Madjid Bougherra a été expulsé mercredi soir au Celtic Park, à l’issue du quart de finale rejoué face au Celtic en Coupe d’Ecosse. L’expulsion est plutôt mal vue du côté de certains cercles écossais qui reprochent à l’international algérien d’avoir eu un geste d’indiscipline en tentant d’infléchir la décision de l’arbitre. Bougherra s’en défend vigoureusement.
Vous avez été expulsé lors des derniers instants du quart de finale retour de la Coupe d’Ecosse face au Celtic Glasgow. Que s’est-il passé exactement ?
J’ai écopé d’un carton rouge pour avoir été averti pour une deuxième fois. J’estime, en toute objectivité, que le deuxième carton jaune était un peu sévère, car c’était suite à un tacle qui était, à mon sens, très propre puisque j’avais emmené le ballon avec moi. Pour preuve, même l’attaquant que j’avais taclé s’est relevé sans protester et sans donner l’impression d’avoir eu mal.
C’est pour cela que j’ai été très surpris de voir l’arbitre, M. Murray, mettre sa main à la poche pour tirer le carton jaune. Conscient des conséquences de ce deuxième avertissement, je lui ai dit par des gestes et par des paroles «No, please !» pour le dissuader de me brandir le carton jaune, mais il s’est montré inflexible. Une fois qu’il m’a expulsé, j’ai quitté le terrain et suis rentré au vestiaire sans rien dire.
Pourtant, ce n’est pas dans vos habitudes de discuter les décisions des arbitres…
Je vous prie de me croire que je ne le fais jamais et, mercredi passé, je ne l’ai pas fait non plus. J’ai juste voulu faire comprendre à l’arbitre que la sanction qu’il voulait m’infliger était trop sévère, mais une fois qu’il l’a mise à exécution, je m’y suis plié sans problème. C’est vrai qu’en voyant les images à la télévision, on a l’impression que j’y suis allé un peu fort et que j’ai eu un geste d’humeur, mais ce n’est qu’une impression. J’éprouve un profond respect pour M. Murray ainsi que pour tous les arbitres écossais. Déjà, je sais ce que je vais faire.
Vous ferez quoi ?
Au prochain match des Rangers que M. Murray arbitrera, je lui présenterai mes excuses afin d’éviter tout équivoque. Je suis convaincu de n’avoir pas fauté, mais je le ferai pour la forme, afin de perpétuer les rapports de respect que j’ai toujours entretenus avec les institutions de football en Ecosse. Vous savez, j’ai croisé souvent M. Murray sur les terrains d’Ecosse et il n’y a jamais eu le moindre problème entre nous. Il y a toujours eu un respect mutuel entre nous. Il nous arrive même de discuter et de rigoler après la fin des matchs. Donc, il n’y a aucune raison que j’aie des problèmes avec lui.
Ce match s’est caractérisé par un nombre élevé de cartons (10 jaunes et 2 rouges). Même votre arrière droit Steven Whittaker, pourtant connu pour son calme, a été expulsé. Etait-ce un match éprouvant pour les nerfs ?
Les matchs entre les Rangers et le Celtic ont toujours été plus ou moins tendus, mais c’est la première fois que je participe à un derby où il y a eu autant de cartons. Peut-être que c’est l’enjeu psychologique entourant ce match qui en a été la cause. En tout cas, c’était très dur pour nous de nous imposer dans ce match, surtout que nous avons dû jouer plus d’une mi-temps à dix, après l’expulsion de Whittaker en première mi-temps. Nous avons fait de notre mieux, mais ça n’a pas marché.
Sur un plan personnel, vous vivez une saison où vous écopez de beaucoup de cartons. A quoi cela est-il dû ?
Certes, j’ai eu plusieurs cartons, mais c’était tous des cartons «gentils», c’est-à-dire suite à des fautes qui n’étaient pas méchantes. Pourquoi ces cartons ? Tout simplement en raison de mon envie de trop bien faire. Cette saison, plus que les précédentes, j’ai envie de remporter le maximum de trophées. Nous étions engagés sur quatre compétitions. Là, nous sommes toujours en lice dans trois d’entre elles. J’ai tellement envie de bien faire et de gagner que j’y vais parfois fort, mais ce n’est jamais avec l’intention de faire du mal.
Vous nous aviez déclaré, dans une précédente inteview que le mois de mars allait être décisif pour vous. Il a mal commencé avec l’élimination en Coupe d’Ecosse, mais il s’annonce meilleur en championnat après la défaite enregistrée par le Celtic à Motherwell. Etes-vous optimiste pour une fin de mois de mars meilleure que son début ?
Oui, je le suis. Déjà, il nous faut nous concentrer sur le championnat où nous aurons quatre matchs à disputer dont trois à l’extérieur. Avec 5 points de retard sur le Celtic et 2 matchs en retard, le titre est encore jouable. Notre destin est entre nos mains. Il y aura également la finale de la Coupe de la Ligue à la fin du mois contre le Celtic et nous nous devons de la remporter. Quant à l’Europa League, nous comptons également aller très loin de cette compétition.
A la fin du mois, il y aura également un match tout aussi décisif au plan international : la confrontation avec le Maroc. Les verts se présenteront à ce match avec un déficit d’un match amical manqué au mois de février, mais rejoignez-vous ceux qui disent que ce match se jouera sur le cœur et l’envie plus que sur la valeur technique ?
Tout à fait. C’est un match de cœur avant tout. Bien sûr, il faudra être bons techniquement et tactiquement, mais c’est dans l’état d’esprit que ça se jouera. Pour moi, le match se jouera au vestiaire. Cela pourrait étonner, mais, par expérience, je sais que c’est de nos dispositions dans le vestiaire, au moment de nous mettre en tenue et de nous concentrer sur le match, que dépendra l’issue du match. On peut penser à cette rencontre dès à présent et tout au long des semaines prochaines, mais cela peut ne pas servir du tout, car l’essentiel est comment nous serons le jour J.
Vous, ainsi que d’autres joueurs rescapés de la sélection de 2005, gardez certainement un mauvais souvenir de Annaba avec notamment la déroute 0-3 face au Gabon. Retourner au stade du 19-Mai ne vous dérange-t-il pas ?
Pas moi, en tout cas, puisque mon père est de Annaba (rire). Annaba, c’est chez moi et j’y vais souvent. Je ne pense pas que nous serons traumatisés par nos précédentes défaites sur ce stade car il faut reconnaitre qu’il l’époque, la sélection était en train de se reconstruite et manquait d’expérience. Là, je pense que nous avons gagné en maturité. A Annaba ou ailleurs, je suis convaincu que tout le peuple algérien sera derrière nous.