BOUIRA ,Cette bureaucratie qui gèle tous les projets

BOUIRA ,Cette bureaucratie qui gèle tous les projets

Un investisseur attend depuis une année la réponse à sa proposition.

Le récent regroupement organisé par l’Université Akli-Mohand Oulhadj autour du terme de «la bonne gouvernance et les conditions d’une bonne dépense de l’argent public» reste une occasion pour revenir sur un important thème en relation avec le sujet débattu par d’éminents professeurs et chercheurs universitaires.

Il s’agit de la relation de l’administration avec ses administrés. Dans le cadre de l’investissement par exemple, et entre les dires et la réalité, il existe un océan. Les exemples sont nombreux. Le cas d’école demeure celui d’une demande pour la réalisation d’un parking d’une capacité de plus de 100 véhicules, lequel projet offrira plus de 60 postes d’emploi. L’investisseur nous apprendra qu’il a fait une demande depuis une année mais cette dernière est restée sans réponse. Le terrain convoité pour la réalisation d’une aire de stationnement, sur plusieurs étages n’est que le nid d’un ancien oued traité en amont de la ville. Le projet, qui atténuera les peurs des propriétaires de véhicules, mettra un terme aux multiples vols enregistrés depuis quelque temps. L’élément, qui reste énigmatique, n’est autre que le non-retour du courrier. Dans la commune de Bechloul, un citoyen avait fait part de sa volonté d’ouvrir un dépôt de distribution de gaz butane. Il a attendu et est resté dans cette situation jusqu’au jour où le gaz naturel est arrivé pour savoir que sa demande n’était plus d’actualité. L’histoire de la raffinerie annoncée en grande pompe du temps de l’ex-wali Farsi est là pour étayer les critiques des citoyens. Après plus de deux années de tracas, elle est domiciliée à Tiaret quand les experts américains de l’époque faisaient les éloges du lieu choisi à Bouira. Au moment où l’Etat se mobilise pour mettre en place une bonne gouvernance qui se veut l’unique moyen de servir le citoyen et l’unique alternative pour assurer la bonne pérennité de l’Etat, des administrations publiques ne se donnent même pas la peine de répondre aux demandes diverses et variées, par l’affirmative ou par la négative. Cette habitude héritée des années de plomb et d’une administration fermée sur elle-même, reste un maillon faible dans cette volonté d’améliorer la relation administration-administrés. Le taux de chômage, qui va crescendo mais que beaucoup minimisent dans leurs chiffres, le taux de croissance qu’aucune source ne maîtrise et n’ose communiquer, le taux d’inflation que chaque administration «conjugue» à sa guise sont les indices référentiels dans toute étude et perspective vers une bonne gouvernance. Le silence de l’administration laisse grande ouverte la voie aux spéculations, aux accusations quelquefois injustifiées, aux recours à des procédures illégales comme la corruption. La contradiction entre les faits et les dires est là. Lors de son passage à Bouira le secrétaire d’état chargé des Statistiques a tenu à chaque point visité à voir le registre des doléances parceque toute forme de gouvernance reste tributaire de la relation entre l’administration et le citoyen. Sur ce plan en particulier, la notre a encore beaucoup de chemin à faire. Parce que le citoyen est mis dans le doute et finit par se présenter au guichet pour s’enquérir des suites à sa demande quand une simple réponse peut éclairer toutes les lanternes et éviter la suspicion, la crainte et fait taire les mauvaises langues. «Les écrits restent, les paroles s’en vont» c’est peut-être cet adage qui donne des craintes à l’administration au point de se cacher derrière le silence. Avant de fouiner dans les recommandations des experts et chercher à appliquer des théories souvent importées, il est temps que notre administration se mette au diapason de ses semblables à travers le monde. La réponse à une demande est un droit du citoyen, c’est une obligation pour l’administration surtout que dans plusieurs cas, le demandeur mobilise son temps, son argent au profit de la collectivité.

La crédibilité, l’avenir et la bonne gouvernance commencent par ce geste anodin mais combien important. Pour le vérifier, il suffit d’écrire une lettre au président de la République en France par exemple, pour comprendre que dans beaucoup de pays, la réponse est un geste civilisé, un acte citoyen. L’investisseur de Bouira attend depuis une année pour être fixé sur le sort de son projet.