Depuis hier, Bouira n’est plus qu’à une heure d’Alger et deux heures de Sétif.
L’ouverture hier par le ministre des Travaux publics du tronçon autoroutier qui relie Larbaâtach, (wilaya de Boumerdès) à Bouderbala (wilaya de Bouira) met fin à une longue attente pour des milliers d’usagers qui rallient Alger depuis 13 wilayas de l’Est et vice versa. A Bouira, durant la toute dernière décennie, plusieurs projets de grande utilité pour le développement, ont vu le jour, fruit d’une nouvelle politique visant à mettre à la disposition de différentes wilayas les moyens pour relancer l’activité économique. Que ce soit dans le domaine de l’hydraulique ou celui des travaux publics, Bouira a connu une nette évolution. Citons dans ce cas, le mégaprojet autoroutier qui sillonnera l’Algérie d’est en ouest. Or, Bouira, à l’instar d’autres wilayas, est traversée par cette voie sur 110 km. Si le ministre du secteur avait effectué plus d’une dizaine de sorties depuis son intronisation à la tête du département, c’est parce que ce projet est important. Lors de sa sortie en septembre 2010, la dernière, avant celle d’hier, le ministre avait fixé 8 priorités, en l’occurrence: l’ouverture de la déviation au niveau de l’échangeur de Lakhdaria, et ce pour permettre au groupe Citic-Crcc d’entamer les travaux de jonction de l’ancien axe avec la nouvelle autoroute; l’acquisition des équipements pour les tunnels; la fin des travaux de génie civil et de profilage; l’installation des équipements d’éclairage, de signalisation et de sécurité; l’alimentation en énergie; la réalisation des locaux pour la sécurité; la relance des travaux sur les 300 mètres manquants du côté de Boumerdés; la couverture des sections terminées en enrobé. Même si ce jour-là, le mois de décembre 2010 avait été annoncé comme date butoir, plusieurs éléments imprévus sont venus en différer l’ouverture. La wilaya a bénéficié de l’axe autoroutier Est-Ouest qui traverse le territoire de la wilaya à partir de Lakhdaria jusqu’aux limites de la commune d’Ahnif vers l’est. Plusieurs ouvrages d’art sont inclus dans ce tronçon de 110 km. A l’image du grand viaduc de Oued Rekham érigé dans la commune de Aïn Turk, à l’ouest de Bouira. Ainsi que le double tunnel de Aïn Cheriki dans la commune de Djebbahia. S’ajoute, depuis hier, à ces importantes réalisations, le tunnel de Bouderbala: deux tubes de 1749 mètres linéaires (tube Bouira- Boumerdès) et 1714 mètres (tube Boumerdés – Bouira) Ces deux tubes sont la deuxième plus grande réalisation nationale après celle de Skikda. L’axe sur toute sa longueur comporte plusieurs ouvrages d’art, notamment les échangeurs qui assurent les entrées et les sorties au niveau des agglomérations de Bouira, Lakhdaria, Djebbahia… Pour la liaison avec Béjaïa, un immense échangeur réalisé à Ahnif, assurera la liaison avec l’autoroute en réalisation entre M’chedallah et Béjaïa. Parmi les empêchements, les problèmes d’ordre géologique qui ont retardé la livraison du tronçon, nous citerons un glissement de terrain au PK 144-880 qui a obligé les concepteurs à recourir à un réglage par talus, aux coffrages Decoff et au système de pieux pour consolider la terre. S’agissant toujours des imprévus, la société nationale Cosider a été amenée à refaire toute la partie comprise entre Aïn Turk et la sortie Est de la ville de Bouira suite à une dégradation de la chaussée, dégradation due à la fragilité du sol. Concernant la partie du tronçon allant de Lakhdaria jusqu’au tunnel de Aïn Cheriki, le ministre avait ordonné le revêtement de la partie entre Djebbahia et Lakhdaria. Notons que l’état de la chaussée s’est dégradé sensiblement. Le groupe italien Todini, en charge de la partie entre Bouira et Ahnif, a accusé un retard estimé à une année alors qu’il devait se consacrer aux 300 mètres des 5 km qui relient Bechloul et Adjiba au niveau de la Crête rouge. Il a fallu une pression immense du wali, qui se rendait quotidiennement sur les lieux, pour voir les travaux s’accélérer et le retard sensiblement résorbé. Les bienfaits de ce megaprojet structurant ne sont un secret pour personne. En plus de la réduction des accidents, du rapprochement de Bouira de toutes les grandes villes qui l’entourent, la réduction des longs et pénibles embouteillages… cet axe routier aura été un moyen de désenclaver des zones entières de la wilaya. Comme chaque chose utile a ses failles, il faut quand même rappeler que l’autoroute a scindé au niveau du plateau d’El Esnam des terres agricoles. L’inexistence de passerelles oblige les cultivateurs à faire des kilomètres pour rejoindre leurs lieux de travail. L’exploitation rationnelle et effective de ce projet reste tributaire de la réalisation des relais. Pour information, Bouira est bénéficiaire de deux centres au niveau de Djebbahia pour la voie Est vers l’ouest et Bechloul pour l’axe Ouest vers l’est. Ces deux projets sont au stade de l’étude et n’ont pas encore démarré. L’entretien et la mise à niveau en pâtissent. Seuls le péage et l’installation d’entreprises spécialisées sont en mesure de pallier ce manque. Depuis sa mise en service, le tronçon entre le tunnel Aïn Cheriki et l’échangeur vers Draâ El Mizan reste un point noir. La destruction des glissières en béton par les camions qui dérapent prouve que dans cette partie il serait peut-être utile de revoir ces bandes de sécurité.
La récente offre allemande qui propose des glissières en acier en mesure d’atténuer les chocs, est peut-être une solution au problème des accidents fréquents dans cette zone. L’autre facteur, qui donnera à ce projet structurant toute sa valeur, reste celui des deux rocades Sud en projet et qui permettront aux wilayas du Sud de se rapprocher des villes du Nord. Même si cette autoroute a sensiblement isolé des villes comme Lakhdaria, Aomar, Kadiria, Bechloul, El Esnam… des agglomérations traversées jadis par l’unique liaison entre Alger et l’est du pays: la RN.5. Depuis hier, Bouira n’est plus qu’à une heure d’Alger et deux heures de Sétif… Voilà deux critères qui devraient attirer les investisseurs, avantager l’essor d’une wilaya qui reste géographiquement très bien située.