BOUIRA Difficile de partir en retraite

BOUIRA Difficile de partir en retraite

Le départ à la retraite est un droit et une récompense après des décennies de sacrifices et d’efforts. C’est là le sens d’une fin de carrière dans les pays où le retraité est considéré à sa juste valeur.

Chez nous, ce départ s’apparente à un énième sacrifice qui ressemble à un parcours du combattant. La rumeur aidant, ils sont des centaines, pour ne pas dire des milliers, à avoir formulé la demande de mettre un terme à leur carrière, surtout dans le secteur de l’éducation.

Depuis que la vox populi parle de l’éventuelle suppression du départ anticipé, du possible calcul de la retraite sur la base des 10 dernières années au lieu des 60 derniers mois, de nombreux enseignants et enseignantes ont déposé cette demande d’intention de partir. Rien d’anormal à ça sauf que le contenu du dossier à fournir, pose un réel problème pour bon nombre.

En plus des documents administratifs inhérents à la carrière comme les arrêtés de nomination, les échelons, les états de service, il est demandé au futur retraité de fournir l’état des paiements, mensualités et primes des cinq dernières années d’exercice. C’est le futur retraité qui se trouve obligé de faire la navette entre les différents établissements de tutelle sur le plan financier. Ainsi, des économes orientent les postulants vers le centre payeur alors qu’il s’agit d’une mission qui reste la leur.

La majorité des concernés se plaint d’erreurs dans le calcul. Les directeurs, notamment dans le cycle primaire renvoient les enseignantes et enseignants vers les CEM tutelles sur le plan financier quand ils passent la journée à se rouler les pouces dans les bureaux. Au niveau de la direction de l’éducation aussi, les enseignants sont ballotés d’un bureau à un autre alors que la mise en place d’un guichet unique entre le service des retraites, le service des personnels et le service des indemnités peut éviter à ces personnes âgées, majoritairement malades des va-et-vient répétitifs.

Le summum de la bureaucratie est atteint quand on exige des postulants d’aller à l’Office national des examens et concours pour récupérer les états de paiement de toutes les fois où il était réquisitionné pour les examens nationaux, surveillances ou corrections.

La totalité des documents utiles au dossier de départ se trouvent dans le dossier administratif de l’employé au niveau de la direction de l’éducation. L’état des services retrace la totalité de la carrière du fonctionnaire. Quelle est l’utilité d’exiger de cet employé, au bout du rouleau autant de papiers qui nécessitent quelquefois des déplacements pénibles et qui nécessitent beaucoup de temps. De l’avis de tous, notre administration reste très en deçà de ses homologues des autres pays.

A titre indicatif, en France, il suffit d’envoyer une lettre, de préciser la période d’exercice et le nom de l’employeur pour recevoir vos états, le calcul de vos droits dans des délais record, quand chez nous chaque partie n’en fait qu’à sa tête.

La Caisse nationale des retraites applique «ses» lois. Plusieurs partants à la retraite sont confrontés au refus de cette caisse de comptabiliser le Service national au motif que le décret exécutif portant la durée et les modalités n’est pas publié. Un ex-syndicaliste parti en retraite s’est vu obligé de motiver sa demande par un cas similaire réglé par la chefferie du gouvernement dans la wilaya de Médéa.

Les peines et les souffrances poursuivent le retraité même après son départ. Un ancien professeur d’anglais à ce sujet: «Quand sous d’autres cieux on attribue au fonctionnaire mis en retraite jusqu’à 3 millions de dinars, notre secteur nous offre des miettes et nous donne l’impression d’être des mendiants. C’est là une manière bizarre de récompenser ceux qui auront sacrifié toute leur jeunesse au service de l’enseignement et de l’éducation. En plus de la nécessité d’augmenter cette prime nous exigeons à ce qu’elle soit attribué un mois après le départ», nous dira un ancien cadre de la direction de l’éducation.

L’ancien bureau des oeuvres sociales rejette la balle sur la commission nationale qui détermine le nombre de bénéficiaires, selon ses moyens financiers. A cela, les plaignants ripostent et se demandent pourquoi cette commission nationale octroie des prêts pour l’achat de véhicules, des prêts pour l’achat de logements mais aussi des voyages à l’étranger, aux Lieux saints pour des fonctionnaires actifs et écarte totalement les retraités de ses faveurs.

«Dès que le fonctionnaire de l’éducation part en retraite il est oublié et nié par ses semblables.» Beaucoup meurent dès la perception de la première mensualité. La ministre de l’Education qui s’est engagée à rendre à l’enseignant et à lécole la place qui leur échoit dans la société, ne doit pas oublier les retraités de son secteur.