«Mon rêve est de jouer en Arabie Saoudite et de faire toutes mes prières à La Mecque»
Contre toute attente, Hadj Bouguèche, pourtant auréolé du titre de champion d’Algérie avec le MC Alger, est allé l’été dernier jouer aux Emirats Arabes Unis, dans un club de deuxième division, Ras Al Kheima. Trois mois après, il fait le point sur sa situation. Entretien !
Quelles sont vos nouvelles ?
El hamdoullah, je suis très bien, surtout depuis que j’ai ramené ma petite famille ici pour vivre avec moi. En ce moment même (entretien réalisé jeudi soir, ndlr), je suis en train de dîner en famille. Je vous invite à partager notre dîner (rires).
Justement, que mangez-vous aux Emirats Arabes Unis ?
Depuis que mon épouse et ma petite fille m’ont rejoint ici, je ne souffre plus du problème de la bouffe. Nous préparons et mangeons des plats algériens que nous avions l’habitude de consommer en Algérie.
Comment se passe votre nouvelle expérience ?
Au début, j’avais éprouvé beaucoup de difficultés à m’adapter aux stades émiratis et au mode de vie. Les choses de sont améliorées au fil du temps. La direction de mon club et tous les joueurs font de leur mieux pour me faciliter la tâche et m’aider à m’intégrer.
El hamdoullah, je me suis habitué à la vie locale en dépit du fait que le climat chaud, avec un fort taux d’humidité. En général, je ne sors de la maison que pour les entraînements et les matches qui, en majorité, se déroulent en nocturne.
Avez-vous trouvé vos repères dans l’équipe de Ras Al Kheima ?
Comme vous le savez, le championnat de deuxième division ne débutera qu’au mois de décembre. Pour le moment, nous participons à la coupe dont le premier tour se joue sous forme d’un mini-championnat pour les 14 clubs participants répartis en deux poules de 7. Les deux premiers de chaque poule disputeront les demi-finales. A ce jour, nous avons joué six matches.
Notre dernière rencontre s’est soldée malheureusement par une lourde défaite face à Bab Al Fojeira ainsi que par mon expulsion pour avoir taclé un joueur adverse par derrière. Malgré cela, les responsables du club et les supporters n’ont pas été en colère après cette défaite, parce que la coupe ne les intéresse pas.
Notre objectif est d’accéder en première division et de participer honorablement à la Ligue des champions asiatique des vainqueurs de coupe, qui débutera en février, vu que notre club a remporté la Coupe des Emirats la saison passée. Je joue au poste d’avant de pointe et j’ai inscrit 5 buts jusqu’à présent.
Plusieurs mois après avoir signé à Ras Al Kheima, on ne comprend toujours pas en Algérie pourquoi vous avez quitté le championnat d’Algérie en étant champion en titre pour rejoindre un club émirati de deuxième division…
Certes, il y a un grand écart entre le niveau du championnat d’Algérie est celui de la deuxième division émiratie, mais j’en étais conscient. Je n’ai pas changé de club pour améliorer mon niveau. L’essentiel est que je me sens bien ici, car j’ai trouvé ce que je recherchais à travers cette expérience.
C’est quoi que vous recherchiez ?
Je sais que beaucoup de gens pensent que j’ai choisi les Emirats pour l’argent, mais je vous jure que je ne suis pas de ceux qui raisonnent ainsi. La quête de l’argent n’est pas mon principe dans la vie. Si j’ai changé d’air, c’était pour m’éloigner de l’environnement pourri du football algérien.
J’ai mûrement réfléchi et me suis dit : «Jusqu’à quand je continuerai à jouer sous les insultes et les vulgarités et insanités dont on nous abreuve à partir des gradins ? Jusqu’à quand je continuerai à m’entraîner aux horaires des prières et donner de l’importance aux questions de ce bas monde, plutôt qu’à la religion ?» Certes, le niveau du championnat ici est très limité, mais on joue au moins devant un public qui n’est pas chauvin.
Si on joue bien, on est applaudis. Si on joue mal, il quitte le stade en silence. Dites-vous bien que depuis que je suis ici, je n’ai jamais entendu un supporter prononcer une vulgarité, même pas après notre défaite par cinq buts d’écart !
Doit-on comprendre par là que l’aspect matériel n’a pas été déterminant dans votre choix ?
Je ne nie pas avoir aussi pensé à mon avenir et à l’après-football. La carrière d’un footballeur est éphémère et il se peut qu’il ne puisse pas se nourrir ou nourrir sa famille s’il n’assure pas son avenir lorsqu’il est au sommet. Que de joueurs ayant rendu d’inestimables services à leur club ou même à la sélection nationale se sont retrouvés marginalisés et sans le moindre regard ou égard ! A Ras Al Kheima, j’ai trouvé la tranquillité, la sérénité, l’argent. Je dis el hamdoullah !
Nous avons entendu dire que vous n’avez pas encore perçu la première tranche de votre prime de signature et que vous ne touchez que vos salaires…
(Après un silence) Visiblement, vous suivez toute mon actualité. Puisque vous avez évoqué cette question, je vais vous en donner l’explication. Lorsque j’avais signé à Ras Al Kheima, c’est sur recommandation d’un manager marocain qui suivait le championnat d’Algérie. Cependant, la personne qui m’a contacté et a fait le nécessaire pour mon transfert est un manager algérien résidant aux Emirats Arabes Unis depuis de longues années.
Le problème qui est survenu est que chacun des deux revendiquait la paternité du transfert et réclamait auprès du club la commission qui revient au manager. Cette situation a retardé mon paiement. Toutefois, il y a quelques jours, le président a écouté toutes les parties et a compris le litige. Il m’a payé et a remis aux deux managers une somme d’argent suivant un accord à l’amiable.
Franchement, regrettez-vous d’avoir quitté le MCA après un titre de champion d’Algérie ?
Je ne suis pas du genre à regretter leurs choix. Avant de prendre cette décision, j’avais beaucoup réfléchi. La seule raison qui m’a fait quitter l’Algérie est purement religieuse. Certes, mes anciens coéquipiers me manquent, surtout que nous avons partagé ensemble les joies et les peines, et les Chnaoua, qui font le spectacle partout où ils passent, me manquent. De plus, je vais rater la Ligue des champions africaine, une compétition à laquelle j’ai contribué. Je tâcherai de me consoler avec la Ligue des champions asiatique des vainqueurs de coupe.
Certains disent que vos problèmes incessants avec les responsables du MCA sont la cause de votre départ…
El hamdoullah, j’ai laissé ma place propre. Si c’était réellement la cause de mon départ, je serais resté en Algérie pour rejoindre un autre grand club algérien, comme la JSK ou l’ESS qui m’ont fait des offres intéressantes. Je certifie donc que les dirigeants du MCA n’ont rien à voir avec mon départ.
Où en est l’affaire de votre dû ?
Rien de nouveau. Je suis avec régularité l’actualité du club et je sais que la situation financière ne s’est pas améliorée malgré le sacre en championnat et que les joueurs n’ont pas encore touché leur argent, bien qu’ils soient restés au club.
Que pensez-vous des difficultés rencontrées par le Mouloudia en ce début de saison (entretien réalisé avant le match d’hier contre l’ASO, ndlr) ?
Il ne faut pas être sévère avec les joueurs. Il ne faut pas oublier que l’équipe a changé avec pas moins de 8 nouveaux joueurs. Il leur faut donc plus de temps afin de bien s’adapter. Pour être franc, je vous avoue que je m’attendais à ce début difficile, du moment qu’en tant que champion d’Algérie en titre, le MCA sera la cible de tous les autres clubs cette saison.
Suivez-vous le championnat d’Algérie ?
Evidemment ! Je lis chaque jour El Heddaf sur le net et je suis au courant de tous les détails du championnat. J’ai été agréablement surpris par le rendement et les résultats du MC Saïda qui m’ont fait rappeler le MCS d’il y a deux ans avec les Hamidi, Ould Teguedi et Seguer. J’espère que cette équipe continuera sur sa lancée et terminera la saison à une place honorable.
Quel est votre favori pour le titre ?
Personnellement, je souhaite que le MCA conserve son titre, mais je suis convaincu que cela ne sera pas simple au vu de la concurrence féroce qui l’attend. Je pense que le championnat sera fidèle à ses traditions et que le champion sera l’un des trois grands : ES Sétif, JS Kabylie et MC Alger.
Ne réfléchissez-vous pas à revenir en Algérie la saison prochaine ?
Franchement, non. Je ne pense pas du tout à retourner en Algérie, surtout que j’ai trouvé ici la sérénité que je recherchais. De plus, mon prochain objectif est de jouer dans le championnat d’Arabie Saoudite. Je ne vous cache pas je rêve de jouer là-bas pour des raisons religieuses. Même si le destin fera que je retourne un jour en Algérie, soyez certain que ce sera pour rejouer au MCA, sauf si les dirigeants s’y opposeraient.
Croyez-vous que le championnat saoudien vous est accessible ?
Avec le travail et la persévérance aux entraînements, il n’y a rien d’impossible. Nous nous préparons à participer à la Ligue des champions asiatique, une compétition très suivie. Si je serai en forme, je tacherai d’attirer l’attention des clubs saoudiens, surtout s’il y en a un qui soit proche de La Mecque afin d’effectuer toutes mes prières dans l’endroit le plus pur sur Terre.
Comment est votre relation avec votre coéquipier algérien Karim Kerkar ?
C’est vrai que Kerkar m’a précédé au club, mais notre relation est très ordinaire. Elle n’est pas pour autant intime, comme le croiraient certains. Mon meilleur ami est l’arrière gauche Hareb avec qui je partage beaucoup de choses.
Un dernier mot ?
Je remercie votre journal qui s’est rappelé de moi. Je souhaite réussir mon expérience ici et mener mon équipe vers l’accession afin de réaliser le rêve de tout le monde. Je souhaite de même plein succès au MCA dans toutes ses compétitions, à commencer par la Coupe nord-africaine, quoi que je sois convaincu qu’il passera l’écueil de l’Ittihad de Libye, en dépit de la force de l’adversaire, et se qualifiera pour la finale. Auquel cas, je ferai mon possible d’y assister, si mon agenda me le permet.
Suspendu pour 3 matchs
La Fédération Emiratie de Football a suspendu Hadj Bouguèche pour 3 matchs, suite à son expulsion face à Bab Al Fojeira en Coupe des Emirats. Ainsi, il manquera les trois prochains matchs de cette compétition qui se déroule, dans un premier temps, sous forme
de championnat.