Lundi 20 juillet 2009, 20h. Au siège de la sûreté de wilaya de Boumerdès, c’est le branle-bas de combat pour une sortie nocturne.
Nous mettons les gilets pare-balles et nous prenons la route en direction de Zemmouri, fief des groupes terroristes de l’ex-GSPC, en passe d’être nettoyée.
Les officiers de la police qui nous accompagnent sont totalement décontractés : les nombreuses années passées à lutter contre la nébuleuse islamiste les ont aguerris.
Dix minutes plus tard, nous arrivons au commissariat de la BMPJ de Zemmouri.
Le chef de l’unité, M. Allalou, nous accueille et en compagnie d’autres officiers, dont K. Touati, il nous explique l’itinéraire de notre sortie.
A notre départ des locaux de la BMPJ, la patrouille se scinde en deux groupes.
Le premier ira dresser une embuscade dans une forêt avoisinante tandis que le deuxième fera une patrouille dans et autour de la ville de Zemmouri.
La nuit est fraîche. La ville connaît un mouvement relativement important en cette soirée d’été dans une région qui a du mal à s’arracher des griffes du terrorisme islamiste.
Avec prudence et « avec toutes les précautions d’usage », les éléments de la BMPJ pénètrent dans différents quartiers de la ville.
Ce sont des missions de reconnaissance et de prévention, mais aussi une occupation du terrain.
La ville est plutôt calme. Après les cités Signa, 360 Logements et le centre-ville, nous sommes arrivés à la cité des 910 Logements AADL.
A rappeler qu’à quelques encablures de là, trois policiers, qui effectuaient une patrouille à bord d’un véhicule banalisé, ont été attaqués par un groupe terroriste au mois de mai dernier, au bord de la RN24 longeant le site, une vingtaine de jours seulement après l’ouverture de l’unité locale de la BMPJ.
Deux policiers ont été assassinés lors de ce guet-apens. L’une des victimes n’est autre que le chef de la BMPJ de l’époque.
Il a succombé à ses blessures lors de son admission à l’hôpital de Thénia, tandis que son chauffeur est mort sur le coup.
Dans les quartiers des alentours de la résidence universitaire de Zemmouri, les policiers ne trouvent rien qui suscite un intérêt particulier.
Dans la majorité des quartiers, des jeunes jouent aux dominos. « Les habitants de la ville ont renoué avec les veillées nocturnes dans leurs quartiers ces derniers temps », nous dit le chef de la BMPJ de Zemmouri, M. Allalou.
« Les gens commencent à retrouver leurs habitudes. C’est un indice qui ne trompe pas, concernant l’amélioration de la situation sécuritaire à Zemmouri », affirme-t-il.
Nous avons ensuite emprunté la rue longeant la cité des 110 Logements pour regagner le commissariat.
Cette rue est réputée être le point de passage des sanguinaires pour se rendre au massif forestier surplombant la ville.
Celle-ci est légèrement éclairée. Au cours de cette opération, plusieurs personnes n’ayant pas de papiers d’identité ont été interpellées et conduites au commissariat pour les besoins d’identification.
« Les patrouilles font un travail de routine. Nous les effectuons quotidiennement. Ceci nous a permis d’arrêter plusieurs criminels, notamment durant les premiers jours de notre installation ici. Les résultats, comme vous pouvez le constater, sont palpables. La ville est devenue calme et les agressions, jadis fréquentes, ont diminué sensiblement », nous indiquent les policiers.
Après environ deux heures de marche à travers les rues les plus exposées au danger, les policiers reviennent dans leur caserne en sueur.
Malgré sa récente ouverture et les conditions de travail pénibles, la brigade mobile de la police judiciaire de Zemmouri a réussi, en un laps de temps, à redonner vie à une ville meurtrie par le terrorisme.
Ce commissariat, inauguré par le premier responsable de la Sûreté nationale le 4 avril dernier, est un petit immeuble de quelques pièces au pied du tristement célèbre djebel Boudhar.
Les 90 policiers qui l’occupent partagent un dortoir composé de quatre pièces seulement.
Ils disposent de deux sanitaires et autant de douches.
Ils font la queue à l’intérieur de la pièce aménagée en cantine dotée de seulement cinq tables.
Les hommes envoyés au front méritent beaucoup plus de considération.