Le nombre de clients était réduit comparativement à chaque fin de semaine. Malgré cet appel, les commerçants du marché couvert du chef-lieu et des autres marchés de proximité n’ont pas revu à la baisse les prix.
L’appel à une journée sans couffin lancé par l’Association nationale pour le droit des consommateurs n’a pas suscité l’engouement hier sur les marchés de Bouira. Le nombre de clients était réduit comparativement à chaque fin de semaine Malgré cet appel, les commerçants du marché couvert du chef-lieu et des autres marchés de proximité n’ont pas revu à la baisse les prix. La grande majorité ont préféré faire leurs provisions la veille. Tôt hier matin, et comme à chaque vendredi, les citoyens ont fait leurs emplettes au marché couvert du chef-lieu malgré les prix qui restent élevés. S’agissant de cette hausse qui touche la majorité des produits hautement consommables, la pomme de terre qui demeure une référence et un baromètre indiciaire en matière de cherté, était cédée entre 65 et 75 DA le kilo. La wilaya de Bouira qui demeure une wilaya productrice du fécule des pauvres, 5e au niveau national, connait des fluctuations diverses. Les justifications données récemment dans les colonnes d’un quotidien national par le président de l’association des producteurs, ne justifient point les hauts et les bas du prix. L’arrivée sur le marché de la production d’arrière-saison n’influe pas sur le coût sur les étals. Les producteurs de Mostaganem et des wilayas de l’ouest du pays, par contre baissent le prix dès son arrivée. La raison pour les plus initiés est toute simple.
A l’ouest du pays, la production n’est pas frigorifiée. Le marché est vite inondé d’où la baisse du prix. Dans la wilaya de Bouira et ce n’est un secret pour personne, les chambres froides sont utilisées pour stocker la marchandise qui est livrée au compte-gouttes. Les producteurs de Bouira sont souvent à l’origine de la pénurie et du jeu de yoyo sur les prix. «L’appel à une journée sans couffin n’est pas la solution au phénomène. L’Etat qui a consenti des aides financières faramineuses au secteur de l’agriculture, doit intervenir directement. Les producteurs exploitent des périmètres irrigués, puisent les eaux depuis les barrages, bénéficient de réduction sur la semence, échappent à la fiscalité… au bout de la chaîne, il n’y a aucun impact sur le coût à la vente. L’Etat laisse faire» considère un citoyen rencontré au marché couvert hebdomadaire du chef-lieu de wilaya. En guise de solution à ce constat logique, notre interlocuteur pense qu’il est temps de revenir aux anciennes Cofel, à un contrôle plus effectif du marché par l’Etat. «Les producteurs affirment céder le produit entre 33-35 DA. C’est une contrevérité. Ces mêmes producteurs ont des réseaux avec lesquels ils partagent le «butin». Ils ont mainmise sur le circuit et dictent les prix tout en exigeant les aides de l’Etat» ajoute notre interlocuteur. «La liberté des prix n’explique pas tout. Les brigades des directions du commerce doivent être réactivées pour tenter d’éradiquer l’anarchie qui domine sur les marchés. «La vente et l’achat sont régis par des lois, à l’Etat de les appliquer» suggère ce citoyen. «Il faut cesser avec cette politique des yeux doux. En effaçant les dettes aux «faux» agriculteurs, les pouvoirs publics ont ouvert une brèche. Décidée pour dynamiser la production dans le cadre d’une politique pour une indépendance alimentaire, cette décision et beaucoup d’autres ont été une aubaine aux spéculateurs qui se sont enrichis sur le dos du contribuable. La dépendance est là puisque récemment l’Algérie aurait importé de l’oignon! «Toutes les filières qui ont bénéficié des mesures du président de la République en matière d’annulation des dettes sont à la traîne. C’est la preuve que ce geste n’aura finalement servi que les concernés. Il est temps de revenir en arrière et de considérer ces producteurs agricoles comme des commerçants soumis aux mêmes obligations fiscales, parafiscales imposées aux autres corporations» suggère notre interlocuteur. La grève du couffin restera inutile surtout que toutes les actions organisées par le passé n’ont eu aucun impact sur les prix et les habitudes des citoyens. Le vendredi, jour de marché à Bouira, les gens ont acheté. L’appel à une journée sans couffin ressemble pour beaucoup à un coup d’épée dans l’eau. «Les spéculateurs ont les moyens de garder la marchandise pour les autres jours. Le citoyen lui ne peut pas laisser ses enfants crever de faim» conclura notre interlocuteur.