Rachid Boudjedra accuse Sansal et Kamel Daoud d’instruments d’un récit colonial

Rachid Boudjedra accuse Sansal et Kamel Daoud d’instruments d’un récit colonial
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L’écrivain et intellectuel algérien Rachid Boudjedra frappe fort avec son nouveau livre « Les contrebandiers de l’histoire », publié par les éditions Dar Al Hikma à Alger. Dans cet essai à la plume acérée, l’auteur de La Répudiation livre une réplique directe et sans détour aux discours et écrits des auteurs Boualem Sansal et Kamel Daoud, accusés de falsifier et détourner l’histoire nationale au profit d’une vision néo-coloniale soutenue par des cercles politiques nostalgiques de l’ère coloniale.

Dans un contexte de vives tensions culturelles et idéologiques, Boudjedra affirme vouloir répondre fermement à la campagne insidieuse qu’il attribue aux deux écrivains franco-algériens.

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Ces derniers sont accusés de porter, sous couvert d’un discours littéraire, une attaque contre l’histoire, l’identité et la mémoire algériennes. Il qualifie leur posture d’instrumentalisation idéologique, soutenue par des élites françaises d’extrême droite, rêvant encore des heures sombres du colonialisme.

LG Algérie

Un pamphlet littéraire en deux langues

Écrit en arabe et en français, le livre se veut un acte de résistance intellectuelle, une contre-offensive visant à « démonter les mécanismes de falsification » de l’histoire nationale et à réhabiliter une mémoire collective bafouée. Le pamphlet vise particulièrement l’appropriation du récit historique algérien par des voix extérieures, qui selon Boudjedra, cherchent à délégitimer la lutte anticoloniale et à propager une image déformée du pays.

Rachid Boudjedra n’épargne ni Sansal, ni Daoud. Il accuse le premier d’avoir tenu des propos « honteux » sur la souveraineté territoriale algérienne, notamment lors d’un entretien avec un média français d’extrême droite, et rappelle sa condamnation récente à cinq ans de prison. Quant à Kamel Daoud, il est présenté comme un produit choyé du système, ayant bénéficié de privilèges qu’il renie aujourd’hui au nom d’un discours faussement critique.

Une œuvre de combat

« Les contrebandiers de l’histoire » se présente comme la première grande riposte d’un intellectuel algérien aux dérives d’un « nouvel orientalisme » littéraire, où les récits de dénigrement se déguisent en œuvres primées à l’étranger. Pour Boudjedra, il s’agit de défendre la souveraineté culturelle et intellectuelle de l’Algérie, à travers une œuvre de dénonciation à la fois philosophique, littéraire et politique.

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Dans un paysage éditorial souvent marqué par l’autocensure ou la complaisance, le livre de Boudjedra crée un électrochoc, interroge sur le rôle des intellectuels algériens à l’ère postcoloniale, et redéfinit les contours d’une bataille narrative cruciale pour la mémoire nationale.