseurs. C’est une situation anormale surtout quand on voit les marchés des pays voisins qui se développent à un rythme beaucoup plus important que le nôtre», a expliqué M. Noreddine. Ce dernier fait remarquer que les trois entreprises de la Bourse d’Alger (l’hôtel El-Aurassi, le groupe pharmaceutique Saïdal et Alliance assurance), ne peuvent pas la faire marcher. Selon lui, l’économie nationale ne peut pas être considérée comme une économie émergente si elle ne dispose pas d’un marché financier développé.
«C’est très important de comprendre ceci pour permettre et garantir le mouvement des capitaux aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur», a-t-il souligné. Selon lui, les modifications apportées au règlement général permettront une réorganisation de la Bourse d’Alger avec la création de deux nouveaux compartiments de négociation. Outre le marché principal réservé aux grandes entreprises, un compartiment dédié aux PME accompagnées d’un promoteur en Bourse et un marché de blocs des Obligations assimilables du Trésor (OAT) seront ainsi créés. Cette séparation est nécessaire, selon lui, parce que les conditions d’introduction en Bourse initialement fixées, s’adressaient à une catégorie d’entreprises dites plutôt grandes. Ces conditions d’éligibilité sont plus ou moins rigoureuses. Or, la PME n’a pas les moyens financiers, ni l’expérience nécessaire pour éventuellement répondre à toutes ces conditions et se retrouver cotée sur un marché. C’est pourquoi, «nous avons jugé nécessaire de les assouplir pour les PME». Concernant les emprunts obligataires des sociétés voulant faire des émissions d’emprunt, elles doivent disposer d’un capital social d’au moins 500 millions de dinars, justifiées de 2 ans d’expérience et émettre un encours nominal de l’ordre de 500 millions DA minimum. La création d’un compartiment dédié aux PME offre à ces dernières de nombreux avantages.
M.D