A l’issue de la victoire de l’Algérie face au Burkina Faso, Vahid Halilhodzic était ému jusqu’aux larmes. La qualification pour la Coupe du monde l’a beaucoup touché pour plusieurs raisons. Primo, qualifier la sélection algérienne à un Mondial procure des sensations uniques, de l’aveu même du sélectionneur bosniaque, du fait de la passion qui anime les Algériens. Secundo, le coach vivait une pression énorme du fait, justement, des énormes attentes parmi le peuple. Tertio, les verts ont réussi à se qualifier pour le Mondial alors qu’il y a dix mois, des voix s’étaient élevées pour réclamer un changement à la tête de la sélection après la participation jugée décevante de l’Algérie à la dernière Coupe d’Afrique des nations.
Halilhodzic ressent encore son limogeage de 2010 comme une profonde injustice
Cependant, un autre facteur, non négligeable, pourrait expliquer l’émotion débordante qui a submergé Halilhodzic : il n’a encore jamais pris part à une Coupe du monde comme sélectionneur. Il a été dans un Mondial en tant que joueur, en 1982, mais n’avait disputé aucune minute. En 2010, il a été empêché de conduire la Côte d’Ivoire au Mondial de l’Afrique du Sud auquel il l’avait qualifiée en ayant été limogé après la CAN-2010, avec l’élimination en quart de finale comme prétexte. A ce jour, il ressent cela comme une profonde injustice car il avait aligné, avec la Côte d’Ivoire, 22 matches sans défaite.
L’égalisation de Bougherra lui avait été fatale
C’est l’Algérie qui a été, quelque part, derrière cette frustration puisque c’est la défaite des Ivoiriens face aux Verts qui avait précipité le limogeage de l’entraîneur bosniaque. Pourtant, la qualification pour les demi-finales se dessinait au fil du match, surtout après le deuxième but inscrit par Abdulkader Keita, mais un homme a sauvé les Algériens de l’élimination : Madjid Bougherra, auteur de l’égalisation à une minute de la fin du temps réglementaire. Ce but, ajouté à celui inscrit par Hameur Bouazza lors des prolongations, a sonné le glas pour Halilhodzic et scellé sa privation de Coupe du monde.
Cette fois, le but de «Boughy» le «qualifie» pour le Brésil
Ironie du sort : ce même Bougherra vient de «qualifier» son sélectionneur la Coupe du monde 2014 en inscrivant le but vainqueur contre le Burkina Faso. Il lui offre ainsi une participation à un Mondial après l’en avoir privé il y a presque quatre ans. Et en étant capitaine des Verts, par-dessus le marché ! Heureuse revanche sur le sort pour Halilhodzic qui a appris à aimer ses anciens «bourreaux» et, surtout, le peuple algérien, même s’il continue de se méfier des médias. Espérons que Bougherra ne s’arrêtera pas en si bon chemin et qu’il offrira à l’Algérie et à Halilhodzic d’autres qualifications… Pourquoi une pour le deuxième tour de la Coupe du monde ?
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«Magic», plus qu’un leader
Avant hier, Madjid Bougherra a pesé de toute son expérience dans ce match gagné par la plus petite des marges, grâce, notamment, à une réalisation, certes chanceuse mais ô combien précieuse. Madjid qui se trouvait au bon endroit pour concrétiser ce coup de pied arrêté de Ghoulam, a eu un rôle prépondérant dans la préparation du groupe avant la rencontre du Burkina. C’est ainsi que plusieurs de ses camarades nous ont signifié que sans la présence d’un homme de métier comme Magic, plusieurs jeunes de l’Equipe nationale, un peu inhibés par l’enjeu du match, n’auraient pas pu résister à la forte pression qui a précédé ce duel. Fort de sa décennie passée avec les Verts, Madjid était là, disponible pour tout le monde. En véritable leader du vestiaire des Verts, il ne ratait aucune occasion pour stimuler ses potes surtout lorsque les choses ne fonctionnaient pas bien, comme ce fut lors de la première période du match de ce mardi.