L’ex-souk el fellah situé au centre-ville est devenu avec le temps un lieu de débauche.
Aménagé une première fois, il devait recevoir les commerçants délogés du marché informel de la route de la gare plus à l’Ouest. Dès son arrivée à Bouira, le wali avait décidé d’éradiquer un lieu qui n’offrait aucune sécurité aux citoyens.
Le marché dont l’accès se faisait par la voie ferrée a été démoli et ses occupants transférés dans les locaux de cet ex-souk el fellah nouvellement aménagé à coups de millions de centimes. Tout le monde avait apprécié la décision mais quelques mois plus tard c’est le désenchantement.
Un seul vendeur, qui a mis toutes ses économies dans l’aménagement de son magasin est resté sur place. «J’ai déboursé plus de 60 millions de centimes pour le refaire». Devant l’insécurité, et l’abandon, tous les bénéficiaires sont allés ailleurs.
Comme la nature a horreur du vide, le lieu est vite devenu un coin pour les toxicomanes, les accrocs à l’alcool et aux autres substances enivrantes. Mohamed, lui, est resté sur place. Une entreprise arrive sur les lieux pour une réhabilitation. Après quelques casses, l’entreprise repart laissant derrière elle ce qui ressemble aux vestiges d’un bombardement. Le motif invoqué par l’entreprise, selon une source, serait une demande de réévaluation du marché. «Je ne gagne même pas le dixième de ce que je gagnais dans mon ancien local.
Il m’arrive des mois de ne pas gagner de quoi payer l’électricité», nous confiera le disquaire. Malgré plusieurs requêtes adressées à l’ancien maire, au chef de daïra et au wali, aucune suite n’a été donnée aux doléances du seul vendeur qui continue à occuper les lieux.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, l’accès vers son local a été fermé pour les besoins d’un immense chantier, le centre des impôts. En visitant les lieux, nous avons découvert des décombres, des portes-fenêtres et autres vitrines en menuiserie aluminium qui coûtent des millions de centimes. Les locaux, une dizaine, sont devenus des urinoirs. «L’insécurité est totale, les lieux sont impropres. Ces deux raisons ont fait fuir les clients.
La gent féminine, qui nous rendait visite pour commander des CD pour les fêtes, les mariages, n’ose plus mettre les pieds chez moi. Mon manque à gagner est immense. Je veux partir d’ici. Comme on m’a délogé la première fois, je demande aux responsables de trouver une solution à cette situation épineuse», nous a déclaré l’unique commerçant et gardien du «temple en ruines» de l’ex-souk el fellah du centre-ville comme aiment à l’appeler beaucoup.