Bouchouareb : « il faut revoir toutes les politiques… »

Bouchouareb : « il faut revoir toutes les politiques… »

L’un après l’autre, les représentants des pouvoirs publics reconnaissent que le temps des vaches maigres est arrivé s’agissant du train de vie de l’Etat. L’effondrement des cours du pétrole descendus même en dessous de 60 dollars aujourd’hui, a incité les ministres à se départir de leur optimisme béat.

«La conjoncture actuelle nous impose de revoir toutes les politiques qui ont été menées jusqu’à maintenant et d’en faire une évaluation avant d’aller concrètement vers la promotion de la production nationale». Ces aveux sont du ministre de l’Industrie et des mines, Abdesslam Bouchouareb lors d’une réunion consacrée à la relance de la production nationale en présence de plusieurs organisations patronales et de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

Vingt quatre heures après que le gouverneur de la Banque d’Algérie ait tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences de la contraction des cours du brut sur les capacités financières du pays, voilà qu’un ministre très proche des hautes sphères s’en fait l’écho.

Fini le discours presque arrogant sur le maintien de tous les programmes budgétivores du gouvernement et sur une prétendue immunité de l’Algérie aux caprices du marché pétrolier.

On est tenté de dire «enfin», tant les experts et les acteurs politiques n’ont de cesse de mettre en garde le gouvernement contre la tentation de poursuivre sa politique dépensière dans un contexte pétrolier volatile.

Brusque retour sur terre

Il faut rappeler que le Premier ministre Abdelmalek Sellal a réuni lundi un mini Conseil du gouvernement pour arrêter une feuille de route dans le sillage de cette décrue pétrolière.

Il s’est agi notamment de mettre en veilleuse certains projets non prioritaires qui peuvent attendre et réduire autant que faire se peut les dépenses de fonctionnement. Le gouvernement aurait même arrêté le principe de couper dans les salaires des hauts responsables dans une opération qui s’apparente à une sorte «devoir d’exemplarité».

Mieux vaut tard que jamais dirions-nous surtout que la déprime du marché pétrolier semble s’installer dans la durée selon les prévisions des experts.

Pétrole cher ? Les monarchies n’en veulent pas !

Il serait en effet suicidaire pour le gouvernement de ne pas tenir compte des mises en gardes qui lui sont adressées.

L’exemple de la Russie dont la monnaie a chuté de 89% fait craindre le pire pour l’économie nationale qui dépend à 97% de la rente pétrolière. Ceci d’autant plus que les monarchies du Golfe ne sont pas pressées d’agir pour redresser la cours du brut.

Le ministre koweïtien du Pétrole a estimé aujourd’hui mardi que l’Opep n’avait pas besoin de changer sa décision sur la production pour contenir l’effondrement des cours du brut, comme le réclame l’Algérie.

«L’Opep n’a pas besoin de changer sa décision de maintenir inchangé son plafond de production lors de sa réunion le 27 novembre à Vienne, a déclaré le ministre Ali al-Omair à des journalistes au Parlement. Pis encore, il ajoute que «Le Koweït estime que la décision était correcte et nous devrions la maintenir».

L’Algérie ne devrait donc pas compter sur ces monarchies pro américaine qui dirigent le Cartel de l’Opep pour stabiliser les cours du brut. D’où la nécessité de recourir aux leviers locaux pour faire face à cette conjoncture très dure.