Boualem Amoura, secrétaire général du SATEF, à L’expression : “Il n’est pas trop tard pour suspendre la nouvelle loi sur la retraite”

Boualem Amoura, secrétaire général du SATEF, à L’expression : “Il n’est pas trop tard pour suspendre la nouvelle loi sur la retraite”

Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), est l’un des acteurs les plus actifs de l’intersyndicale créée il y a quelques mois pour revendiquer l’annulation de la nouvelle loi sur la retraite adoptée récemment par le gouvernement. Dans l’entretien qu’il nous a accordé ci-après, il aborde notamment les motifs de l’initiation de la marche du 1 er mai prochain décidée à l’unanimité par l’intersyndicale et explique le choix du lieu, ainsi que la date de la tenue de cette marche.

L’Expression: L’intersyndicale a décidé lors de la dernière réunion d’observer une marche le 1er mai prochain à Béjaïa. Pouvez-vous nous donner les motifs d’une telle action?

Boualem Amoura: Les motifs de cette énième action sont les mêmes que ceux pour lesquels nous avons décidé les précédentes actions. Vous l’aurez compris; il s’agit de la revendication de suspendre la nouvelle loi sur la retraite, la révision du Code du travail et surtout plaidoyer pour l’amélioration du pouvoir d’achat lequel est à son plus bas niveau.

Vous avez choisi la date du 1 er mai et la ville de Béjaïa pour mener cette action. Peut-on savoir pourquoi votre choix s’est porté sur cette date et la ville de Béjaïa justement?

Nous avons choisi la date du 1 er mai, parce que nous estimons que cette date appartient aux travailleurs, donc il n y a pas mieux pour des travailleurs de faire valoir leurs droits et de crier leur colère comme en cette date qui normalement devait intervenir dans des conditions meilleures pour les travailleurs. Car à la base c’est une date triste. Pour ce qui est du choix de la ville de Béjaïa, effectivement une telle action normalement devrait se tenir à la capitale, Alger, mais comme la capitale est toujours concernée par l’état d’urgence. Ce que nous avons eu à constater nouvellement à l’occasion de la dernière marche que nous avons voulu organiser au mois de novembre dernier, nous avons opté pour Béjaïa, une ville à traditions revendicatives et disposant de nombreux militants.

Franchement ne voyez-vous pas que c’est déjà trop tard pour revendiquer la suppression de la nouvelle loi sur la retraite, étant donné que cette dernière est déjà adoptée par le gouvernement?

Vous savez, il n’est jamais trop tard. pour bien faire. En plus, notre revendication ne sera pas la première du genre en Algérie. Il y a eu déjà des lois sur lesquelles le gouvernement est revenu. Je pense particulièrement à la loi sur les hydrocarbures. Donc notre démarche est tout à fait légitime. La nouvelle loi sur la retraite va à l’encontre des droits des travailleurs. Se taire et laisser faire seraient une lâcheté de la part des travailleurs et un encouragement pour le gouvernement d’initier à l’avenir d’autres lois de cette nature.

Le ministre du Travail affirme que rien ne se fera, s’agissant de l’adoption du nouveau Code du travail sans la concertation des syndicats autonomes. Peut-on savoir pourquoi vous avez programmé ce point parmi vos revendications?

Effectivement, le ministre du Travail nous a remis le document du nouveau Code du travail et nous a laissé le temps pour bien l’étudier, mais nous avons décidé de programmer ce point pour dire justement que ce nouveau code est mauvais et qu’il va à l’encontre des droits des travailleurs. Pour être clair, le nouveau Code du travail est conçu pour servir davantage les intérêts des patrons. Donc la marche du 1er mai sera une aubaine pour nous, syndicats, de battre en brèche ce code avant qu’il ne soit trop tard.

La date du 1 er mai interviendra cette année à la veille des élections législatives du 4 mai, ne craignez-vous pas une réaction musclée de la part des pouvoirs publics pour l’empêcher?

Absolument pas! Nous sommes déterminés à réussir cette action, laquelle est vitale pour nous. Pour sa coïncidence avec la veille des élections, je vous dirai que nous avons choisi aussi cette date volontairement pour sensibiliser le maximum possible de partis politiques par rapport à notre plate-forme. Comme cela demain, ils vont nous aider dans le prochain Parlement pour annuler ces deux lois.