«Quand tu affrontes Steven Gerrard, tu apprends»
Le milieu sochalien, sous contrat jusqu’en 2013, n’exclut pas de rester la saison prochaine dans le Doubs pour y franchir un palier. Ryad Boudebouz lâche plus facilement ses mots que par le passé. Son ballon aussi, il le garde moins. Bientôt vingt-et-un ans (il les aura le 19 février), il a presque des statistiques de cadre (75 matches de championnat). Et une attitude désinvolte, rafraîchissante.
– Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez il y a un peu plus de six mois ?
– Euh, non. Ah si, la Coupe du monde (rires) !
– Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
– Que de bons souvenirs, avec forcément des regrets, car on aurait pu mieux faire, se qualifier (l’Algérie a été éliminée au premier tour). A part contre l’Angleterre (0-0, le 18 juin 2010), on n’a pas été à notre niveau. C’était comme mon premier match de Ligue 1, ça courait partout. Je ne me suis pas posé de questions, je n’ai pas pensé à la fatigue. J’en ai profité, voilà !
– Et progressé ?
– Quand tu affrontes Steven Gerrard, tu ne peux qu’apprendre. Ce qui m’a surpris, c’est qu’il ne perd pas de ballons ou très rarement, comme Lampard. Quand on les voit à la télévision, on n’imagine pas cela. Ils sont toujours appliqués, c’est impressionnant.
– C’est votre troisième saison en Ligue 1. Qu’est-ce qui a changé par rapport aux deux premières ?
– Déjà l’assurance. Je suis beaucoup plus confiant, je suis plus efficace aussi. J’avais marqué trois buts lors de chaque saison, cette fois, j’en suis à deux. Je pense que je vais encore en marquer d’ici la fin de saison (sourire). Je joue aussi plus pour le collectif qu’avant.
– Auparavant, vous étiez plutôt adepte des grigris…
– Le coach m’avait dit que si je voulais progresser, il fallait éliminer certains gestes.
– C’est frustrant ?
– Non, pas du tout, car c’est pour mon bien et celui de l’équipe. Bon, parfois, des gestes techniques reviennent tous seuls (rires). Et de temps en temps, je retourne jouer avec mes amis, en salle, à Colmar.
– Et dans l’approche de votre métier, êtes-vous plus professionnel ?
– Oui. Il y a deux ans, je ne me faisais jamais masser, pour moi cela ne servait à rien. Cette saison, je vais trois à quatre fois par semaine aux massages.
– Marvin Martin (meilleur passeur de L1 avec huit passes) semble passer un cap cette saison, alors que de votre côté, il vous manque encore un petit truc…
– Il me manque l’efficacité devant le but pour marquer ou faire marquer (il a donné une passe décisive cette saison). On dirait que je plane parfois quand je suis sur le terrain (rires). Par moments, si je ne touche pas la balle, je m’énerve et je perds ma concentration.
– Paris, Lyon, Marseille, Liverpool sont venus aux renseignements vous concernant. Avez-vous une préférence?
– Franchement, je n’en sais rien et je ne cherche pas. Pour l’instant, je suis bien à Sochaux, avec mes potes, cette équipe qui joue bien au foot. J’ai envie de passer un palier, mais s’il faut attendre encore un an, pas de soucis.
– Que doit jouer Sochaux (11e, 25 points) pour la seconde partie de saison ?
– Le maintien (il sourit).
– Sérieusement ?
– Non, sérieux, on doit d’abord assurer notre place en Ligue 1. On a un mois de janvier difficile avec Paris (le 15 janvier), Rennes (le 29) et Marseille (le 12 février en réalité). Quand on aura 35 ou 36 points, on pourra aller chercher plus haut.
– Vous avez suivi ce qui se passe en Algérie ?
– Oui. C’est malheureux que cela tourne comme ça, car le pays était en train de se reconstruire. Ce ne sont pas des choses très intelligentes (les émeutes), mais en même temps, il faut comprendre les gens, c’est difficile pour eux.
– Pourquoi avoir choisi de jouer pour la sélection algérienne après avoir débuté avec les 19 ans français ?
– C’est le cœur. Depuis tout jeune, j’avais envie de jouer pour l’Algérie, le pays où mes parents sont nés. Avec la France, ce sont mes deux pays. Il ne faut pas oublier que la France nous a tout donné, la renier, ce n’est pas respectueux.
Ryad rate son match au Parc des Princes
Samedi, Ryad Boudebouz confiait à L’Equipe que Francis Gillot lui avait demandé de simplifier son jeu et d’éviter les gestes techniques superflus pour progresser et gagner en efficacité.
Il a même avoué, dans l’entretien, qu’il faisait de son mieux pour être plus efficace à l’avenir en essayant de moins faire appel à sa technicité sur le terrain, mais ce n’est guère ce qu’on a vu sur la pelouse du Parc des Princes face au PSG le même soir. Ryad Boudebouz n’était que l’ombre de lui-même durant cette rencontre, il est totalement passé à côté de la plaque, ce qui n’a pas permis à son équipe de faire ce qu’il faut pour revenir dans cette rencontre qu’elle a finie par perdre 2-1. Boudebouz a été remplacé à la 88′, son coach était visiblement déçu par la prestation de son poulain. La presse confirmera ensuite à travers les notes accordées aux joueurs que Ryad n’était pas dans son jour.
L’Equipe lui accorde la plus mauvaise note
La presse française n’était donc pas tendre avec Ryad. Le journal L’Equipe, à titre d’exemple, ne lui accordé que 3 petits points, alors que la plupart des acteurs de cette rencontre ont eu des 5, 6, 7 et même des 8. Le journal L’Equipe dans son édition d’hier n’a pas ménagé Ryad : «Le milieu droit âgé de vingt ans n’a manifestement pas appris la leçon de son entraîneur. Samedi soir, face au PSG, il a usé et abusé de « passements » de jambes inutiles avant de perdre le ballon. Sochaux a du talent, mais le talent ne suffit pas. Il peut même devenir contre-productif. C’est sans doute ce qui explique en partie les contre-performances successives de la formation du Doubs à l’extérieur cette saison. Sur dix déplacements, Bréchet et les siens ont perdu à huit reprises. Comme Arles-Avignon, c’est dire», pouvait-on lire à ce propos sur L’Equipe qui le tient quelque part, responsable de cette énième défaite du club sochalien.