Boumerdès: Le diabétique face à la lourde charge financière des soins

Boumerdès: Le diabétique face à la lourde charge financière des soins

La crise économique s’installe dans la durée en Algérie et traîne dans son sillage la crise sociale, provoquant une diminution drastique du pouvoir d’achat de la majorité de la population algérienne. Nécessairement, la qualité de vie chez la population s’érode.

Cette érosion de la qualité de vie touche les soins. Il est, en effet, observé que la prise en charge des soins, qui coûtent très cher, est en baisse en  quantité et en qualité. Par conséquent, les risques encourus par les malades chroniques sont ou seront plus importants. C’est devant ce dilemme que se trouvent les diabétiques de la wilaya de Boumerdès et de toute l’Algérie.

A l’occasion de la journée mondiale du Diabète, l’Association des diabétiques de la wilaya de Boumerdès (AD/WB) qui compte 7 000 adhérents et que préside l’activiste Mohamed Mokri a organisé une séance d’information et débat à l’intention des journalistes de la wilaya de Boumerdès. Pour ce faire, le président Mokri a convié le docteur Fatiha Sadouni, de l’hôpital de Thénia, les directeurs des maisons du diabète de Boudouaou et de la ville de Boumerdès ainsi qu’un cadre de la Casnos.

La Cnas a brillé par son absence.

Les animateurs de cette rencontre ont focalisé leurs interventions sur l’aspect médical et les dispositifs mis en place par notre pays pour lutter contre cette maladie chronique qui fait des ravages. Ils ont appelé les médias à faire plus d’efforts pour sensibiliser le citoyen contre tout relâchement face à ce mal qui prend de plus en plus de l’ampleur.

Selon Mokri, la population atteinte dans la wilaya est estimée à 33 000 personnes de tout âge. Pour une région qui compte un peu plus de 950 000 âmes, il ressort qu’environ 3,47% de la population de cette wilaya est atteinte. Dans cette frange populaire combien bénéficie de la carte Chifa ? Combien de personnes ont des revenus stables et importants pour y faire face ?  Combien de personnes se soignent correctement ? Et pour cause,  la prise en charge de cette maladie coûte cher.

En revanche, contrairement aux idées reçues,  l’assurance-maladie ne rembourse pas toutes les dépenses ou ne rembourse que très peu. C’est le cas des analyses de laboratoire que le malade doit effectuer, au minimum, tous les 3 mois. Sur la dépense, l’assurance rembourse une somme dérisoire à telle enseigne que l’assuré ne dépose pas sa feuille de maladie. De plus, l’assurance calcule les remboursements sur des tarifs d’il y a des années.

Au niveau des médicaments, il est vrai que l’assurance rembourse les principaux médicaments, mais parfois le malade débourse le coût du tarif complémentaire car le tarif de la pharmacie ne concorde pas avec celui de l’assurance. Certains médicaments jugés complémentaires mais nécessaires à titre préventif ne sont pas pris en charge. La visite médicale coûte au minimum 1 500 dinars chez un privé. Combien la Caisse rembourse-t-elle ?

Par ailleurs, les examens approfondis du cœur, des reins et des yeux par des électrocardiogrammes (ECG) ou radiologiques sont carrément inaccessibles pour la grande majorité des malades. Idem pour les yeux.

A ce propos, des malades de Boumerdès se sont plaints du comportement d’un ophtalmologue qui a signé une convention avec la Cnas pour assurer des examens aux diabétiques. Ce dernier exige 500 DA par visite alors que cette même visite est payée par l’assurance.

A notre question sur cet aspect de la prise en charge des diabétiques, les conférenciers n’ont pas donné de réponse. Ils n’en ont pas et cette réponse ne dépend pas d’eux. Ceux qui peuvent donner cette réponse évitent le débat.

Car ce débat mettra à nu le système de prise en charge des malades qui est sélectif et défectueux pour la majorité. Ne sont, en effet, bien soignés, à l’étranger par exemple, que ceux qui ont les moyens ou des appuis pour les faire passer par des circuits médicaux où ne passe pas la majorité des malades.

Abachi L.