Boualem Amoura, secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), à l’Expression: “La décision du gouvernement est un passage en force”

Boualem Amoura, secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), à l’Expression: “La décision du gouvernement est un passage en force”

Le gouvernement aurait dû prendre en considération les propositions des partenaires sociaux. Sa décision unilatérale est méprisante tant pour les syndicats que pour la ministre de l’Education.

L’Expression: Apparemment, la date choisie par le ministère de tutelle pour le déroulement de la session spéciale du bac, à savoir entre les 13 et 17 juillet, ne vous a pas plu. Pouvons-nous savoir pourquoi?

Boualem Amoura: Effectivement, nous contestons la décision du gouvernement d’organiser la session spéciale du bac à cette date. Je dis le gouvernement, car je ne pense pas que c’est la ministre de l’Education qui a décidé de cette date. Car cette dernière a déclaré autre chose lors de sa dernière réunion avec les syndicats. Elle a déclaré que la date de la session spéciale du bac va se décider vendredi matin lors de la réunion de la Commission regroupant les trois départements ministériels, à savoir l’éducation, l’intérieur et les télécommunications.

Or, ce que nous avons remarqué, est que la décision a été prise et rendue publique jeudi soir. Cela est grave à nos yeux. Car, il dénote que le gouvernement méprise à la fois la ministre de l’Education et les partenaires sociaux. Cela d’une part. Nous nous opposons à cette date, car elle est irréfléchie et antipédagogique, d’autre part. Elle intervient en fait dans une période où tous les acteurs censés assurer le déroulement de cette session, sont épuisés. Je pense particulièrement aux enseignants, aux agents administratifs et aux services de sécurité.

Quelle est la date qui allait vous arranger vous en tant que syndicats et que vous avez vous-même proposée lors de la dernière réunion?

D’abord, permettez-mois de vous clarifier une chose. Nous, en tant que Satef, nous nous sommes opposés même par rapport à l’organisation d’une session spéciale au profit des retardataires. Nous avons répondu présents à cette réunion, juste pour ne pas faillir à notre responsabilité de représentants d’une corporation. Pour ce qui est maintenant de la date proposée par les syndicats. Ces derniers se sont mis d’accord sur le début de septembre.

Nous nous sommes mis d’accord sur cette date. Car nous pensons que cette date arrangera tous les acteurs concernés par l’organisation d’une telle session. De plus, l’organisation des sessions spéciales a déjà eu lieu à cette date par le passé en Algérie.

Vous dites que votre syndicat s’oppose à l’organisation d’une session spéciale, pourrions-nous savoir pourquoi?

Oui nous sommes contre l’organisation d’une session spéciale au profit des retardataires et des absents, car nous pensons que cette deuxième chance, est un encouragement à la paresse et un mépris pour les élèves sérieux et studieux. Ces derniers ont tenu non seulement à être à l’heure aux centres d’examen, mais ils ont passé leur examen dans des conditions très pénibles (jeûne et canicule). Et puis, il faut souligner que sur les 104 000 élèves qui vont bénéficier de cette session, 90% parmi eux sont des candidats libres. La quasi-majorité de ces candidats n’ont même pas pris la peine de se présenter le jour du bac.

Ne voyez-vous pas qu’il est temps d’instaurer en Algérie une deuxième session pour de bon en ce qui concerne le bac?

Non je ne partage pas du tout cet avis. Car, il faut savoir que le diplôme du bac est un diplôme mondial. Chercher à instaurer une deuxième session, c’est chercher à discréditer le bac algérien. Une deuxième session pour le bac n’existe nulle part ailleurs. La solution qui convient pour l’organisation du bac en Algérie, est de revoir le nombre de matières concernées par cet examen.

A ce titre, nous proposons à ce que les élèves ne passent durant le bac que les matières essentielles. Bien entendu, selon les filières. L’examen dans les matières secondaires doit se dérouler soit vers la fin de la deuxième année secondaire, pour les exclure complètement en terminale, ou prendre les notes des trimestres obtenues en ces matières dans la moyenne générale du bac. La durée de l’examen du bac en Algérie est très longue. C’est ce qui rend son déroulement compliqué pour toutes les parties concernées par son déroulement.

Vous avez dit tout à l’heure que la décision du gouvernement d’organiser la session du bac sans la prise en compte des dates proposées par les partenaires sociaux est méprisante aussi bien pour la ministre de l’Education que pour les syndicats. Pouvons-nous comprendre que vous n’allez pas laisser passer cela sous silence à l’occasion de la rentrée scolaire prochaine?

Absolument, je peux vous affirmer d’ores et déjà que la prochaine rentrée scolaire sera houleuse. Cette décision unilatérale du gouvernement ne passera pas inaperçue. Les syndicats du secteur de l’éducation qui font partie de l’intersyndicale, vont certainement aborder ce qui vient de se passer lors de nos prochaines réunions. Nous allons réagir pour dire stop au gouvernement et à sa politique et pour éviter aussi l’effet boule de neige. Nous sommes des syndicats et nous savons exactement comment notre gouvernement fonctionne.