Boudebouda : objectif l’EN A

Boudebouda : objectif l’EN A

Une bonne affaire, Brahim Boudebouda en est forcément une. Six mois après avoir débarqué au Mans FC, le latéral gauche est devenu un rouage important du club manceau, même si vous ne l’entendrez pas l’affirmer de vive voix, car préfère-t-il rester aussi discret qu’il le fut du temps où il jouait dans le championnat d’Algérie. La bonne affaire, ce n’est aussi pas lui qui le dit, mais plutôt les autres. Les autres, sont les dirigeants, l’entraîneurs et les journalistes qui estiment qu’au regard du talent de l’Algérien et surtout de son âge (22 ans), il ne pouvait qu’être prolifique au Mans pour peu qu’il réussisse son intégration. Six mois après, le défenseur collectionne les éloges. Devenu titulaire après un temps d’adaptation, le capitaine de la sélection Espoirs, qui a dû faire l’impasse sur le championnat d’Afrique des U23, car suspendu, a reçu aussi sa première distinction : le couronnant sacré Meilleur espoirs de l’année 2010-2011 par nos deux journaux, Le Buteur-El Heddaf. Cela peut paraître peu dans un palmarès, mais lorsqu’il est vierge, un trophée même symbolique peut valoir une fortune. Cela lorsqu’on sait l’estimer à sa juste valeur. Le trophée Le Buteur-El Heddaf a fait plaisir à Boudebouda. Ses yeux pétillants reflétaient son bonheur. Comme pour dire que les fortunes pour lui se mesurent au nombre de titres remportés. Ce premier, il en fait sa fierté.

Le calme du Mans incite au dépaysement

Pour un joueur qui a grandi à Bab El Oued, quartier connu pour sa popularité et son vacarme, le dépaysement est garanti à Boudebouda au Mans, petite ville paisible où il fait toujours bon d’y vivre lorsqu’on est particulièrement frugal, comme l’ex-Mouloudéen qui mène une vie austère. Brahim Boudebouda avoue ne pas trop sortir, préférant de loin rester chez lui pour mater la télévision ou tchatcher avec ses proches au bled via Facebook et MSN, ne rompant sa monotonie que pour répondre à l’appel de ses rares amis. Des temps paisibles qui adoucissent davantage le personnage qui même s’il ressent fortement l’éloignement ne s’en plaint pas pour autant.

«Mesbah et Belhadj ont beaucoup de choses à m’apprendre»

Tout d’abord, félicitations pour ce trophée. Quel est votre sentiment, là, à froid, après cette distinction ?

Tout d’abord, merci à vous deux d’être venus jusqu’au Mans pour me faire cette agréable surprise. Merci aussi à vos deux journaux qui ont pensé me récompenser. C’est un honneur pour moi et pour mon club. Nous avons fêté deux événements aujourd’hui au club. La qualification face à Guingamp et le trophée. La fête a été complète. Mille mercis !

Vous attendiez-vous à être sacré Meilleur joueur espoir en 2011 ?

Pas vraiment. J’étais resté attentif à l’évolution des votes. Je me disais que j’avais une toute petite chance seulement d’être élu, compte tenu de la qualité des joueurs nominés. Il y avait quand même d’assez bons joueurs qui concouraient pour le trophée. Cela a fait que je ne m’y attendais pas vraiment. D’autant que comme je l’ai dit, il y avait pas mal de joueurs qui pouvaient prétendre à ce titre. Des joueurs qui ont facilement leur place dans le championnat français.

Comme qui ?

Hachoud. C’est un joueur qui n’arrête pas de nous épater. Il peut jouer facilement dans le championnat de France. Metref aussi y a toujours sa place. Il y a d’autres jeunes comme Belaïli, Aouedj, Benlamri et Khelili qui sont pas mal n’ont plus. C’est pour ça que je vous disais que je ne m’envoyais pas sacré dès le départ.

Que représente pour vous ce trophée ?

Sans doute la consécration d’une année riche avec le MCA. Et puis, il y a eu mon transfert au Mans cet été. C’est mon premier dans ma jeune carrière. J’espère sincèrement qu’il ne sera pas le dernier. J’aspire à d’autres distinctions à l’avenir.

Vous n’avez pas pu répondre présent à notre invitation pour assister à la cérémonie du Ballon d’Or, l’avez-vous suivie à la télévision ?

Pas à la télévision. Mais rassurez-vous, je n’ai rien raté de ce qui s’est passé. J’ai épié les éditions du lendemain et le surlendemain. Ainsi, grâce à la couverture qu’ont consacrée vos deux journaux à l’événement, je n’ai rien raté, même si je regrette de ne pas avoir pu me libérer. J’aurais été ravi d’assister à cette grandiose cérémonie. Mais ce n’est que partie remise. J’espère être parmi vous l’année prochaine même à titre d’invité.

Plutôt sacré, ce serait encore mieux…

Quel est le joueur qui n’aimerait pas être sacré ? J’en serai honoré. Je serais comblé si je réussissais à succéder à Boudebouz. Je voterai dès à présent pour moi ou pour Soudani (rires).

Boudebouz est sacré Ballon d’Or cette saison, un commentaire ?

Il le mérite amplement. Au vu de la saison fantastique qu’il a réalisée avec Sochaux, ce choix est incontestable. Il est souvent élu meilleur joueur de son équipe. La preuve, ses qualités sont reconnues partout. C’est vraiment un joueur fantastique qui n’a pas volé son trophée. Je ne manquerai pas l’occasion pour lui présenter mes félicitations.

Parlons un peu de la sélection Espoirs, puisque le contexte s’y prête. Comment avez-vous accueilli son élimination du Championnat d’Afrique des U23 ?

Elle m’est tombée sur la tête. Comme je n’ai pas pu suivre le dernier match face au Nigeria du fait que nous jouions un match de championnat à la même heure, j’ai dû appeler un ami à la fin du match pour prendre connaissance du résultat. Lorsqu’il m’avait dit qu’ils étaient éliminés après avoir perdu 4-1, je croyais que c’était une blague. Je n’ai jamais compris comment l’équipe qui menait 1-0 à la mi-temps se soit fait étriller de la sorte. D’autant que j’avais ressenti chez les joueurs avec lesquels j’échangeais sur le net une grosse envie de se qualifier. Dommage !

Etes-vous déçu de ne pas avoir pris part au tournoi ?

Très déçu même. Au départ, je me consolais par le rêve de jouer les JO de Londres, ce qui fait que cette élimination m’est restée en travers de la gorge.

Vous avez aussi raté l’opportunité d’être supervisé par Vahid Halilhodzic qui été présent à Tanger…

Dommage ! D’autant que j’ai entendu dire qu’il a été séduit par quelques-uns. C’est une bonne chose. Cela prouve au moins que les portes de la sélection A nous sont ouvertes à tous. Il suffira juste de bosser et d’être bon pour être pris. Sincèrement, c’est motivant.

Ça confirme aussi la politique de rajeunissement que prône le sélectionneur…

Absolument. C’est la première fois qu’un entraîneur convoque un aussi grand nombre de joueurs au cours du même stage. 31 joueurs, ce n’est pas rien ! Ça nous encourage nous les jeunes à continuer à travailler pour être à la hauteur d’une convocation.

Votre mission ne risque pas d’être facile avec la présence de Belhadj et Mesbah, non ?

Sans aucun doute. Belhadj et Mesbah sont quand même les deux meilleurs arrières gauches algériens en activité. C’est de supers joueurs que j’aime personnellement regarder jouer. Je ne les vois pas comme des obstacles, mais plutôt comme des modèles à suivre. Je serais ravi de les côtoyer durant les stages rien que pour apprendre avec eux. C’est des joueurs qui ont quand même accumulé une grosse expérience. Ils ont beaucoup de choses à nous transmettre.

En parlant de Belhadj, savez-vous qu’il s’est qualifié aux demi-finales de la Coupe du monde des clubs et qu’il affrontera le FC Barcelone jeudi ?

Ils ont éliminé l’Espérance ! Bravo ! Je suis super content pour lui. Je lui souhaite beaucoup de réussite face au Barça.

Quel est votre arrière gauche préféré local et Mondial ?

En Algérie, j’aime bien Mesbah. C’est un vrai arrière gauche à l’italienne. Il est d’une régularité impressionnante. Après, j’aime aussi Marcelo du Real.

Après six mois de présence au Mans, vous dites-vous être complètement intégré dans le groupe ?

Maintenant, oui. Mais ça n’a pas été le cas au départ. J’étais comme perdu à mon arrivée. D’autant que ça coïncidait avec le Ramadhan. Ça été vraiment dur. L’éloignement et puis tout était nouveau pour moi. Je ne parlais pas beaucoup. J’étais presque effacé. Mais dès le coup d’envoi du championnat, je me suis complètement lâché. Après, je n’oublierai pas le soutien de Ouali et Khedaïria. Ils m’ont beaucoup aidé.

Comment avez-vous passé votre premier Ramadhan loin du pays et de la famille ?

C’était dur. Croyez-moi, j’ai failli pleurer un soir.

En tant que joueur professionnel, avez-vous ressenti une différence avec le MCA ?

Dès le départ. Au-delà des infrastructures, ici, on contrôle tout. Ce que vous mangez, votre hygiène de vie, tout, quoi. On ne badine pas avec la discipline. Chaque minute de retard vous coûtera 5 euros. Ici, on fait en sorte que vous soyez prêt pour chaque match. Toute la différence est là. Au pays, on allait à l’entraînement plus pour jouer au football et s’amuser. C’était d’abord une passion.

Dans quel championnat aimeriez-vous jouer à l’avenir ?

Je n’ai pas envie de griller les étapes. Je voudrais d’abord percer en France. Jouer en Ligue 1. Après, à long terme, décrocher un contrat en Espagne ou en Italie serait le top.

Comment étaient les retrouvailles avec Saïfi ?

Un plaisir ! J’étais très content de le revoir. Toujours aussi phénoménal ! Un vrai maestro sur le terrain. Le regarder jouer est toujours un régal pour les yeux.

Vous jouez dans une équipe surprenante, vous jouez, vous séduisez, mais vous perdez souvent au bout, comment l’expliquez-vous ?

Nous-mêmes, on ne comprend rien. On domine souvent nos adversaires, mais on perd au bout. A la longue, ça devient frustrant.

Cela est peut être dû à la pression du public…

Pas vraiment. Les supporters sont toujours derrière l’équipe. Personnellement, je ne peux pas parler de pression du moment que je viens du MCA. Ça me connaît (rires).

Suivez-vous le parcours du MCA en championnat ?

Bien sûr. Je ne rate presque jamais les matches du Mouloudia. C’est quand même mon club du cœur. Je n’oublie pas d’où je viens.

Une pensée pour quelqu’un ?

Mekhazni. C’est lui qui m’a lancé.

Etes-vous encore en contact avec vos anciens coéquipiers ?

Le contact n’a jamais été rompu. J’échange quotidiennement avec Daoud, Amroune, Bessegheir, Bouchema, Zemmamouche.

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Coéquipiers et plus si affinités

La preuve que Brahim Boudeboubda s’est complètement intégré au Mans FC, l’emballement de ses partenaires qui l’ont tous entouré et partagé avec lui le bonheur de ce trophée «cher» au latéral gauche, tout content de cette distinction qui a fait la fierté de tout le monde au Mans, à commencer par le président Henri Lagarda et l’entraîneur Arnaud Cornier.

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Saïfi son idole

Tout comme Sid-Ali Yahia-Cherif, Brahim Boudebouda voue beaucoup de respect à Rafik Saïfi qu’il considère comme son idole. L’attaquant d’Amiens, qui n’hésite jamais à prodiguer des conseils aux jeunes Algériens, a fini par gagner le respect de tous, si bien que lorsqu’il parle de lui, c’est toujours avec des yeux admiratifs, presque rêveurs. Brahim Boudebouda avoue avoir éprouvé un grand plaisir à revoir Rafik Saïfi qui, comme lui, est passé par le MCA, lors du match Le Mans-Amiens.

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Défenseur, mais buteur

Brahim Boudebouda est resté fidèle à lui-même. Porté vers l’avant, malgré ses obligations défensives, l’international espoirs n’a pas été recadré à son arrivée au Mans. Aussi prolifique défensivement qu’offensivement, Boudebouda figure parmi les buteurs de l’équipe. L’ex-Mouloudéen en est à son deuxième but en championnat. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.