Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a estime qu’il n’est plus possible de faire face à la corruption dans notre pays vu que ce phénomène est parfaitement «structuré», «immunisé» et «mené par des réseaux mafieux».
«Plus personne ne craint d’être poursuivi par la justice pour corruption car les coupables sont bien protégés par des réseaux mafieux structurés et immunisés», a dit Bouguerra Soltani à l’ouverture des travaux de la commission de préparation du congrès du parti prévu les 1er, 2 et 3 mai prochain. Pour lui, la corruption, qui s’est généralisée et qui a pris des proportions alarmantes au point où «elle menace l’équilibre de l’Etat, s’est transformée de simples opérations de vol à des détournements en gros».
Pour lui, «le plus grave dans cette situation, c’est que la corruption est passée du stade de délit au crime, et que la loi algérienne ne peut sanctionner». Le président du MSP s’est interrogé sur «l’indifférence généralisée» et «l’état d’impunité» constatés dans la société algérienne qui a tendance «à normaliser» tous les événements quel que soit leur gravité. «Ceci est un véritable danger qui guette le pays», a-t-il indiqué.
Pour lui, «la justice a failli dans son rôle de traiter les affaires, dans la protection des citoyens vidant ainsi de son sens le slogan : la justice au-dessus de tout». «Sinon comment expliquer que le simple citoyen qui vole un costume est condamné à trois années de prison, alors que celui qui vole Sonatrach, je crains qu’il devienne président de la République», a-t-il poursuivi. Pour Soltani, le front politique a perdu toute crédibilité au sein de la société et cela s’est traduit par la fuite de tous les militants politiques vers le front social qui a réussi à «arracher des réponses à ses revendications après que la classe politique eut échoué dans cette mission».
«Cela fait partie du jeu du pouvoir de vouloir gonfler le social et minimiser le politique». Il a alerté contre «les tentatives d’isolement de la classe politique des conflits sociaux et la volonté de détourner ces derniers de la véritable cause qui est d’abord et avant tout politique». «En Algérie, les partis politique ne peuvent pas écouter les citoyens, ne peuvent pas aider les gens à se structurer pour revendiquer des droits, et ne peuvent pas organiser de protestation», a-t-il déclaré. «Cet isolement est une solution provisoire et conjoncturelle mais très dangereuse». Pour lui, «la politique de l’Etat est tordue, c’est pour cela qu’il ne faut pas espérer améliorer la situation sociale, économique ou autre».
A moins de 40 jours de la tenue du 5e congrès du MSP, Bouguerra Soltani a demandé aux cadres de son parti de préparer ce rendez-vous non pas comme un congrès du parti seulement mais comme un congrès où on débattra de l’avenir du pays. C’est ainsi qu’il a exhorté ses cadres et militants à «œuvrer et à réfléchir comme des associés dans les affaires de ce pays et non pas comme des salariés». «Nous sommes associés dans le projet de la révision de la Constitution, nous étions associés dans les élections même si elles étaient falsifiées, nous sommes associés dans la prise de décision et autres.
L’Algérie est notre pays aussi», a-t-il dit. Le président du MSP a affirmé que les préparatifs du congrès du MSP vont bon train et qu’il tiendra une réunion avec les journalistes et les experts pour discuter de leur vision sur le parti. Il a affirmé que les visions et les perspectives du parti seront soumises aux congressistes en vue de les discuter et de les adopter. Il sera question notamment du règlement intérieur du parti, de la politique générale et de la politique éducative.
Nouria Bourihane