C’est un Hameur Bouazza plus dégoûté par la tournure que prennent les évènements, mais aussi remonté, parce qu’il venait de lire le concernant dans la presse du matin, que nous avons rencontré hier matin en région parisienne. Un Bouazza qui a tenu à nous accorder cet entretien pour que les supporters de l’Entente de Sétif, le peuple sétifien, mais aussi toute l’Algérie du football, sachent la teneur réelle du litige qui l’oppose au club symbolisé par l’Aigle noir. Un Hameur Bouazza désabusé, car ayant l’impression que dans cette affaire, l’instruction soit entièrement à charge le concernant, en appelle même à une médiation du président de la Fédération Mohamed Raouraoua.
Hameur Bouazza, nous sommes ravis de vous rencontrer dans votre département natal de l’Essonne au sud de Paris. Mais ne devriez vous pas être du côté de l’Entente de Sétif pour y affronter l’ASO Chlef…
– Effectivement, normalement, si tout avait été normal, j’aurais dû être sur le terrain pour y disputer une rencontre de championnat face à l’ASO Chlef de mon ami Samir Zaoui, mais hélas, il y a des moments dans la vie où un homme doit prendre ses responsabilités. Moi, j’ai pris les miennes, j’ai quitté l’Entente de Sétif qui n’a pas été réglo avec moi. Et encore, je pèse mes mots.
– Que voulez vous dire par réglo ?
– Et bien c’est simple, je n’ai pas été payé depuis deux mois, et malgré mes interrogations nombreuses, les personnes que j’ai eues en face ne semblaient pas enclines à me payer. Et comme l’Entente de Sétif est une entreprise régie par le code du travail vis-à-vis de ses salariés comme toutes les entreprises d’Algérie, un employé, qui n’est pas payé sans explication, n’a d’autres solutions que de cesser le travail. Si je veux faire du bénévolat fi sab Allah il y a beaucoup d’endroits plus utiles où je pourrai être utile qu’un club professionnel de football.
– Si vous n’avez pas été payé depuis deux mois, pourquoi être parti maintenant. Que s’est-il passé ?
– Je vais tout vous expliquer. J’ai signé un contrat de 2 ans en faveur de l’Entente de Sétif en septembre dernier. Un contrat où il était stipulé que je touche 3 mois de salaire d’avance et que ma prochaine date de paiement sera le 31 janvier 2014. J’ai accepté les termes de ce contrat et j’ai touché mes 3 mois d’avance, à savoir le salaire d’octobre, celui de novembre et enfin celui de décembre. Mais lors de cette signature de contrat, mes agents et moi avions imposé un avenant supplémentaire qui avait été accepté par le club sétifien.
– Et que disait cet avenant ?
– Cet avenant stipulait noir sur blanc que si à l’issue du 31 janvier je ne recevais pas la deuxième partie de mon salaire, j’avais le droit de résilier unilatéralement mon contrat et de partir sous d’autres cieux. Un avenant signé et tamponné par les deux parties en même temps que le contrat.
– Mais donc où est le problème. Nous sommes le 22 février, vous n’avez pas été payé. La date du 31 janvier est dépassée, vous êtes en droit de résilier, non ?
– Non, car le club sétifien en enregistrant mon contrat à la Ligue de football professionnel a envoyé seulement le contrat et n’a pas envoyé l’avenant. Sur mon contrat tel qu’il a été enregistré à la ligue, il ne figure aucun avenant. Heureusement que je n’étais pas seul lors de la signature, car c’est comme si cet avenant n’avait jamais existé. Malgré cette histoire, depuis le 31 janvier j’étais en grande discussion avec mon club pour être payé et quand j’ai senti que je ne recevrais jamais mon argent que j’ai décidé de partir comme le stipulait mon avenant, car, enregistré ou pas, moralement j’avais accepté de signer avec cet avenant et eux aussi.
– Vous voulez aller au clash…
– Non, moi je ne veux pas d’histoire. C’est l’Entente de Sétif qui n’arrête pas de se répandre dans la presse en instruisant à charge. J’étais effaré de lire dans les journaux ce matin que j’avais abandonné l’équipe et que j’allais passer en conseil de discipline. Personne ne parle du problème qui m’a amené à partir. Seul le président de la fédération, Mohamed Raouraoua, a pris la peine de m’écouter et d’analyser objectivement la situation.
– Que voulez-vous au juste maintenant ?
– Je vis en Algérie depuis le mois de septembre de manière permanente. Partout où je suis allé, les gens ont toujours été superbes avec moi. Moi, je suis un international, j’ai une image en Algérie, je suis un patriote et jamais je ne pourrai nuire à mon pays, ma fédération ou son président qui a toujours été superbe avec moi et qui a toujours gardé le contact, même lorsque je n’étais plus en équipe nationale.
– Vous ne comptez pas ester votre club en justice, voire aller au tribunal arbitral du sport ou encore à la FIFA ?
– Ecoutez-moi bien, je sais que ce n’est que du football, mais j’ai pris des cailloux dans la tête au Caire en 2009 pour l’Algérie. Vous me voyez porter plainte contre un club de mon pays ou mettre mal à l’aise l’image de mon pays et sa fédération sur le plan international ? Un Algérien ne peut pas faire ça.
– Que comptez-vous faire ?
– Je demande à mon ancien club d’arrêter de me salir dans la presse et de résilier mon contrat, c’est tout. Je ne veux pas d’argent, pas de compensation, rien du tout. Je veux juste qu’on me laisse tranquille et qu’on arrête de s’afficher inutilement. Je souhaite l’arrêt de toute polémique et je le répète, je ne veux pas d’argent, je veux juste une résiliation à l’amiable.
– Un dernier mot…
– Je voudrais présenter mes excuses au public sétifien et lui assurer que je ne l’ai pas abandonné. J’ai travaillé plus dur que les autres aux entraînements pour rattraper mon retard physique et j’étais motivé. Je n’ai que des amis à Sétif, mais j’ai un loyer et une famille à charge et je dois gagner ma vie. Personne ne peut travailler gratuitement, car le réfrigérateur ne se remplit pas automatiquement.
M. B.