Après plus d’un an de détention, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a bénéficié d’une grâce présidentielle décidée par le président Abdelmadjid Tebboune.
Condamné en novembre dernier à cinq ans de prison pour des propos jugés attentatoires à l’unité nationale, tenus dans un média français d’extrême droite, l’auteur de Le Village de l’Allemand va être transféré en Allemagne pour y recevoir des soins médicaux.
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Boualem Sansal gracié : un geste d’Alger qui rouvre le dialogue avec Paris et Berlin
Cette décision, annoncée mercredi soir à Alger, a suscité une réaction immédiate du président français Emmanuel Macron, qui a remercié son homologue algérien pour ce geste d’ouverture. Depuis Toulouse, le chef de l’État français s’est dit « disponible pour poursuivre le dialogue » entre les deux pays, saluant une initiative marquée par « le respect, le calme et l’exigence ».
Il a également tenu à remercier l’Allemagne pour son rôle de médiation dans la libération du romancier et essayiste. « Cette grâce est le fruit des efforts constants de la France et d’une méthode faite de respect, de calme et d’exigence », a déclaré Macron.
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Le Premier ministre français, Sébastien Lecornu, s’est lui aussi exprimé peu après l’annonce, faisant part du « soulagement » du gouvernement. Depuis l’Assemblée nationale, il a indiqué : « Nous souhaitons qu’il puisse rejoindre ses proches au plus vite et être soigné. » Lecornu a également remercié l’ensemble des acteurs ayant contribué à cette issue, saluant « une méthode fondée sur le respect et le calme ».
Boualem Sansal bientôt soigné en Allemagne
La libération de Boualem Sansal intervient après une médiation diplomatique active menée par Berlin. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier avait adressé une demande officielle à Abdelmadjid Tebboune pour un « geste humanitaire », invoquant la dégradation de l’état de santé de l’écrivain de 76 ans.
L’affaire Sansal avait ainsi provoqué, en novembre dernier, une crise diplomatique aiguë entre Alger et Paris, entraînant un gel de plusieurs échanges bilatéraux. Son arrestation, perçue comme une sanction politique par de nombreuses ONG et personnalités françaises, avait tendu les relations déjà fragiles entre les deux capitales.
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Pour plusieurs observateurs, cette grâce représente un tournant diplomatique. Elle pourrait marquer une reprise du dialogue entre les deux pays, sur fond de volonté commune d’apaisement. À Paris comme à Berlin, la décision d’Alger est perçue comme un signal positif, alliant humanité et diplomatie.
Toujours discret, Boualem Sansal n’a pas encore réagi publiquement. Mais sa libération, saluée des deux côtés de la Méditerranée, apparaît déjà comme un geste fort de réconciliation, mêlant littérature, diplomatie et humanité.
