Bouira: Des travailleurs mis au chômage forcé interpellent les autorités

Bouira: Des travailleurs mis au chômage forcé interpellent les autorités

C’est à un véritable dilemme que les pouvoirs publics de la wilaya de Bouira sont confrontés, concernant l’usine mixte algéro-chinoise la Dauphine d’Or, située à Bechloul et fermée depuis près de deux mois. D’un côté, la population, qui a réclamé la fermeture de ladite usine pour cause de pollution de l’oued induite par ses rejets toxiques, et qui a eu enfin gain de cause, et, de l’autre, les travailleurs qui ont été mis au chômage forcé et qui demandent, après deux mois, la réouverture de l’usine.

L’on se souvient, au début du mois de septembre, dans ces mêmes colonnes, nous rapportions la détresse des citoyens de la commune de Bechloul concernant la pollution et les rejets toxiques de l’usine algéro-chinoise spécialisée dans la fabrication des produits en PVC et en aluminium.

A l’époque, les citoyens de Bechloul, à 20 kilomètres au sud-est de Bouira, avaient organisé une marche depuis le chef-lieu de la commune jusqu’au siège de cette usine sis au niveau de la zone d’activité, afin d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les dangers des rejets toxiques de cette usine, ainsi que les émanations des gaz et la pollution de l’air d’une fonderie  installée et exploitée illégalement puisque, selon les responsables de l’environnement et même ceux du bureau d’hygiène communale, le cahier des charges mentionnait la fabrication du PVC et de l’aluminium à partir de matières premières et non du recyclage comme le font les responsables de cette usine.

Aussi, juste après cette marche, les pouvoirs publics ainsi que la Direction de l’environnement ont pris leurs responsabilités en demandant instamment aux responsables de cette usine, qui emploie près de 300 personnes, de procéder immédiatement à l’installation d’une station d’épuration pour ces rejets liquides ainsi que des filtres pour les rejets aériens.

De fait, les responsables de cette usine, qui ont été réceptifs, ont procédé à la fermeture de l’usine et au renvoi des quelque 300 travailleurs mis au chômage, le temps d’installer la station d’épuration.

Cependant, si cette démarche a grandement satisfait la population qui s’est sentie enfin écoutée et les pouvoirs publics à ses côtés, les centaines de travailleurs qui sont mis au chômage et qui sont sans aucun revenu depuis, ont manifesté, hier, devant le siège de la daïra pour alerter les mêmes autorités sur leur situation sociale des plus critiques. Des pères de famille se sont élevés, hier, contre leur licenciement, surtout que la réalisation de ladite station d’épuration tarde à se faire. Ils interpellent les pouvoirs publics, en premier lieu le wali, afin de faire pression sur les responsables de cette usine pour activer les procédures d’installation de la station d’épuration et le redémarrage de l’usine.

Cela étant, selon un responsable de l’usine qui intervenait sur les ondes de Radio Bouira, les bâtiments qui devront accueillir la station d’épuration sont fin prêts, de même que plusieurs autres installations nécessaires et l’usine devra être fonctionnelle juste après l’installation de quelques équipements qui se trouvent actuellement au niveau du port. Autant dire que le redémarrage de l’usine n’est qu’une question de semaines. Pour sa part, la directrice de l’environnement de la wilaya de Bouira, qui intervenait également sur la même radio, les responsables de l’usine ont reçu un certain nombre de réserves concernant les rejets liquides dangereux qui avaient occasionné beaucoup de dégâts au niveau de l’oued Zaïane que plusieurs agriculteurs qui habitent en aval de l’usine utilisent au quotidien, ainsi que l’existence d’un grand four utilisé pour la fonte de l’aluminium récupéré et recyclé alors que cette opération n’existe pas dans le cahier des charges. Une fois la station d’épuration installée et fonctionnelle et les réserves levées, l’usine reprendra normalement ses activités, mais pas avant.

Y. Y.