«On n’est pas des Ronaldinho», clame dans cet entretien accordé à l’AFP Madjid Bougherra, qui a grandement contribué à qualifier l’Algérie aux demi-finales de la CAN 2010 dimanche contre la Côte d’Ivoire (3-2 ap), et préfère insister sur les vertus mentales des Fennecs.
«Qu’on nous laisse travailler», demande le Rangers, qui n’a pas oublié les critiques, et s’en est «nourri» pour donner à l’équipe une nouvelle énergie.
Après vos débuts délicats contre le Malawi, cette victoire est-elle particulière ?
Voilà, les gens ont vu contre le favori, qui reste une grande équipe, que nous méritions d’aller au Mondial, que nous étions en pleine forme. On mérite la victoire. On en est fier
Où avez-vous trouvé l’énergie pour renverser ainsi une situation aussi compromise ?
Il y a deux choses dont on s’est nourri : les critiques et le drapeau. On a fait taire les critiques de certaines personnes car on avait bien vu que dans certains journaux algériens certains se demandaient si on avait le niveau. On joue avec le cœur, avec les tripes. On n’est pas des Ronaldinho, nous, mais on aime notre pays, on rend heureux notre peuple. Nous, on est une équipe, on ne demande rien à personne.
Une équipe qui a aussi surpris en pratiquant un jeu léché que l’on n’avait pas trop vu jusque-là…
Notre force, c’est de rester compact et de toujours attaquer. On avait aussi envie de marquer pour montrer qu’on peut être bon offensivement. On a eu l’occasion de revenir avant la mi-temps et ça nous a fait du bien car on a pris confiance. Le jeu était plus ouvert car en face ils savent garder le ballon mais également donner des espaces.
On est restés rigoureux derrière, même si on a concédé deux buts. Le premier est rapide et un peu litigieux mais le second est magnifique, il faut le dire. Après, surtout dans les prolongations, on a eu plein d’opportunités. Toute l’équipe a encore été solidaire et ceux qui sont entrés ont fait la différence en se donnant à fond. C’est magnifique.
Qu’est-ce qui vous traverse l’esprit quand vous égalisez à la fin ?
Le second but avait fait très mal moralement à l’équipe. Pas à moi personnellement car j’avais la rage. On avait trois minutes. J’ai dit à mes coéquipiers : «Restez derrière et mettez la moi, je n’ai rien à perdre+. J’y suis allé avec la rage. Quand on veut, on peut! Quand j’ai marqué, j’avais cette image du peuple dans la rue en train de crier ».
Comment imaginez-vous la suite?
« On va en discuter avec le coach. On n’a rien à perdre, ce n’est que du bonus. On a atteint un objectif auquel personne ne croyait et maintenant on va tout faire pour gagner la coupe. On n’a jamais joué contre le Cameroun, ce serait une belle expérience. Et l’Egypte, on les connaît. Il n’y aura pas de souci. Que ce soit l’un ou l’autre, on les attend.
On progresse petit à petit. Ca faisait 24 ans que l’Algérie n’avait pas été qualifiée pour le Mondial, quatre ans qu’elle n’était plus à la CAN. Qu’on nous laisse travailler! »