Bouira, Sit-in devant le siège de la wilaya

Bouira, Sit-in devant le siège de la wilaya

Les habitants du petit hameau d’El Lahguia, situé à une dizaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, ont occupé le parking jouxtant le siège de la wilaya pour demander à rencontrer le premier responsable. Ecoeurés par des années d’attente, les manifestants ont battu le pavé et ont rejoint le chef-lieu dans des fourgons pour clamer leur inquiétude devant une situation, qui selon eux, date des années de l’indépendance.

La route, l’emploi, les infrastructures de service, la cantine pour leurs enfants, le gaz… sont autant de doléances exprimées par une quarantaine de manifestants. Devant l’absence d’un interlocuteur, le wali était en sortie selon une source proche de l’administration, les manifestants ont quitté l’esplanade après plus d’une heure d’attente. Le rassemblement d’hier est le énième qu’organisent chaque fois les habitants de ces hameaux enclavés où la vie ressemble plus à un éternel combat contre la pauvreté, le chômage, l’isolement, qu’à une vie décente dans un pays indépendant depuis 50 ans. Le village est situé en marge des grandes liaisons routières qu’empruntent les responsables. Depuis l’indépendance et hormis l’électricité et l’eau nous sommes restés en marge du développement. Les habitants éprouvent d’énormes difficultés quand il faut évacuer un malade. Hiver comme été ils sont les proies faciles des aléas de la nature. «Nous voulons une route digne de nom et non une piste qui reste impraticable aux moindres pluies», nous affirmera un manifestant. Les divers programmes agricoles mis en place par les pouvoirs publics ne profitent pas à cette région agricole où des milliers d’opportunités existent. «Face à l’oisiveté, nos jeunes partent pour la ville où ils n’ont rien à faire», nous a déclaré un sexagénaire participant à la manifestation.

Signalons, par ailleurs, que l’action menée par les habitants de ce village succède à celle menée déjà par d’autres régions des quatre coins de la wilaya. Ath Bouali daïra de M’chedallah, Bouiche, daïra de Bechloul, Beni Yekhlef au nord, Dechmia au sud… sont autant de régions qui dans un passé proche ont recouru à des actions pour exprimer un ras-le-bol général de populations qui vivent au rythme de promesses non tenues. Rien que pour l’eau potable, ils sont une dizaine de communes qui, depuis l’été dernier, attendent cette alimentation prévue depuis les barrages de la wilaya et qui s’éternise à devenir réalité. Cette situation continue à envenimer la vie des citoyens.

Ainsi, ni les projets de gaz de ville, ni l’AEP, ni l’assainissement et beaucoup d’autres projets sont en suspens. Sur le plan du développement, les commodités de la vie, l’aménagement et autres exigences, la réalité du terrain témoigne d’un état de dégradation avancée. «Le dénouement n’est pas du ressort de l’administration mais reste entre les mains des élus qui doivent se consacrer à la mission pour laquelle ils ont été choisie»… Le nouveau wali qui a rencontré en début de semaine dernière la presse a demandé un moment pour s’imprégner des réalités de la wilaya. C’est cette volonté qui l’aurait amené à effectuer quotidiennement des sorties à travers le territoire de la wilaya et c’est pour cette raison que la presse est tenue à l’écart dans ces sorties.