Bouhadja fait face à la pression de la majorité et de la présidence

Bouhadja fait face à la  pression de la majorité et de la présidence

Le bras de fer continue, entre les partis de la majorité présidentielle et le président de l’Assemblée populaire nationale.

Plus d’une semaine après la demande, communément signée par les cinq groupes parlementaires du FLN, du RND, du MPA du TAJ et du groupe des indépendants à l’APN et où ils exigent clairement sa démission, Saïd Bouhadja ne veut toujours pas céder !

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Mieux, il tente même de contre-attaquer en accusant ses contestataires d’avoir agi, là, pour de bas «intérêts partisans». A travers plusieurs sorties médiatiques, Saïd Bouhadja tente obstinément de dissocier la contestation dont il fait l’objet de la part de l’ensemble des partis de la majorité présidentielle, de la présidence de la République, de Abdelaziz Bouteflika donc. Pourtant, lui-même affirmera, dans un entretien accordé jeudi à nos confrères d’El Watan, que «cette crise a démarré d’abord au sein du parti (le FLN, ndlr). Mais quand on analyse la situation et les événements de cette semaine, on ne comprend rien. Au départ, tous les partis engagés dans cette crise m’avaient exprimé leur soutien. Une heure après, il y a eu un revirement radical. Que s’est-il passé ? Je ne sais pas». La réponse à la question posée ici par Bouhadja coule de source : quelle autre force pouvait faire changer d’avis les autres partis de l’Alliance présidentielle pour les faire aligner sur celle du FLN, «en une heure», à part la présidence ? Dans cette même interview, le président de l’APN qui dément toute implication de la présidence dans cette affaire, affirme, pourtant lui-même encore : «Lorsque j’ai mis fin aux fonctions du secrétaire général, à la demande de la présidence, j’ai rédigé un rapport dans lequel j’ai tout expliqué en apportant tous les arguments qui justifient les actes de ma gestion. Je n’ai pas eu de réponse. Cela veut dire que ma décision n’a pas été rejetée. C’est alors que le ministre chargé des Relations avec le Parlement est venu me voir, m’informant qu’il était porteur d’un message de la présidence, me demandant de réintégrer le secrétaire général». Il ajoutera encore : «Mieux encore, j’ai été contacté par le secrétaire général du FLN qui, lui aussi, dit avoir entre ses mains une décision de la présidence d’annulation de la mise de fin de fonction du secrétaire général (… )». Un peu plus loin, Bouhadja évoquera un autre «contact» à partir d’El Mouradia. «Le seul contact (par le SG de la présidence, Habba El Okbi ndlr), c’est après la mise de fin de fonction du secrétaire général de l’assemblée. Il voulait s’enquérir en essayant de me faire revenir sur ma décision, mais je lui ai expliqué qu’un tel revirement pourrait porter atteinte à mon autorité disciplinaire. Il m’a demandé de lui faire un rapport détaillé. C’est ce que j’ai fait et, à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse». Comme nous le rapportions depuis le début de cette affaire, c’est la présidence de la République, Bouteflika en personne, qui avait demandé de réhabiliter le secrétaire général limogé par Bouhadja. Et c’est son refus d’accéder à cette demande qui provoquera la réaction extrême de Bouteflika et qui a pris la forme que l’on sait. L’implication directe du ministère des Affaires étrangères dans cette affaire, lundi dernier, était un autre message adressé, s’il en était besoin, à Bouhadja. N’empêche, ce dernier tente d’exploiter, au maximum, un vide juridique : aucune procédure n’est prévue, effectivement, pour destituer un président de l’Assemblée, en dehors de la démission. Volontaire ou sous la contrainte ? Il s’agit, in fine, d’un défi de l’autorité présidentielle même si Bouhadja tente de présenter les choses autrement. «Je poursuivrai ma mission jusqu’au bout», affirmera-t-il encore. Pour combien de temps pourrait-il, en fait, tenir face à la pression qui augmentera terriblement sur lui, à partir de ce début de semaine ?

K. A.