Boulangerie : une activité dans le pétrin

Boulangerie : une activité dans le pétrin

2 000 Artisans ont fermé en six mois

Le marché enregistre un phénomène inquiétant : plus de 2 000 boulangers ont baissé le rideau durant le premier semestre 2017.

Le métier de boulanger vit les moments les plus difficiles de son existence en Algérie. Phagocytée par divers problèmes, cette spécialité risque de disparaître complètement de la nomenclature des activités commerciales.

Les fermetures et les changements de créneau ont atteint des proportions telles que cette noble profession est menacée de disparition dans les quelques années à venir. La baisse constante de la marge bénéficiaire, principale cause, a contraint des boulangers à abandonner ce qui a été leur…gagne-pain durant des décennies.

On dénombre plus de 2 000 boulangers qui ont baissé le rideau pendant le premier semestre 2017. Parmi eux, il y a ceux qui ont opté pour d’autres commerces plus lucratifs tels que la restauration, les fruits

et légumes…D’autres ont préféré

se spécialiser uniquement dans la

pâtisserie ou la croissanterie. Conscients de l’importance du pain dans la consommation des Algériens, les boulangers ne demandent pas une augmentation des prix -synonyme de hausse de leur marge bénéficiaire- pour ne pas toucher les couches les plus défavorisées de la population. Ils revendiquent, en revanche, la réduction des prix des matières premières entrant dans la fabrication du pain. Le président de la Fédération nationale des boulangers (FNB), Youcef Khelfat, indique que la loi d’avril 1996 fixe le prix de la baguette à 8,50 DA, alors que la farine était vendue à 1 500 DA le quintal, la levure 80 DA le kg, l’améliorant 80 DA le kg et le sel à 2 DA, et sans parler de l’électricité qui était à 2,50 DA le kilowatt. Mais, en 2017, “certains de ces produits ont vu leurs prix multipliés par deux, voire par trois, notamment l’électricité, l’essence et le gasoil, les impôts, ainsi que les cotisations à la Casnos, qui étaient de 12 000 DA et qui sont passées à

32 400 DA, le SNMG qui était à 6 000 DA est passé à 18 000 DA”, précise-t-il. “À chaque augmentation, le boulanger perd un peu plus de sa marge bénéficiaire, jusqu’à arriver aujourd’hui au niveau zéro bénéfice”, affirme-t-il. C’est pour exposer toutes ces contraintes que la FNB a été invitée samedi à une rencontre avec le ministre du Commerce,

Ahmed Saci. Le ministre a, à cette occasion, souligné “son soutien au métier de boulanger qui est, au-delà de sa vocation commerciale, un métier noble au service du citoyen”, et réaffirmé “la volonté de son département de soutenir et d’accompagner les boulangers au regard du rôle important de ces derniers dans l’approvisionnement des citoyens au quotidien”. L’entrevue se veut en fait une prise de contact préliminaire pour rappeler, souligne le ministre, que “les portes du dialogue sont ouvertes avec toutes les parties conformément aux instructions du Premier ministre et au programme du gouvernement visant en premier lieu la préservation du pouvoir d’achat du citoyen sans léser les intérêts des commerçants”. Pour sa part, M. Khelfat a présenté un exposé sur les problèmes rencontrés par les professionnels du métier et suggéré au ministre “des propositions d’ordre technique, rappelant que la fédération avait adhéré aux propositions du gouvernement et travaillé avec les commissions du ministère du Commerce pour préserver les droits des boulangers”.

La fédération avait d’ores et déjà proposé au prédécesseur de M. Saci, que soit fournie aux boulangers, une farine mixée à partir de blé dur qui n’est produite que localement car elle est utilisable uniquement dans la fabrication du pain. En plus d’être bonne pour la santé des consommateurs, ce type de farine de blé complet aux composants fibreux, assure une marge bénéficiaire respectable pour les boulangers. L’ex-ministre a indiqué que le ministère du Commerce veillera à maintenir les revenus des boulangers sans avoir à augmenter le prix de la baguette de pain fixé à 8,5 DA.

“Le gouvernement n’augmentera pas le prix de la baguette de pain, ni ceux des produits de base subventionnés par l’État”, avait-il rassuré. En tout cas, avait-il précisé, “le gouvernement a donné son approbation concernant cette proposition qu’avait soulignée l’ex-ministre”, précisant que des réunions étaient prévues avec l’UGCAA pour discuter de la mise en application de cette décision. Pour rappel, les Algériens consomment près d’un million de baguettes de pain par jour produites par quelque 21 000 boulangeries à travers le territoire national.