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Dès l’annonce du dépôt de la candidature du président sortant pour un cinquième mandat, la rue bouirie a vibré pendant une bonne partie de la nuit du dimanche à lundi.
Des centaines de jeunes ont initié une marche depuis la place des Martyrs, au centre-ville jusqu’au siège de la wilaya scandant des slogans hostiles à cette candidature. La procession durera jusqu’à minuit dans un calme et une discipline totale. Le dispositif policier n’est pas intervenu, surtout que bon nombre de manifestants à bord de véhicules ont envahi l’espace dans un bruit assourdissant des klaxons. Hier matin, les étudiants de l’université Akli Mohand Oulhadj ont occupé les principales artères de la ville entre le nouveau pôle universitaire jusqu’à l’esplanade «la Concorde civile» en face de la Maison de la culture.
Là aussi, aucun incident n’a été signalé. En marge, les commentaires autour des candidats ont varié d’une personne à une autre. Le buzz reste cette énième histoire à dormir debout du candidat Nekkaz. Personne n’a donné une explication à ce feuilleton qui se répète à chaque échéance avec ce candidat venu d’outre-mer. Même la lettre adressée par le candidat-président ne semble pas calmer les ardeurs des jeunes qui s’opposent à la volonté de Bouteflika de continuer son oeuvre et ses réformes.
Cet appel qui contient une partie des revendications soulevées çà et là, avec notamment une conférence nationale, un remaniement dans les rangs du gouvernement, l’organisation d’une élection présidentielle anticipée avec l’engagement de ne pas se présenter, la rue semble persister dans une volonté d’imposer son avis et sa principale revendication d’un niet à un cinquième mandat. Certains restent optimistes et croient à un dénouement de la crise politique. D’autres, plus déterminés, craignent un retour à la case départ de cette année 1991.
«Seule l’armée peut dénouer cet imbroglio politique algérien» pense un avocat manifestant et participant à la marche du dimanche à travers les rues de Bouira. La corporation qui a brandi le slogan «non à la violation de la Constitution» maintient sa position et semble décidée à occuper la rue. Beaucoup voient dans ces manifestations corporatistes une nuisance à l’unité du peuple.
«Tout le monde doit marcher ensemble. Les étudiants, les avocats, les enseignants, les syndicats… peuvent marquer leurs présences respectives par des banderoles au sein des marches populaires en affichant des pancartes par exemple» pense un médecin. Hier, la tension était encore extrême à travers toutes les villes de la wilaya de Bouira. Les plus sages souhaitent et espèrent que le bras de fer se dénoue dans le calme et la sérénité.