Bouira: la vie reprend timidement

Bouira: la vie reprend timidement

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Il est pratiquement impossible de trouver un sachet de lait. Chaque partie rejette la responsabilité sur l’autre.

L’ambiance de l’Aïd et du jour d’après n’a pas dérogé à une règle établie. Même si le ministère du Commerce a crié victoire en annonçant un suivi massif de l’appel à l’ouverture des commerces le jour de la fête, la réalité était tout autre. Ils étaient quelques commerçants à avoir ouvert, notamment les boulangers. Beaucoup de citoyens nous ont appelés pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis des pharmacies qui, majoritairement n’ont pas respecté les consignes et les directives. Parce que l’après-Aïd est réservé à la visite des cimetières, bon nombre ont découvert des cimetières envahis par les herbes et les tombes étaient difficilement repérables.

L’unique fait qui attire l’attention demeure le nombre de mendiants qui se bousculent à l’entrée et qui font tout pour soutirer quelques sous aux nombreuses familles venues rendre visite à leurs morts. «Même les morts sont à labandon» commente un jeune. Cette situation doit faire réagir les pouvoirs publics et l’armada des associations qui gravitent autour des instances pour bénéficier des subventions. Un autre fait et pas des moindres, aura caractérisé le deuxième jour. Parce que le transport public n’a pas été réquisitionné le jour de l’Aïd, l’aubaine a été saisie par les fraudeurs qui ont revu leurs prix à la hausse. Même la grande gare routière du chef-lieu de wilaya avait fermé ses portes le jour de fête et aucune liaison intra wilaya ou extra-wilaya n’était assurée. Avant-hier, le pain et le lait se faisaient rares. Seuls les enfants sillonnaient les artères de la ville. L’occasion saisie habituellement pour rendre visite aux parents, a vu une prolifération inouïe de taxieurs clandestins qui n’ont pas omis de revoir à la hausse les prix de la course. Habituellement pour se déplacer du centre-ville à la cité des 140 Logements, située à l’extrémité nord de la ville, les fraudeurs exigeaient 150 DA. Hier, le prix de ce trajet était fixé à 250 DA. Les clandestins ont bien arrondi leur fin de mois en multipliant les coûts du déplacement par deux. Les seuls organismes à avoir scrupuleusement assuré le service sont les personnels des structures publiques de santé, les équipes techniques de la SDC, les services de la voierie qui ont passé cette fête loin de chez eux au service d’autrui. Hier encore, beaucoup de commerces avaient prolongé leur congé, notamment au marché quotidien des fruits et légumes qui est resté fermé. «Ils ont bien travaillé pendant le Ramadhan» commente un citoyen.

L’arrêt a touché aussi les fournisseurs et distributeurs de lait. Depuis deux jours, il est pratiquement impossible de trouver un sachet de lait. Chaque partie rejette la responsabilité sur l’autre. Dans ses tentatives de justification, un boulanger nous informera avoir rémunéré triplement un apprenti pour venir lui préparer le pain. L’ambiance d’une ville morte le jour de l’Aïd commence à se dissiper avec une reprise, certes timide hier, mais beaucoup plus plaisante aux citoyens sortis reprendre le travail. L’inertie qui aura caractérisé comme d’habitude Bouira a concerné la totalité des agglomérations de la wilaya. Ce deuxième jour aura connu aussi une présence policière importante.

Les hommes en bleu comme à l’accoutumée ont assuré la sécurité loin de leurs foyers pour beaucoup. Ils méritent un hommage. Les stations Naftal aussi sont restées ouvertes et ont assuré le service. La joie des enfants en ce jour de fête reste l’unique point positif d’une occasion qui chaque fois perd de son charme et de sa valeur spirituelle. Malgré cela, bonne fête aux Algériens et Algériennes!