Bouira: On se prépare comme on peut

Bouira: On se prépare comme on peut

Al’approche du mois sacré de Ramadhan, Bouira obéit à des préparatifs divers. Ainsi, chaque famille engage des travaux au niveau des lieux d’habitation. La cuisine qui reste le point de fixation est repeinte ou lavée. Dans la tradition ceci symbolise la joie de recevoir ce mois sacré où l’essentiel des occupations domestiques pour la femme s’y passe. Les gens s’associent aussi pour organiser des rites ancestraux. «Thimachrat» consiste à acquérir des bovins, à les égorger et à répartir équitablement la viande. En cette période de disette, cette opération permet à beaucoup de familles de manger un peu de viande. Les femmes se ruent sur des produits spécifiques à la période comme le raisin sec, les pruneaux et les abricots asséchés ainsi que sur les épices.

Craignant une éventuelle hausse des prix, bon nombre mettent au congélateur les petits pois et les artichauts. Sur le plan collectif et comme chaque année en pareille période, les communes en étroite collaboration avec les DAS ont lancé les opérations de distribution du couffin du Ramadhan. La dotation en denrées alimentaires de première nécessité, même si elle ne fait pas l’unanimité reste un geste en direction des plus démunis. Concernant toujours les aides, chaque commune a prévu des restaurants «Errahma» où seront préparés et distribués des repas gratuits aux SDF, et passagers hôtes de la ville. A la différence des années passées, la directrice de l’action sociale lors de la présentation du dossier devant les élus de l’APW a insisté sur la nécessité de préserver la dignité des bénéficiaires avant de présenter les chiffres et les coûts de cette opération commune entre ses services, les communes, mais aussi des donateurs. Ainsi, la wilaya a recensé 33856 familles nécessiteuses.

150 millions de DA ont été débloqués pour répondre aux besoins de doter ces familles d’un couffin comprenant 25 kg de semoule, 5 litres d’huile de table, 1 kg de café, 1 kg de sucre, 1 kg de concentré de tomate, 1 kg de pois chiches, et 1 kg de lait en poudre. Concernant les restaurants d’«El Iftar», appellation retenue en lieu et place de restaurant «Errahma», la wilaya envisage d’ouvrir pour la circonstance 27 lieux où seront distribués des repas chauds.

Les organisateurs ont aussi convenu d’offrir en moyenne 3000 repas à emporter quand le même chiffre sera distribué sur place. Précisons que les donateurs privés désireux d’ouvrir des points d’alimentation sont soumis à une réglementation rigoureuse qui commence par la mise en conformité du lieu, le respect strict des mesures d’hygiène. Une commission de vérification des dates de consommation est mise en place par la DAS pour éviter les erreurs du passé. «La responsabilité des fournisseurs est engagée, surtout que par le passé, des bénéficiaires avaient parlé de produits périmés et impropres à la consommation. Nous avons aussi appris qu’actuellement une pénurie de semoule et de sucre rend la tâche difficile.

La DAS se déploie pour pallier ce manque dû surtout à la forte demande sur ces deux produits très prisés par les pâtissiers pour la préparation du «kalb ellouz» et de la «zlabia». Dans la même optique, les services de la sûreté de wilaya prévoient aussi d’offrir des repas à l’heure du f’tour au niveau de la gare routière du chef-lieu de la wilaya. Cette action a déjà été lancée l’année dernière et a connu une grande réussite. La direction de l’action sociale prévoit aussi une opération de circoncision pour plus de 1000 enfants en plus d’une opération d’offre d’habits aux enfants à l’occasion de l’Aïd el fitr.

Une enveloppe de 5 millions de DA est prévue en direction des familles pauvres sous la forme d’une prime de 4000 DA. Les pouvoirs publics ont aussi retenu plusieurs programmes d’activité à l’occasion de ce mois sacré. Des soirées artistiques, sportives et religieuses sont programmées en étroite collaboration avec la direction de l’action sociale, la direction de la culture, celle des affaires religieuses et de la jeunesse et des sports. Du côté des commerçants aussi, les préparatifs battent leur plein.

Le mois sacré, celui de la revivification des valeurs communes aux Algériens, est désormais celui de a consommation. Les marchands en fruits et légumes ont déjà revu à la hausse les prix. Les légumes les plus demandés comme la courge, les carottes, les haricots verts ont vite vu leur coût se multiplier. Le mois de Ramadhan c’est aussi la prolifération des commerces informels. Les campagnes menées par les pouvoirs publics pour éradiquer la vente sur les espaces publics va connaître un frein et les espaces combien nécessaires et utiles à la population se transformeront en marché dès le premier jour. Malheureusement, certains mettront en péril la vie des citoyens, notamment ceux qui vendent le pain et les produits périssables sans aucune mesure préventive.