Ryad Boudebouz ne s’attendait certainement pas à vivre une soirée aussi pénible, samedi soir, à Bonal, contre Montpellier. Victime d’une manipulation raciste qui ne dit pas son nom, l’Algérien a été la cible d’une partie des fans sochaliens, exaspérés après ce début de saison raté du FC Sochaux en Ligue 1. Ces mêmes supporteurs, qu’il avait rendus heureux l’année dernière où il a été sans conteste l’un des artisans du maintien du FC Sochaux-Montbéliard avec, notamment, 5 buts décisifs marqués en fin de saison et plusieurs passes décisives, ont réservé un traitement spécial pour le moins déplorable à Boudebouz avant, pendant, et à sa sortie du terrain à la 60’.
Les hostilités ont commencé avant le coup d’envoi
Ces hostilités ont commencé avant même le coup d’envoi de la partie. Une banderole accrochée dans un coin du stade, connu pour être la tribune des ultras (un groupe de supporteurs très violents) réclamait son départ. A sa sortie du terrain où il venait d’être remplacé par Privat à la 60’, Ryad, qui était loin d’être le plus ridicule sur le terrain, a été sifflé et traité de sale Arabe par des supporteurs acharnés et racistes qui n’ont, à vrai dire, pas pardonné au Lionceau ses récentes sorties médiatiques dans lesquelles il a toujours montré son désir de partir à Marseille mais qui n’a jamais renié son amour pour le club de son cœur. «Je n’ai pas envie de parler de ça ; les gens oublient vite ce qu’on a donné au club. Donc, ça ne sert à rien d’en parler», s’est contenté de dire l’Algérien, en fin de rencontre.
Ces mêmes supporteurs l’avaient traité de sale Arabe l’année passée
En fin de saison écoulée, Ryad a été victime des mêmes pratiques de la part d’une partie de ce public ingrat, connu pour ses penchants racistes. Cela remonte au match perdu à la maison contre l’AC Ajaccio, qui a plongé le FC Sochaux dans la zone des reléguables. En compagnie de son ami Marvin Martin et d’un groupe de potes, Boudebouz, qui a subi toutes sortes d’humiliation verbales, a failli être agressé physiquement par ce même groupe d’individus. A sa sortie d’un restaurant non loin du stade Bonal, Ryad a été ce jour-là victime d’injures et de propos racistes. Une bagarre a failli se déclencher par la suite avant que la police n’intervienne pour arrêter ce groupe de fauteurs de troubles, très connus des services de sécurité à Sochaux.
Ryad veut casser la baraque en sélection
Vexé par ce comportement odieux de certains fans sochaliens, l’Algérien Ryad Boudebouz, qui a toujours su faire la part des choses, n’a qu’une seule envie : bien se remettre de cette mauvaise soirée pour
être prêt à ce match qui attend les Verts, le 9 septembre, contre la Libye. Certes, très touché d’entendre les propos racistes proférés à son encontre, Ryad veut tout donner pour son pays et participer à la qualification de l’Algérie à la prochaine CAN 2013. «Ryad va bien ; il va venir encore plus fort en Equipe nationale. Ne vous en faites pas, je peux même vous dire qu’il veut tout casser en sélection», nous dira un proche du joueur par téléphone.
Lacombe (pdt. Sochaux) : «Le sang de Boudebouz est jaune et bleu»
Interpellé à ce sujet, le président du FC Sochaux était outré par le traitement réservé à son international algérien, Ryad Boudebouz. D’ailleurs, Alexandre Lacombe a été toujours compréhensif envers son joueur. Il n’a, d’ailleurs, jamais manqué de venir en soutien à son meilleur élément cette année : «Il ne mérite pas qu’on lui fasse comme ça ; un type comme Ryad se donnera jusqu’au bout pour son club. Il vient d’y passer dix années et son sang est jaune et bleu.»
«Il ne faut pas oublier qu’il a plus de 100 matchs en Ligue 1 avec Sochaux»
Alexandre Lacombe, qu’on avait interrogé, il y a quelques jours, si ce désir manifesté par l’Algérien à vouloir changer d’air était légitime, nous a signifié que cela était totalement compréhensible : «Vous savez, lorsqu’un joueur formé au club possède plus de 100 matchs en Ligue 1, il est automatiquement en droit de réclamer un bon de sortie. On s’est entendu sur tout et maintenant nous attendons une offre sérieuse pour discuter, sinon, comme je le répète depuis juillet, s’il reste, ça nous va très bien».
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Boudebouz : «C’est dégueulasse !»
Ryad, tout d’abord, une réaction par rapport à ce que vous avez vécu dimanche soir au stade Bonal ?
Franchement, je ne m’attendais pas du tout à cette réaction du public, entendre des bêtises avant, pendant et après le match, ça m’a vraiment profondément touché.
C’est aussi grave que ça, il paraît…
On s’est très mal comportés avec moi. Mon seul tort est d’avoir émis le vœu de partir, mais ces gens-là oublient que je n’ai jamais tourné le dos à Sochaux. J’ai refusé d’aller au clash par amour pour ce club.
On parle de propos racistes proférés à votre encontre, vous confirmez ?
Malheureusement, c’est vrai, et ça fait mal au cœur. Je peux tout tolérer, sauf ça.
On vous a traité de sale Arabe, c’est bien cela ?
Exactement, et ça n’a pas cessé de fuser à partir des tribunes (très affecté, il s’arrête, puis il reprend). Franchement, c’est vraiment décevant de vivre cela surtout lorsque ça provient de fans de votre club formateur. Ce genre de propos ne devrait pas exister dans un pays comme la France. C’est dégueulasse. Franchement, les gens ne sont pas reconnaissants et c’est ce qui me fait le plus mal.
Cela vous arrive à quelques heures du stage de préparation pour le match de la Libye, cela ne vous perturbe pas ?
Non, pas du tout, c’est un autre contexte. Je sais faire la part des choses ; au contraire, je suis motivé à fond à donner le meilleur de moi-même pour mon pays.
Certains disent qu’on ne vous a jamais pardonné d’avoir choisi l’Algérie, vous le ressentez ?
Sincèrement, je ne veux pas trop penser à cela, mais soyez sûr que je suis fier d’être Algérien et fier d’avoir choisi l’Algérie.
Après un début sur le banc, vous retrouvez une place de titulaire, vous arrivez comment pour ce match ?
Super bien, j’ai maintenant deux matchs et demi dans les jambes, donc, Dieu merci, j’arrive en possession de tous mes moyens. Si le coach décide de me faire jouer, je répondrai
présent.
Il a dit lors de la conférence de presse qu’il comptait peut-être vous laissez sur le banc, cela ne vous démoralise-t-il pas ?
Alors là, pas du tout ! Halilhodzic est le seul chef dans cette sélection. Donc, attendons pour voir. Après, être sur le banc, ou sur le terrain, l’important est que l’Algérie gagne. Je ne contesterai jamais les décisions du coach.
Sincèrement, Ryad, vous n’avez pas peur de vivre l’enfer à Sochaux maintenant que vous allez rester au moins jusqu’au mois de décembre ?
Non, je sais que ces mêmes personnes qui m’ont insulté et hué dimanche soir vont m’applaudir.
Vous arriverez quand à Alger ?
Je vais suivre le match de mon ami Marvin Martin Lille-PSG, ce soir (entretien réalisé hier) et demain matin je prends le vol de Paris et je devrai arriver à Alger vers 11h.