Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix, semble regretter amèrement son alliance avec le RND et le FLN pendant huit longues années. «Ce n’est pas un mariage ou un engagement à vie», a-t-il dit.
«Le FLN et le RND sont égoïstes. Ils voulaient faire du MSP et de ses cadres des coopérants techniques qu’ils ont fait participer à tous leurs projets», a-t-il déclaré lors de son passage à l’émission politique «Sans parti pris», sur Dzaïr web TV.
Selon lui, cette alliance a été tissée en 2004 au moment où «il y avait une crise américo-française aiguë sur la prise du pouvoir en Algérie. Les Etats-Unis voulaient un président et la France voulait un autre. Le jeu était fermé». Il a indiqué que «la France voulait préserver ses intérêts et faisant pression à travers le courant soutenant la fabrication d’un président pour notre pays».
Le président du MSP a affirmé que sa décision de rejoindre l’alliance présidentielle et de soutenir le président Bouteflika est intervenue lorsqu’il dirigeait le dossier des 10+1 avec comme objectif de «préserver la stabilité du pays». «Le MSP est allé dans cette alliance sachant qu’il est perdant d’avance», a-t-il avoué. «On pensait pouvoir récupérer cette perte avec le temps mais le refus de faire cette coopération politique a coupé court à nos espérances», a-t-il dit.
Il affirmé que sa formation «espérait trouver de nouvelles lois et de nouvelles libertés après avoir dépassé le règlement des brûlants dossiers de la tragédie nationale et l’état d’urgence». M. Soltani n’exclut pas une nouvelle alliance avec ces deux partis au cas où le courant islamiste n’aurait pas la majorité à la prochaine assemblée. «Nous avons appris de cette expérience.
Ce ne sera pas fait sans imposer nos conditions», a-t-il indiqué. Le président du MSP maintient sa menace de retrait des élections en cas de fraude. «Ethiquement parlant, on ne peut pas continuer de travailler dans une assemblée élue par la fraude», a-t-il dit, soulignant, cependant, que sa formation avait, par le passé, accepté de travailler dans des assemblées élues par la fraude pour des raisons exceptionnelles liées à la tragédie nationale et Etat d’urgence, qui limite les libertés et annule les lois.
«C’est une situation qui nous a été imposée», a-t-il argumenté. «Mais, aujourd’hui, on a dépassé tout cela.» Bouguerra Soltani avoue, cependant, que la montée de la mouvance islamiste dans les pays arabes a été l’un des facteurs ayant encouragé sa formation à quitter l’alliance présidentielle. Le président du MSP reste confiant quant à la réussite du courant islamiste lors des législatives de mai prochain. Il n’hésite pas à attaquer certaines parties du pouvoir qui éprouvent une peur pour le choix du peuple algérien.
«Je me demande pourquoi les parties qui continuent de gérer le pays par la bureaucratie, la culture ‘du système’, et qui se prennent pour les tuteurs du peuple algérien, ont-ils peur de ce peuple si vraiment ils lui font confiance ?», s’est-il interrogé. Pour lui, l’administration a pour mission de mettre en place les moyens pour réussir les élections et assurer la transparence du scrutin.
Dans ce contexte, il s’est étonné de la suppression de certains noms d’anciens militants du FIS dissous des listes électorales des législatives de mai 2012. «Quel est leur tort ?», s’est-il interrogé, en soulignant que son parti a mis des ex-Fis qui sont «des gens honnêtes, sans antécédents judiciaires» et que «des suspicions se forment déjà sur l’un d’entre eux».
Une alliance stratégique
Par ailleurs, le président du MSP a affirmé que l’alliance pour une Algérie verte est «stratégique» et vise à gouverner le pays entre 2012 et 2017. Il estime que cette alliance représente le courant islamiste en Algérie puisque, selon lui, il existe six partis politiques seulement qui ont la doctrine islamiste. «Les autres sont des musulmans sans idéologie.» Bouguerra tient à défendre les formations du courant islamiste «n’ayant jamais eu l’occasion d’appliquer leur programme».
Selon lui, les affaires de scandales ayant secoué les secteurs gérés par certains parmi ces ministres restent «des affaires de spéculation tant que la justice n’a pas rendu son verdict final». «Je suis prêt à me démarquer des responsables de ces scandales si des preuves me sont présentées», a-t-il affirmé, en soulignant que ces accusations sont prononcées à tort. «Nous avons été accusés à tort. Ça peut être pour une raison politique mais j’opte pour les raisons économique et financière», a-t-il dit.
N. B.