Bouillonnement du champ politique, En attendant le déclic

Bouillonnement du champ politique, En attendant le déclic
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Une reconfiguration du champ politique est-elle en marche?

Le champ politique se recompose, les «vieux routiers» cédant leurs places aux jeunes générations. Un nouveau discours émerge.

Même si, par endroit, on essaie un tant soit peu de le nier, la société algérienne est aujourd’hui dans un semblant «d’impasse» qui est dû, essentiellement, à l’accumulation de frustrations et de rêves non encore réalisés. Il faut dire que ce n’est pas vraiment le fait d’hommes mais de l’Histoire, l’Algérie étant relativement un pays jeune. Trop ambitieux, les Algériens l’ont toujours été et c’est, apparemment, l’Histoire qui ne leur a pas toujours, pour ainsi dire, souri. En effet, tout au long de son histoire contemporaine, l’Algérie a connu deux ruptures majeures: la guerre de Libération nationale qui a mené à l’indépendance et l’ouverture multipartisane de 1989.



Les vides laissés par la première étaient censés être comblés par la deuxième. Ainsi, au début des années 1990, la société qui était jusque-là plus ou moins confinée dans un «socialisme spécifique» qui laissait peu de chance à la libre entreprise et dans une scène politique dominée par le parti unique, découvrait avec béatitude la pluralité.

L’engouement suscité par celle-ci aussi bien dans la sphère économique que politique ne manquera pas de drainer des foules et de faire émerger des leaders politiques et des chefs d’entreprise qui allaient très vite structurer le débat sur l’avenir du pays. Cette parenthèse démocratique a néanmoins vite été refermée suite au glissement sécuritaire qui s’était opéré et qui, débouchant subrepticement sur une guerre civile, allait emporter des centaines de milliers de morts. Le rêve de voir leurs aspirations prises en charge par une classe politique sincère, dynamique et courageuse, s’est soudain évaporé et les Algériens étaient de nouveau appelés à replonger dans l’expectative. Le retour de la paix grâce à la politique de réconciliation nationale initiée par Bouteflika et les quelques mesures prises par le gouvernement à l’endroit des jeunes ont donné bien des fruits mais la décantation tarde toujours à venir. Encore une fois, il faut dire que c’est un fait de l’Histoire.

LG Algérie

Cette situation va-t-elle durer pour autant? «Mettre du mouvement dans le statu quo», comme dirait Hocine Aït Ahmed, suffit-il pour réussir un rebond? Parler d’abord, parler ensuite et parler enfin va-t-il un jour finir par provoquer le déclic et re-mobiliser les Algériens autour d’idéaux politiques en leur permettant d’exprimer souverainement les courants qui traversent la société? Décidément, il est difficile d’imaginer une classe politique vieillotte, compte tenu de l’âge des animateurs des principaux partis qui la composent et du discours teinté tantôt d’angélisme, tantôt d’alarmisme, qu’ils tiennent à longueur d’année, agir efficacement sur une jeunesse instruite, ouverte sur le monde et dont les ambitions dépassent de loin leurs lubies politiciennes. La réouverture du champ politique en 2011 à la faveur des réformes initiées par Bouteflika a donné naissance à une pléthore de partis dont la majorité est créée par de jeunes élites, néophytes en politique pour les unes, et tentant de se recycler après avoir fait un passage dans les anciens partis, pour les autres. Cette multitude de partis est tombée à pic. Intervenu dans le sillage de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance algérienne, elle aurait pu constituer une opportunité de passer le flambeau. On y avait presque cru. Un nouveau discours porté désormais par des jeunes envahit la scène politique.

«Les vieux routiers» ont quitté un par un! «la table». Certains, à l’image de Saïd Sadi, Hocine Aït Ahmed, Bouguerra Soltani, ayant probablement «compris», cédèrent leurs places l’un derrière l’autre. D’autres, en poste depuis des années, prirent simplement leur retraite. D’autres encore sont tout simplement passés de l’autre côté du monde.

Les conditions sont-elles pour autant réunies pour une décantation, un déclic, une rupture, un redémarrage avec un nouveau personnel politique, une nouvelle culture, de nouvelles ambitions? Une reconfiguration du champ politique est-elle déjà en marche?

Le cas échant, serait-elle envisageable dans les mois qui viennent? D’apparence, rien n’est évident. Mais n’est-ce pas que l’Histoire mène souvent son oeuvre en silence?