Bouira,Canicule, poussière et routine

Bouira,Canicule, poussière et routine

A Bouira, connue pour son temps sec, une vraie cure pour les asthmatiques, l’air est désormais humide en raison des évaporations

Les jours comme les nuits passent, se suivent et se ressemblent. La canicule ne facilite pas le quotidien des Bouiris.

En plus des prix, de la mauvaise humeur des marchands, il y a cette chaleur mêlée à un fort taux d’humidité. Depuis la mise en service des barrages de Tilesdit, de Koudiet Asserdoun, le climat à Bouira a changé. Connu jadis pour son temps sec, une vraie cure pour les asthmatiques, l’air est désormais humide en raison des évaporations.

La respiration est lourde aussi en raison des poussières que soulève la moindre brise ou petite rafale de vent.

Les chantiers autour et au milieu des agglomérations sont à l’origine de ces poussières qui causent de vrais désagréments aux gens. En ajoutant les odeurs nauséabondes des amas d’ordures qui jonchent les trottoirs pendant des heures et quelquefois des jours, comme c’est le cas là où sont installées des bennes. Pour fuir cette ambiance, les familles recourent alors aux sorties nocturnes. Si pour la température et la douceur du climat la sortie demeure une bonne solution, cependant les familles sont confrontées à d’autres tracas.

Les plus téméraires d’entre-elles qui continuent à sortir, se dirigent vers le boulevard de la wilaya.

Les crémeries, rôtisseries, récemment mises en service, ne désemplissent pas. A ce sujet il est utile de préciser qu’aucune commission de contrôle d’hygiène n’a daigné visiter les lieux pour voir dans quelles conditions est vendue la viande. Des jeunes se sont accrochés à l’opportunité pour aménager des tables et vendre des friandises, du thé et bien sûr des cigarettes. Aucun mal à cela sauf peut-être le nombre de jeunes qui rallient ces lieux juste après le ftour. Des jeunes qui souvent viennent des villages et hameaux environnants occupent les espaces et s’adonnent à une activité datant des siècles passés. Ils s’empressent de s’attabler, de commander une boisson, la moins chère possible, «agressent» les jeunes filles et les dames du regard. Ils abusent d’un langage de bas niveau pour essayer d’attirer les regards. La suite, tout le monde la connaît. Plusieurs fois ils sont rappelés à l’ordre par des bandes des quartiers avoisinants les crémeries. D’autres venant à bord de motos ou par bus loués, occupent les bordures des grandes artères et embêtent les familles. La présence policière est certes dissuasive mais reste insuffisante puisque le nombre de familles qui empruntent cet axe diminue chaque nuit. Le square qui est de l’autre côté du siège de la wilaya connaît aussi le même engouement. Les jeunes dictent leur loi en occupant les sièges laissant des mères de famille debout… «La solution n’est pas dans la répression et le nombre de policiers mais il fallait prévoir des programmes à cette catégorie sociale qui a besoin de s’éclater», nous dira un citoyen. Concernant justement ces directions, il est utile de préciser que ni la direction de la culture ni celle de la jeunesse n’ont daigné investir le terrain. La première s’est limitée à un programme artistique chargé mais qui, comme l’année passée, n’arrive pas à se concrétiser.

La direction de la culture actuelle et au risque de le répéter, n’est pas à la hauteur des espoirs de toute une population. Au sixième jour, les structures de ce département restent étrangement fermées tout comme celles de la direction des établissements de la jeunesse à travers la wilaya.

Comme nous l’avions rapporté dans une précédente édition, la culture à Bouira est un enjeu dicté par la multitude ethnique qui domine dans cette wilaya. Certains ont toujours voulu laisser Bouira dépendante de la wilaya mère qui croit avoir l’exclusivité sur l’identité culturelle. Ceux sont ces manipulateurs qui sont derrière le limogeage de l’ancien directeur qui les a défiés sur leur terrain: Tikjda, le Djurdjura. Pour meubler le temps, il y a les cafés. Bouira a la triste réputation de contenir peut-être le plus grand nombre de cafés en Algérie. «Entre un café et un café il y a un café», disait la blague.

Là aussi, les trottoirs sont simplement squattés obligeant les piétons à emprunter la chaussée avec les risques que chacun encourt. En espérant un jour voir les choses s’améliorer, les habitants de Bouira continuent de subir.