Boudebouz «Je n’ai de leçon de nationalisme à recevoir de personne»

Boudebouz «Je n’ai de leçon de nationalisme à recevoir de personne»

«Benchikha est plus qu’un coach, c’est notre frère»

«Avec le retour des blessés, vous verrez une autre équipe d’Algérie»

Ryad Boudebouz, à l’instar de l’ensemble de ses camarades internationaux, a choisi, Le Buteur pour parler de sa vie quotidienne à ses fans de plus en plus curieux d’en savoir un peu plus sur ce talentueux joueur international. Humble, posé et bien éduqué, Ryad nous répond avec gentillesse aux questions posées. Il nous a aussi tout révélé à propos de sa discussion très amicale et professionnelle qu’il a eue avec le coach Benchikha. Il promet un retour fracassant avec au bout une qualification à la prochaine CAN 2012.

D’abord Ryad, cette défaite concédée contre Toulouse à la maison vous a beaucoup déçu…

Oui, c’est normal, quand on perd un match comme ça, on est toujours déçus. C’est la deuxième défaite de suite qui vient nous replonger un petit peu dans le doute. Je crois que dans l’ensemble, on n’a pas été assez bons ce soir (entretien réalisé samedi).

On vous a vu souvent débordés par un adversaire visiblement plus frais physiquement, votre avis là-dessus ?

Effectivement, Toulouse a montré une bonne présence physique sur le terrain. De plus, c’était un peu gras ce soir, donc pas facile de jouer sur une pelouse pareille. Mais je crois que la différence s’est jouée autrement dans ce match. On a pris trois buts sur balles arrêtées, et cela nous a coûté la défaite, même si on marque en fin de match un joli but.

Ce revers, le premier à la maison, semble vous avoir fait très mal ?

Oui, je le sais, ce n’est jamais bien de perdre à la maison, surtout qu’on sortait d’une défaite contre Montpellier. Cela dit, on essayera de se rattraper prochainement contre Lyon à l’extérieur.

Ce ne sera pas simple, vous savez bien que ce n’est jamais facile de gagner à Gerland ?

Je le sais bien. Mais on n’a pas d’autre choix. Et puis, on a bien réussi à le faire l’année dernière, non ? Après, cela dépendra de notre réaction. De toutes les façons, après cette défaite, on est obligés de réagir.

Après un début tonitruant, vous accusez le coup un petit peu, ça se corse pour Sochaux ?

C’est vrai, on perd deux fois de suite et cela n’est jamais bon signe pour une équipe. Seulement, il ne faut pas trop s’enflammer. On doit croire en notre potentiel. Il reste encore tout un championnat à gérer et le mieux, c’est de vite nous remettre au boulot pour rectifier lors des prochaines journées. On sait qu’on doit se battre et notre salut passe par un bon réveil.

On vous a vu un peu court sur le plan physique ; cela ne s’explique-t-il pas par le fait que vous étiez souvent aux soins ?

C’est vrai que j’ai passé des moments difficiles, ces derniers jours. Mais que voulez-vous, c’est ça le football. Il faut relativiser et rester positif pour se relever. Les blessures font partie de la vie d’un joueur professionnel, donc il faut savoir gérer ces situations pour surmonter ces moments de doutes.

Vous ne croyez pas qu’il aurait été préférable de faire l’impasse sur le match de Montpellier où vous avez dû quitter vos camarades en raison de douleurs ressenties à la pause ?

Oui, mais pour tout vous dire, ce jour-là, je n’avais rien ressenti. Ce n’est pas le fait que j’avais envie de jouer ou quelque chose comme ça, mais c’était juste par ce que je me sentais d’attaque, voilà. Le vendredi d’avant cette rencontre jouée contre Montpellier, je me suis bien senti. Même le médecin de l’équipe ne s’est pas opposé à ma participation. Bon, avec un peu de recul, je crois que je n’ai pas pris la bonne décision, mais le plus important est que maintenant, je vais bien.

Et aujourd’hui, n’avez-vous rien ressenti ?

Non, ça va, j’ai terminé le match et là je peux vous dire que je n’ai absolument rien ressenti au niveau des adducteurs.

Le coach Abdelhak Benchikha était, ce soir (avant-hier) au stade Bonal ; étiez-vous au courant de sa venue à Sochaux ?

Oui, je le savais. Il m’a appelé et m’avait informé qu’il allait passer me voir ici à Sochaux pour discuter un peu.

Justement, il a estimé qu’après ce lourd revers concédé chez vous au stade Bonal, il n’a pas voulu vous aborder à propos de la sélection immédiatement, sachant que cette défaite vous a fait mal ?

Je le remercie pour sa compréhension, mais que le coach sache qu’il est toujours le bienvenu à Sochaux et qu’une défaite fait partie du football. Maintenant, franchement, j’aurais été content de le rencontrer. Mais bon, ce sera pour une autre fois.

Sachant qu’il était présent dans la tribune, cela ne vous a-t-il pas mis sous pression ?

Non, pas du tout. J’ai joué mon match normalement, en essayant de rester concentré au maximum. J’en ai l’habitude maintenant et puis je ne me considère plus comme un nouveau joueur de la sélection.

Vous a-t-il appelé ?

Oui, on a discuté par téléphone hier.

Qu’est-ce qu’il vous a dit ?

Il m’a demandé des nouvelles de ma blessure aux adducteurs. Il voulait aussi savoir si j’étais prêt pour le prochain amical contre le Luxembourg. En somme, on a eu une discussion très professionnelle entre le joueur et son coach soucieux de l’avenir de ses éléments.

Que lui avez-vous répondu ?

Bien sûr, je l’ai rassuré tout en lui expliquant que j’étais toujours disponible et prêt à répondre à toutes les convocations de la sélection.

Il est parti sur Le Havre, c’est bien cela ?

Non, il m’a dit qu’il devait se rendre au Luxembourg pour préparer le prochain match de l’Equipe nationale, avant de rentrer au pays.

Le coach Benchikha nous a déclaré dans un entretien accordé à notre journal, il y a un instant (entretien réalisé samedi après le match Sochaux-Toulouse) qu’il ne s’était absolument rien passé à l’Hôtel militaire à Alger, la veille du départ de l’EN à Bangui ; cela vous réconforte, n’est-ce pas ?

Oui, c’est normal. D’ailleurs, comme je l’ai déjà dit, c’était de la méchanceté gratuite d’avoir tiré cette histoire de soi-disant accrochage que j’aurais eu avec lui. C’est regrettable même. Il existe un respect mutuel entre le coach Benchikha et moi. Sincèrement, il communique bien et impose le respect par ses discours motivants et très appropriés au langage professionnel. Je veux rajouter une chose

Oui, allez-y ?

Moi, j’ai choisi l’Algérie à un âge où beaucoup d’autres ne l’auraient pas fait. Donc, je n’ai pas de leçons de nationalisme à recevoir de quiconque. Je suis fier de mon pays et sachez que je ne regretterai jamais mon choix. Je ne suis pas un tricheur et tout ce qui se dit ne me nuit plus, j’ai appris à ignorer les mauvaises langues.

Cette rencontre amicale contre le Luxembourg se présente comment pour vous ?

Elle sera importante. On ne va surtout pas l’aborder avec un esprit de match amical, car on doit bien la préparer, pour perfectionner nos automatismes et, surtout, améliorer notre manière de jouer.

Vous ne croyez pas qu’il est grand temps pour notre sélection de gagner un match, puisque cela remonte à bien longtemps que l’Algérie n’a pas enregistré le moindre succès, mis à part, bien entendu, cette victoire acquise contre les Emirats ?

C’est vrai, cette vulnérabilité dure encore, mais c’est à nous les joueurs de tout faire pour mettre un terme à cette spirale de mauvais résultats. Franchement, j’ai envie de signer ma première vraie victoire avec l’Algérie.

Certains fans des Verts, dépités par le dernier match livré par la sélection à Bangui, ne croient plus en la qualification de l’Algérie à la prochaine CAN-2012 ; qu’avez-vous à dire là-dessus ?

Ecoutez, je crois qu’il est trop tôt de parler de l’élimination de l’Algérie. On a un match important face au Maroc qu’on doit tous bien préparer. On n’a plus le droit de se louper. C’est vrai, la mission s’annonce ardue, mais cela ne diminue en rien de notre volonté d’aller à la prochaine CAN-2012.

Cette double confrontation s’annonce difficile, avouez-le ?

Oui, c’est clair, notre retour dans cette compétition passe par une victoire à Alger et un bon résultat au Maroc. Cela, on le sait parfaitement.

A l’instar de vos camarades internationaux, vous marchez fort à Sochaux mais en sélection, on tarde à voir le grand Boudebouz, à quoi est dû cela ?

En sélection, on manque un petit peu de cohésion. Ce n’est pas simple lorsqu’on joue à chaque fois amoindris. Et puis, il y a eu des joueurs nouveaux qui ont besoin d’un certain temps d’adaptation. Je reste persuadé que ça ne va pas tarder à venir. Avec le retour de Mourad Meghni et tous les autres éléments de l’EN, on sera plus performants.

En Algérie, on ne connaît pas trop de vous, l’homme, parlez-nous un peu de Boudebouz de tous les jours ?

Bon, c’est difficile de parler de sa personne, mais je vais essuyer quand même. Ben voilà, je suis tranquille et pas du tout compliqué. J’essaye de mon mieux de ne pas trop dévier de ma ligne de conduite et, surtout, rester moi-même, sans trop me prendre la tête. Je trouve que cela est important dans la vie. Une chose est certaine, les valeurs humaines que mes parents m’ont inculquées ne changeront jamais. Je sais aussi qu’il me reste pas mal de chemin à parcourir et c’est ce qui me pousse à travailler davantage.

Vos potes de quartier n’ont pas tari d’éloges sur vous, ils vivent presque avec vous, vous vivez dans un esprit de famille avec Zakaria, Nabil, Tahar et Imad ?

Non, franchement, hamdoullah, je n’ai jamais oublié mes amis de la cité, car ils représentent beaucoup pour moi. C’est avec eux que j’ai grandi. Comme vous le constatez, on est toujours ensemble, ils sont toujours présents à mes côtés, que ce soit à la maison ou au stade lorsqu’on joue à domicile. Parfois, ils se déplacent avec moi pour certains matchs. C’est vous dire à quel point leur présence me booste.

Imad, Nabil et Zakaria, c’est des potes du quartier, parlez nous un peu de Marvin?

Ah lui, il fait aussi partie de la grande famille. C’est mon pote aussi, avec qui j’ai fait toutes mes classes à Sochaux. Malgré le fait qu’on ne soit pas du même patelin, n’empêche qu’on a beaucoup de choses en commun et cela renforce notre amitié. On s’entend parfaitement sur et en dehors du terrain. Martin est quelqu’un de gentil.

Vos qualités et vos défauts ?

Je suis quelqu’un qui respecte tout le monde, humble, à l’écoute des gens qui m’entourent. Je crois que je suis un peu gentil, si on peut considérer cela comme un défaut.

Quel est votre souhait immédiat ?

Réaliser une grande saison avec Sochaux et la sélection nationale.

Rêvez-vous d’un autre Mondial avec l’Algérie ?

Il est clair que j’ai déjà joué un Mondial à 20 ans, et mon objectif reste toujours le même : participer avec mon pays aux plus grandes compétitions internationales avec des résultats autrement meilleurs inch’Allah.

Merci Ryad de nous avoir accueilli, qu’avez-vous à dire aux supporteurs de l’Algérie ?

Je leur promets de leur procurer de la joie et inch’Allah, on fera tout faire pour qualifier l’Algérie à la prochaine CAN-2012.