Boulanger, Un métier qui se perd, Les Algériens dans le pétrin !

Boulanger, Un métier qui se perd, Les Algériens dans le pétrin !

petrin.jpgLes jeunes Algériens sont de moins en moins à opter pour le métier de boulanger. En effet, l’Algérie qui est le plus grand consommateur de pain au monde avec 50 millions de baguettes consommées par jour, ne compte que 21 000 boulangeries à l’échelle nationale.

Mais pourquoi nos jeunes ont-ils boudé ce métier noble ? Il faut dire qu’en Algérie, l’Etat apporte de nombreuses subventions à cet aliment de première nécessité.

Pour les Algériens il est quasi-impossible de s’en passer du pain. Ce qui explique la forte demande. Par ailleurs, il convient de noter que le prix de la baguette est strictement respecté par les boulangeries, sur tout le territoire national.

C’est presque le seul produit dont le prix est stable depuis des lustres, et ce, en dépit de l’inflation galopante. Nombreux sont les boulangers qui comprennent le bien-fondé de la subvention de l’Etat. Cependant, ils estiment que le niveau de ce soutien public est aujourd’hui dépassé.

Il convient de noter que la loi de 1996 ne concerne que les subventions relatives à la farine. Certes cette matière est essentielle, dans la fabrication du pain, mais ce n’est pas le seul ingrédient, il faut lui ajouter de la levure, du sel, de l’eau, du sucre ainsi que d’autres ingrédients, sans compter la facture d’électricité liée notamment au fonctionnement des fours, et les salaires des ouvriers.

En 1996, le SNMG était de 4 000 DA, et les ouvriers pouvaient être satisfaits, vu leur pouvoir d’achat. Aujourd’hui, ce salaire minimum est 18 000 DA, alors que les dépenses de fonctionnement du boulanger ne cessent de grimper et que son bénéfice se réduit de manière alarmante. Pour compenser les déséquilibres causés par la production de pain, le boulanger étend ses activités aux domaines de la pâtisserie et des croissants.

L’Algérien peut manquer de tout, mais pas de pain, on ne peut que regretter cet état de fait. Parce que le métier de boulanger est sa raison de vivre. Certes ce métier auparavant s’héritait, et se transmettait de génération en génération, mais à notre époque ce n’est plus le cas, les jeunes cherchent l’argent facile.

S’il possède un magasin, au lieu de l’ouvrir et travailler en tant que boulanger, vaut mieux travailler dans le commerce qui apporte beaucoup et plus rapidement. Sur un autre sillage, il faut noter que ces subventions ne sont pas la solution.

En effet, ces dernières ne font qu’enrichir les riches. Au lieu d’apporter ces subventions au produit, pourquoi ne pas vendre le pain à son prix réel et améliorer le pouvoir d’achat des Algériens ?

Il faut s’orienter notamment vers les boulangeries industrielles. Ces dernières permettront de créer des postes d’emploi et de produire plus de pain. Comme de coutume, les fêtes religieuses riment avec les longues queues qui se forment devant les boulangeries pour acheter du pain, dont les stocks s’épuisent en fin de journée, et cela sept jours sur sept, y compris les fins de semaine et les jours fériés. Mais ce devoir n’est plus respecté ces dernières années.

Dur, le métier de boulanger demande à être présent chaque jour à deux heures du matin devant le pétrin et à quatre heures devant les fours. Les investissements qui peuvent lui être accordés sont pour la modernisation des équipements, mais ce ne sont que des crédits remboursables, aux taux bancaires du marché, sans aucune bonification.

Cependant il reste un métier noble, même s’il n’apporte pas beaucoup, mais rien que de sentir l’odeur de son pain de qualité, le boulanger ne peut que se réjouir. Et ainsi, on pourra mettre un terme à cette problématique du prix du pain, et de son indisponibilité qui perdure depuis des lustres.

Lila S.