Le leader du MSP ne manquera pas de justifier que l’absence du public à son meeting est due au mauvais temps.
Dans un point de presse, animé hier au centre culturel Ibn Badis de Constantine, le président du MSP, Bouguerra Soltani, a soutenu que son parti ne partage pas la politique étrangère de son pays. Il faisait notamment référence au conflit survenu en Libye et la crise actuelle en Syrie. «Nous sommes contre la position adoptée par le régime concernant la Libye et la Syrie», a-t-il déclaré devant la presse, en citant également le cas de la Tunisie. Voilà donc un politique qui a siégé au gouvernement pendant plus de 15 ans et qui semble oublier que la politique étrangère est du ressort exclusif du chef de l’Etat. Plus encore, son parti est censé la défendre. M.Soltani n’ignore pas qu’il s’agit là d’un sacro-saint domaine qui revient au premier magistrat du pays. M.Soltani intervient-il alors dans les prérogatives du président de la République? Allant à l’encontre des principes fondamentaux du régime comme il a aimé le qualifier, le leader du MSP a donc choisi de se placer dans le camp adverse depuis qu’il a décidé de quitter l’Alliance présidentielle, il y a environ deux mois.
Il est quand même inquiétant qu’un parti politique fasse dans le mélange des genres. Comme dans toute démocratie, il est politiquement correct de titiller, de critiquer des dirigeants en charge des affaires de l’Etat. Mais, quand on va à l’encontre des positions officielles de l’Etat, fussent-elles mauvaises, cela devient un dérapage dangereux.
Que fera demain Soltani s’il était conduit à la tête de l’Etat? Remettra-t-il en question la politique étrangère du pays? Que fera-t-il de la cause palestinienne? Qu’en sera-t-il de la cause sahraouie? Soltani pense-t-il peut être s’adresser à une société qui ne développe aucune culture politique?
Lors du même meeting, il a d’ailleurs soutenu que «les islamistes remporteront à coup sûr les prochaines élections législatives». D’où lui vient cette certitude si ce n’est de la surenchère politique? Sachant que les Algériens sont lucides désormais, n’ignorant pas que l’usage de la religion pour arriver au pouvoir n’est qu’une ruse, même si Soltani refuse d’admettre que son parti compte instrumentaliser la religion pour assouvir ses ambitions politiques. Devant une assistance clairsemée, le chef du MSP en prononçant un discours platonique profitant de la Journée du martyr pour tenter de prouver son patriotisme, a appelé les citoyens à aller voter en masse pour un changement. En abordant la question des élections, il prévient sur leur importance, notamment quand il s’agit de la transparence du vote le jour «J». Il enchaînera sur le dossier des réformes qui souligne-t-il, «doivent être politiques, économiques et sociales», exigeant que ces réformes doivent s’inscrire dans un contexte profond et sérieux. Le leader du MSP ne manquera pas de justifier que l’absence du public à son meeting est due au mauvais temps, mais aussi au fait que c’est un jour férié. Bouguerra Soltani a également affiché son hostilité aux personnes qui s’expriment en langue française, jugeant ce constat de honteux. «Je suis étonné qu’après 50 ans d’indépendance, certains s’expriment toujours en français», a-t-il fait remarquer.
L’héritage de la langue française est pourtant un acquis pour l’Algérie, cependant Soltani ne l’entend pas de cette oreille. Pour Soltani, cette situation n’existait pas avant et «c’est depuis le départ du président Zeroual que les choses ont changé».
Enfin pour lui, l’Algérie, qui a connu des crises multiples depuis 1962, est à la croisée des chemins et que les électeurs sont appelés à aller en masse au vote pour sauver le pays?!