Bouira : Le Ramadhan sera chaud…

Bouira : Le Ramadhan sera chaud…
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L’insécurité engendrée par le terrorisme a poussé beaucoup de vrais paysans à abandonner leurs terres ou à les vendre à bas prix.

A deux semaines du mois de Ramadhan, les marchés de Bouira connaissent une hausse des prix. Ce fait devenu une habitude repose dans toute sa dimension, la gestion du commerce. Depuis la libération des prix, les citoyens sont devenus le dindon de la farce. A chaque occasion, hiver comme été, printemps comme automne, le client met la main à la poche.

La saignée est pour bon nombre de personnes questionnées «une conclusion logique et le résultat d’une politique commerciale irréfléchie, voire imposée par les changements subis par le monde». Le nouvel ordre économique dicté par les magnats de la finance reste un facteur essentiel dans le «bazardage» du marché qui ne se soumet plus à la loi fondamentale de l’offre et de la demande.

La dévalorisation du dinar algérien, l’inflation et le recours excessif à la liquidité même pour de grosses transactions participent à une situation où les prix «vaguent sur une roulette russe». A un niveau plus local, la responsabilité des pouvoirs publics est avérée. Avec la disparition des commissions de contrôle des prix, bien qu’elles doivent exister sur le papier peut-être, les commerçants se sont donné le droit de tarifier comme il leur semble. Les directions du commerce ont, avec le temps, vu leurs attributions réduites et leurs fonctionnaires, qui perçoivent tout de même des salaires, se cantonner dans des bureaux.

Les citoyens regrettent le bon temps où les prix étaient affichés sur des ardoises, le temps aussi où la sardine ne se vendait plus après 10 heures du matin, et que le boulanger vous remettait votre baguette dans du papier blanc… les exemples sont multiples. Cela en raison du fait que la wilaya de Bouira reste une des premières wilayas en matière de production des fruits et légumes.

Annuellement, les périmètres irrigués produisent jusqu’à 3 millions de tonnes de pomme de terre en saison et en arrière-saison. Pourquoi ce tubercule vaut en moyenne entre 45 et 60 dinars le kilo? La réponse est unanime. «C’est la faute à l’autre» répondent respectivement les détaillants, grossistes, intermédiaires et producteurs. Chaque partie accuse l’autre, mais en réalité, tout ce beau monde trouve son compte et seul le paisible citoyen subit.

L’Etat qui a consenti des efforts en annulant les dettes aux agriculteurs même si ce dossier n’a pas encore révélé tous ses secrets, qui a aussi «offert» l’eau des barrages gratuitement, qui subventionne les semences, les engrais, qui dote en matériel… n’a pas encore osé demander des comptes. Les Chambres de l’agriculture grouillent d’affairistes, de faux agriculteurs. Les directions de wilaya excellent dans le copinage. Des intermédiaires venus de divers horizons ont acquis des terres fertiles.

L’insécurité engendrée par le terrorisme a poussé beaucoup de vrais paysans à abandonner leurs terres ou à les vendre à bas prix. Ces facteurs accumulés ont mis au monde une nouvelle catégorie d’agriculteurs qui ressemble comme une copie conforme aux colons et aux caïds de l’Algérie coloniale.

Depuis plus de trois années, on parle du projet de doter plusieurs villes de marchés de gros. Ces marchés selon les experts, restent un moyen capable de réguler l’offre et la demande et de permettre une meilleure emprise sur les prix. En plus de s’étirer dans les délais de réalisation, ces marchés seront une nouvelle fois «envahis» par les pseudos commerçants qui feront la pluie et le beau temps. Le ministre du Commerce qui a exprimé une ferveur et une volonté sans égales lors de la campagne pour la présidentielle a du pain sur la planche. Son secteur patauge dans une anarchie totale.

Avant d’intégrer l’OMS, l’Algérie doit d’abords mettre de l’ordre dans «sa maison». Pour revenir sur la question des prix, nous rappelons que les viandes blanches qui étaient cédées à 190 DA le kilo, il y a trois mois, sont affichées à 270 DA et atteindront selon les connaisseurs les 350 DA d’ici le début du mois sacré. Tous les légumes et les fruits ont connu des hausses.

Les viandes rouges et malgré la promesse du département concerné de recourir aux importations à partir de l’Inde et du Brésil, ont pris l’ascenseur. La sardine, le met du pauvre, coûte désormais 600 DA le kilo. Le Ramadhan sera chaud pour les bourses.