Madjid Bougherra n’avait pas quitté son costume de lauréat. Comme le veut la tradition, il s’était prêté au jeu des questions-réponses, protocole par lequel il était déjà passé l’an dernier en sa qualité de Ballon d’Or Le Buteur-El Heddaf pour la deuxième fois consécutive. Le Magic nous dira que c’était un moment très fort de recevoir le beau trophée des mains du ministre d’Etat, M. Abdelaziz Belkhadem, conseiller personnel du président de la République, entouré d’Emilio Butragueno, invité de marque de l’événement et de son père qui a tenu à partager ce moment solennel avec son fils. Un beau moment en somme qu’il nous raconte ici. Entretien.
Comment avez-vous trouvé l’ambiance au pays depuis votre arrivée ?
J’avais éprouvé une grosse envie de venir, surtout lorsque j’ai pris connaissance du temps printanier qu’il fait au bled. (Rires). J’ai beaucoup souffert du froid à Glasgow. Et puis, revenir au pays me fait toujours plaisir, surtout que là ça coïncide avec la cérémonie du Ballon d’Or Le Buteur-El Heddaf. J’ai la cerise et le gâteau. (Rires).
Quel est votre sentiment, après cette deuxième consécration Ballon d’Or Le Buteur-El Heddaf ?
Je suis très ravi de cette distinction. C’est un honneur, voilà ! Et puis, avoir l’insigne honneur de le gagner deux fois, waw, c’est immense ! Je suis super content, d’autant que ce trophée récompense une année assez accomplie avec les Rangers. Je ne vous cache pas que je m’attendais un peu à être sacré, eu égard à la saison que j’ai réalisée. Il y a eu le doublé, la Coupe du monde, la Coupe d’Afrique. Je pense, en toute modestie, que ma saison a été assez accomplie. Voilà, je réalise que cette impression personnelle est partagée aussi par mes pairs. Cela se traduit par cette consécration. Non, je crois que tous les signes étaient au vert. Ravi donc de rejoindre Karim Ziani au palmarès.
La liste des nominés au Ballon d’Or Le Buteur-El Heddaf comprenait, en plus de vous, Yebda, Halliche, Djabou et Matmour, que pensez-vous de ce quatuor ?
La liste fut quand même assez étoffée (rires). Il y avait des joueurs de très haut niveau. Ils avaient tous des atouts à faire valoir. C’est des garçons très doués. Après, les observateurs ont décidé que ce soit Bougherra qui le remporte. Je suis très honoré de leur confiance. Ça me motive vraiment à continuer mon petit bonhomme de chemin. Car du chemin, il m’en reste encore.
Que pensez-vous de la consécration de votre coéquipier Ryad Boudebouz, Meilleur Espoir de l’année ?
C’est un choix assez logique. Je ne vois pas qui d’autre que lui mériterait ce trophée. Je ne veux pas minimiser de la valeur des autres Espoirs du pays, car il y en a sans doute, mais Ryad mérite à mon avis amplement cette distinction. Son talent est incroyable. C’est un génie, le mec ! La saison qu’il a réalisée avec Sochaux est la meilleure illustration de sa valeur. Je pense qu’au-delà de ce qu’il a fait la saison dernière, c’est un encouragement pour la suite de sa carrière. J’espère qu’il continuera sur cette lancée.
Comment avez-vous trouvé la cérémonie ?
Très classe, comme d’habitude. La cérémonie a pris de l’ampleur. Elle est de plus en plus médiatisée. Pour preuve, toutes ces personnalités présente ici là. Quoique la cérémonie de cette année ait un cachet particulier.
Comment ça ?
Cette année, il y a d’abord la présence d’Emilio Butragueno qui nous a fait l’insigne honneur de partager avec nous la soirée. Puis Rabah Madjer qui m’avait remis l’année dernière le Ballon d’Or. Et puis la présence de mon père cette année pour partager ce moment avec moi me procure une telle émotion… C’est une réussite totale.
C’était aussi l’occasion de revoir vos copains en sélection, les actuels et les anciens…
Absolument. C’était un moment très sympathique que nous avons partagé tous ensemble. J’ai aimé revoir Zaoui, Raho, Saïfi. Même Benhamou était là et ça m’a fait beaucoup plaisir de le revoir.
Yazid Mansouri et Rafik Saïfi ont été honorés pour services rendus à l’EN, qu’en pensez-vous ?
C’est une bonne chose que de primer comme ça des joueurs qui ont beaucoup donné pour la sélection. Mansouri en fait partie. Il mérite de sortir par la grande porte. Vous avez vraiment bien fait de le faire venir. Il était très ému. Il a vraiment apprécié. Je tiens aussi à vous remercier pour ça.
Vous avez décroché le Ballon d’Or Le Buteur-El Heddaf pour la seconde fois consécutive, espérez-vous en gagner d’autres ?
J’en ai gagné déjà deux. J’ai égalé le record de Ziani au bon moment. Après, je ne sais pas pour la suite. Il y a tellement de jeunes talents au pays qu’il va être vraiment très difficile de le décrocher encore une fois. J’imagine que la saison prochaine, la concurrence sera encore plus rude (rires).
Qu’est-ce qui vous a permis de faire la différence une fois de plus, en dépit de la présence de joueurs, capables ou méritants, si vous voulez, de décrocher le trophée ?
Je dois d’abord commencer par remercier les Rangers, car c’est grâce à eux que j’ai réussi à décrocher plusieurs titres durant ces trois dernières années et m’imposer à l’échelle européenne. J’ai passé les meilleurs moments de ma carrière dans ce club auquel je suis redevable. Je me suis vite intégré dans ce club. J’aime ma vie là-bas. Je pense que les Rangers y sont pour beaucoup dans ce succès individuel.
Qu’en est-il de Walter Smith ?
Il m’a beaucoup aidé à m’imposer. Il m’a laissé beaucoup de liberté sur le terrain, ce qui me permet de donner la plénitude de mes moyens. Sa confiance m’a fait grandir. Il m’a, dès le départ, montré que j’étais un élément important dans le groupe. Nos consécrations individuelles, c’est aussi grâce à lui.
Ne regrettez-vous donc pas d’être resté aux Rangers, bien que vous ayez réussi une bonne Coupe du monde ?
Pour parler de transfert, il faut d’abord qu’il y ait des offres officielles. Or, je n’en ai pas reçu. Ça m’a un peu agacé de lire dans la presse l’intérêt que certains clubs me portent, alors qu’en réalité, il n’y a jamais rien eu d’officiel. Après, pour répondre à votre question, non, je ne regrette vraiment pas d’être resté aux Rangers. Je m’y sens bien. Je joue au plus haut niveau. La qualification en Ligue des champions a beaucoup pesé dans mon choix de rester. Ça m’a permis de jouer contre les meilleures équipes d’Europe.
Qu’en est-il alors des contacts avec l’AS Roma ?
J’ai déjà déclaré que je préfère faire la sourde oreille jusqu’au mercato. Je n’ai pas envie de parler d’offres qui n’existent que dans la tête de certains journalistes.
Quels sont les objectifs des Rangers, après l’élimination en Ligue des champions d’Europe ?
On est tombés dans un groupe très difficile. Malgré cela, on a réussi une bonne entrée en matière. Après, c’est vrai que la suite a été moins reluisante. Malgré l’élimination, on est reversés en Europa-League qui reste aussi un bon challenge à relever. On espère réussir un meilleur parcours dans cette compétition qui verra la participation de grosses cylindrées.
Comment avez-vous accueilli le choix d’octroyer l’organisation du Mondial 2022 au Qatar ?
Le Qatar dispose de tous les moyens pour réussir son Mondial. J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs complexes à Doha et qui m’ont vraiment plus. Il n’y a rien à dire. J’ai entendu dire que d’autres stades seront construits. Je ne doute pas que le Qatar réussisse son pari.
Parlons maintenant de l’EN, comment voyez-vous ses chances de qualification à la CAN 2012 ?
Nos chances restent intactes. En dépit des deux faux pas, rien n’est encore joué. Il reste encore douze points en jeu. A nous d’engranger le maximum et faire en sorte qu’il n’y ait plus de ratages à l’avenir.
Quelles sont les raisons de ce recul ?
Je pense que la plupart des joueurs sortent d’une grosse saison. On n’a pas eu droit à suffisamment de repos. On a enchaîné immédiatement après la Coupe du monde avec la préparation d’intersaison en club, puis les matchs de qualification et le championnat. Tout cela a fait qu’à un moment donné, le groupe ne pouvait plus donner plus. Ça s’est déteint, du coup, sur le rendement de la sélection. Mais avec le retour de tous les absents, on sera meilleurs à l’avenir.
Qu’avez-vous à dire au peuple algérien, à propos de la double confrontation face au Maroc ?
On n’a pas d’autre choix. Il faut qu’on se réveille. On a besoin d’un déclic pour mettre fin à cette série de mauvais résultats. Pour ce faire, nous avons besoin du soutien du peuple. On ne peut pas s’en passer.
Que pensez-vous de la nomination de Benchikha à la tête de la sélection ?
C’est un entraîneur ambitieux. Il a ramené beaucoup d’enthousiasme. On sent chez lui une grosse envie de réussir quelque chose avec ce groupe. Il communique plutôt bien. C’est un avantage. Les garçons apprécient. On sent aussi qu’il maîtrise très bien le volet tactique. On essayera de l’aider dans sa mission. Avec un peu de réussite, on réussira quelque chose de bien ensemble.
Vous avez profité de votre présence à Alger pour rendre visite au foyer des enfants assistés d’El Biar, ça vous tenait tant que ça à cœur ?
Absolument. C’était au programme. Je ne pouvais pas louper ça. Quand on peut procurer un peu de bonheur à un enfant, c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire. Moi, j’ai la chance d’avoir Nike comme partenaire. Il a tenu donc à être de l’événement en offrant des cadeaux aux enfants. J’ai été très ému par tout ce que j’ai vu aujourd’hui. Je pense qu’il n’y a pas plus noble que donner un peu de joie à un enfant. Moi, j’ai la chance d’en avoir deux et je crois que j’ai développé cet instinct paternel qui me guide spontanément vers eux. J’aime la présence des enfants. Là, je suis encore plus ému par leur situation. J’espère que cela va être un rappel pour les autres sportifs pour faire autant. Je sais qu’il existe des gens qui le font discrètement. Mais ce serait bien que d’autres y participent. C’est ainsi qu’on pourra améliorer leur quotidien.
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Bougherra : «Avec Nike, j’ouvrirai bientôt la Magic Football Academy»
Fraîchement récipiendaire du Ballon d’Or El Heddaf-Le Buteur, Madjid Bougherra pense déjà à l’avenir. Pas le sien, mais celui des futures générations de footballeurs algériens. Il nous en a fait la révélation exclusive hier. «En partenariat avec Nike, j’ouvrirai bientôt la Magic Football Academy, une académie de football destinée à former de futurs footballeurs et à détecter des talents potentiels», nous a-t-il déclaré. Les études du projet en sont à un stade avancé et il devrait bientôt se concrétiser. «C’est une contribution personnelle pour accompagner la renaissance qu’est en train de connaître le football algérien. Avec Nike, j’espère que le partenariat sera fructueux pour le plus grand bénéfice du football algérien», a-t-il expliqué.
