Les réformes politiques engagées en mois de mai par le Président de la République sont «politisées par certaines parties, et leur contenu généralisé.» C’est par ces termes que s’est exprimé hier Bouguerra Soltani, président du MSP, lors de l’ouverture officielle du 5e colloque de formation consacré aux cadres féminins du parti et placé sous le thème : «La femme algérienne dans le contexte du 57e anniversaire de la guerre de libération». Pourtant, regrette l’orateur, cette démarche « constitue la clé de voûte de la réussite permettant d’élargir le champ de libertés».
Mais qui politise ces réformes ? «Vous n’êtes pas sans ignorer les commanditaires… », répond M. Soltani, en marge de cette rencontre tenue au siège du MSP à Alger. Même les débats parlementaires, enchaîne-t-il, sont inadaptés au fond des réformes politiques. Evoquant les élections en Tunisie qui défraient ces jours-ci la chronique, le premier responsable du MSP souligne que « c’est la démocratie qui a triomphé, et la stabilité de ce pays voisin, comme celle de la Libye d’ailleurs, nous concerne de près». En guise d’arguments, il explique que les prouesses sont celles de la volonté du peuple. Grâce à cet acquis, dit-il, la démocratie est désormais ancrée comme une « culture pas comme une décision administrative ». La volonté du peuple tunisien, les libertés, l’identité et la citoyenneté, jadis des concepts bannis du langage courant, sont aujourd’hui garanties. « Fini les idéologies, place maintenant aux projets et au concret qui garantissent de meilleurs lendemains à notre voisin », poursuit l’orateur. Qu’en est-il des grands perdants ? Notre interlocuteur pense à deux catégories : l’élite qui n’est plus acceptée dans l’ensemble des pays arabes et les « résidus » de l’ancien système. Lui qui rentre de Tunisie accompagné des cadres de sa formation affirme avoir rencontré Rached Ghanouchi, leader du parti Ennahda qui a raflé 90 sièges sur les 217 dans l’Assemblée constituante, ainsi que les premiers responsables des trois autres partis les mieux classés. Il rassure qu’« une nouvelle ère de démocratie s’ouvre en Tunisie». Ce qui attire l’attention du conférencier est le taux de présentativité féminine au sein de la formation Ennahda qui est de 46%. En Algérie, M. Soltani estime qu’il est temps de dépasser le système des quotas qui n’est, selon lui, qu’une restriction de libertés sous une autre forme. « Rendez à la femme sa liberté entière », clame-t-il. Et d’ajouter que la femme doit être « actrice et non seulement accompagnatrice des réformes ». Sur le plan international, le président du MSP réitère sa position, qui est celle du gouvernement algérien, de demander à la France « de reconnaître ses crimes et d’indemniser les victimes afin d’écrire une nouvelle page dans les relations bilatérales avec l’Algérie ».
Fouad Irnatene