L’autre excès «négatif» réside dans une baisse drastique de rendement dans le travail. On dépense plus, on mange trop, on veille plus tardivement, on se dispute beaucoup (y a-t-il un autre superlatif?) et…on travaille moins, beaucoup moins que l’on puisse imaginer décemment. C’est là le tribut du mois de Ramadhan qui, chaque année que Dieu fait, est quand même accueilli avec déférence et ferveur religieuse par les fidèles de tous les pays musulmans. Cependant…
Aux longues journées de jeûne et aux veillées folles, s’ajoutent les excès en tous genres. Il sont alimentaires ou caractériels et se vérifient à travers des «envies» qui se distinguent par des dépenses irrationnelles, des rixes ou dépassements verbaux, l’irrespect envers les aînés…Tous les ingrédients sont en place pour rendre ce mois de piété et de miséricorde, une période «explosive» de par les excès qu’elle draine. Cette quatrième obligation des cinq piliers de la religion de l’Islam recommande aux musulmans le respect du jeûne du lever au coucher du soleil pendant le mois lunaire du Ramadhan.
Ce mois est témoin, en la veille de son 27ème jour, de la révélation faite au prophète Mohammed (Qsssl) et au cours de laquelle Allah fit descendre le Saint Coran dans son intégralité sur terre. Ce mois, en principe de dévotion et de piété, a pris hélas l’allure d’une kermesse continue, propice à tous les excès possibles et imaginables dans tous les pays musulmans.
La circulation routière, notamment dans les grandes villes d’Algérie, déjà très pénible le reste de l’année, devient en ce mois sacré, une «sacrée» épreuve de patience, de retenue, de fair-play emprunté. Les automobilistes deviennent tous des hypertendus fort impatients. A l’approche de la rupture du jeûne, ils veulent tous arriver les premiers chez eux, quitte à attendre encore plusieurs longues minutes, les plus longues de la journée, parfois même attendre devant la table, avant le début de l’iftar…Ainsi, d’excès en excès dans leur façon de conduire leur auto, des altercations souvent violentes adviennent entre les automobilistes, chauffards ou pas, et aussi entre ces derniers et des piétons nonchalants, assommés par le jeûne et peu soucieux, il faut le dire, d’autrui, fusse-t-il au détriment de leur propre vie. D’ailleurs, le plus grand nombre d’accidents pendant ce mois, n’est-il pas enregistré au cours de cette courte période précédant la rupture du jeûne.
Ces excès s’observent aussi, pour ceux qui en ont la possibilité financière, dans le montant de leurs retraits bancaire ou postal. Ces retraits peuvent équivaloir le double, voire le triple des retraits mensuels normaux effectués tout le reste de l’année. Mais le point le plus fort se focalise sur les achats de denrées alimentaires. C’est la vraie débandade dans les marchés des fruits et légumes et autour d’autres étals de boucheries notamment, car le poisson reste le «parent pauvre» des «meïdas ramadhanesques» par habitude (?) ou à cause des prix prohibitifs, voire carrément inaccessibles pour nombre de bourses.
Cela ressemble presque, on s’y tromperait, aux époques révolues de disette des siècles derniers ou encore aux interminables «chaînes» qui s’étiraient, il y a quelques années, devant les fameux «Souks el fellah», de triste souvenir, alors que l’on manquait d’approvisionnement en denrées de première nécessité au cours de périodes relativement récentes dans toute l’Algérie. D’autres excès sont présents dans la consommation des repas. Certains boulimiques mangent aisément de la chorba, soupe rouge, en mêlant dans leur bouche simultanément des salades assaisonnées de vinaigrette, de cornichons, d’olives, de piments…faisant inconsciemment de leur estomac une véritable «poubelle» de consommation.
«Tout ce qui rentre fait ventre» et le lendemain, bonjour les dégâts! Les soirées, ou plutôt les veillées, qui s’éternisent souvent jusqu’au «shour», se ressemblent et voient d’autres excès et non des moindres. Beaucoup de café, du thé à gogo, des fruits secs sans aucune retenue, des boissons gazeuses douteuses dans leur composition, malgré l’obligation de contrôle des services de qualité, et sucrées à volonté qui font, hélas, le bonheur de la majorité des Algériens qui se rendront en retard, bien sûr, à leur travail, sonnés pour ne rien pouvoir produire. A tout cela, il ne faut pas oublier d’ajouter le tabac sous toutes ses formes. Cigarettes, chemma (à chiquer), pipes (peu) ou narguilés de «chicha», mais hélas aussi…du kif qui fait des ravages auprès des jeunes et moins jeunes…