Dès sa nomination à la tête du Ministère de l’Industrie, Abdesselam Bouchouareb a procédé au limogeage du Pdg du GICA (Groupement Industriel du Ciment d’Algérie) pour nommer un de ses amis particulièrement enclin à la docilité.
Aussitôt installé, il lui donna toute affaire cessante l’ordre d’annuler tous les projets lancés par son prédécesseur. La première victime fut la Wilaya de Béchar qui se réjouissait déjà d’accueillir un grand chantier de réalisation d’une cimenterie, à Beni Zireg, destinée à mettre fin aux déboires des populations et des entreprises de construction publiques et privées.
Le Wali de Béchar et le Chef de la 3ème Région Militaire avaient pesé de tout leur poids pour pousser les responsables du secteur à accélérer les procédures et réaliser le rêve de toutes ces populations contraintes de parcourir des centaines de kilomètres pour se procurer du ciment. Les études furent réalisées et l’appel d’offre n° 01/DG/SSC/2013 lancé en bonne et due forme.
Il s’agissait d’une cimenterie en multi-lots d’une capacité de production de 3 200 tonnes de clinker par jour. Le délai de réalisation était de 28 mois. Après plus de six mois de négociations, un contrat très avantageux pour la partie algérienne fut signé avec un groupement chinois qui entama aussitôt la préparation du lancement des travaux qui allaient offrir des opportunités d’emploi aux populations de la région : plus de 500 emplois directs et 3 500 emplois indirects (Cf. l’article publié dans le Quotidien d’Oran du 29-09-2014 ).
Bouchouareb, sans donner aucune justification, ordonna au Pdg du GICA d’annuler le marché. Cela fut fait et accompli. Quelques jours après l’annulation du marché, ledit ministre ordonna au Groupement GICA d’élaborer un cahier des charges afin de lancer un nouvel appel d’offre. Le nouveau cahier des charges élaboré induisit de nouvelles dépenses.
Après le lancement de ce nouvel appel d’offre, il faudra attendre au moins une année pour le voir aboutir. Résultat : la région de Béchar s’est vue pénalisée, elle attendra encore une année ou deux, voire plus. Le Groupement GICA, quant à lui, devra certainement payer deux ou trois fois le coût initial qui était de 185 millions d’euros. COSIDER, pour sa part, fut déchargée de la réalisation du module génie civil qui allait lui être confié conformément au contrat initial. Le même sort fut réservé au projet de la cimenterie de Sigus, à l’Est du pays, et celui de l’extension de la cimentrie de Zahana, à l’Ouest, des projets annulés pour des raisons connues du seul ministre Bouchouareb.
Les spécialistes disent que les pertes se chiffreront en centaines de milliards de dinars et les seuls bénéficiaires de ce tour de prestidigitation seront LAFARGE, les importateurs de ciment en intelligence avec le ministre et le PDG du GICA qui se prépare, selon ses dires, à bientôt occuper un siège de sénateur au titre du tiers présidentiel.
Toutes ces informations sont vérifiables. Il est impératif qu’une enquête soit ouverte pour comprendre les tenants et aboutissants de cette scabreuse affaire et situer les responsabilités de celui qui se targue d’être l’ami de Saïd Bouteflika, alors que certains le donnent favori pour remplacer Sellal.
Par ailleurs, il faut ajouter enfin que le ministre de l’industrie ne daigne même plus se rendre aux deux chambres du Parlement pour répondre aux questions orales : il se décharge, comme Sellal, sur le ministre des relations avec le Parlement.