Bordj Bou Arréridj,Cent mille quintaux d’olives attendus

Bordj Bou Arréridj,Cent mille quintaux d’olives attendus

La wilaya de Bordj Bou Arréridj est détentrice de six huileries modernes, 53 pressoirs semi automatiques et 35 traditionnels

Un ramasseur d’olives gagne jusqu’à 1500 DA par jour faisant ainsi grimper le prix du prix du litre d’huile d’olive entre 500 et 600 DA.

Cent mille quintaux d’olive sont attendus dans les oliveraies de la wilaya de Bordj Bou Arréridj s’étendant sur plus 20.000 hectares, soit une production de plus de 10% par rapport a l’année précédente, malgré un manque de plus en plus net d’une main-d’oeuvre qualifiée pour la cueillette, notamment dans les régions kabyles du nord des Bibans, réputées pour leur huile d’olive savoureuse et limpide comme l’eau de source à l’exemple de Bouda Teffreg El Djaâfra, El Colla, Teniet En nasr, Mansourah El Mehir, Ouled Sid Ibrahim. «Nous manquons cruellement de main-d’oeuvre dans les régions isolées où sont plantés les plus vieux oliviers, presque centenaires et seuls les vieux et les vielles femmes gardent encore les gestes manuels de la cueillette des olives sur les sentiers abrupts, les jeunes sont partis dans les villes et ne reviennent qu’à l’occasion, comme pendant les vacances scolaires» a déclaré a L’Expression le patriarche de la famille Baghoura Tahar, une traditionnelle famille de la commune de Teffreg, qui s’apprête a réunir toute la famille pour se lancer dans la cueillette des olives d’environ 800 oliviers.

«Notre huile est la meilleure du monde, nos oliviers poussent sur des montagnes et datent de plus 80 ans, ils ont été plantés par les ancêtres et notre famille est connue pour la qualité de ses produits», insistera Si Tahar Baghoura, oubliant que tous les producteurs d’olive et d’huile disent la même chose dans l’ensemble des oliveraies de la régions des Bibans affirmant que «l’huile d’olive du nord de la wilaya de Bordj Bou Arreridj guérit toute les maladies, allonge la vie et a été bénie par tous les saints des zaouïa des wilayas de Béjaïa, de Bordj Bou Arreridj, de Sétif et de M’sila», soit l’immense territoire contrôlé avant l’occupation française, par la tribu des Mokrani. A s’attarder, avec les vieux des communes du nord des Bibans dont certains dépassent facilement les 70 ans, la cueillette des olives est le meilleur moment de leur vie et représente un lien social indéniable entre les douars et les familles kabyles. La majorité des personnes âgées reconnaissent qu’ils avaient connu leurs femmes les jours de la cueillette des olives. Aujourd’hui, les jeunes, garçons et filles, sont partis faire leur vie dans d’autres contrées, loin des oliviers, de la vigne et des figuiers, d’où ce manque désolant de la main-d’oeuvre. Un ramasseur d’olives gagne jusqu’a 1500 da par jour faisant grimper le prix du prix du litre d’huile d’olive entre 500 et 600 DA, alors que l’olive de table a déjà dépassé les 300 DA le kilogramme.

En ce moment les huileries fonctionnent au ralenti dans toutes les régions productrices d’olives. Les huiles préférées, bien qu’elles se ressemblent toutes, avec la même couleur et le même goût, restent celles des huileries traditionnelles détenues par quelques familles et bien sûr, comme le précise aussi le patriarche de la famille des Dadouche d’El Colla, Si Arezki «que chacun vante son huile comme il veut, je sais que mon huile est la meilleure d’Algérie et que les autorités nous fassent un concours de la meilleure olive et de la meilleure huile». L’idée n’a jamais été exploitée par la direction de l’agriculture, de la chambre de l’agriculture ou l’Union des paysans algériens. Il s’agit de donner aux huiles des Bibans un label de qualité distinctif par rapport aux autres productions des autres régions du pays. L’initiative est louable à plus d’un titre puisque des jeunes veulent se lancer dans une production d’huile d’olive, mais veulent leur propre «étiquette».Toutes les régions de la wilaya de Bordj Bou Arreridj appellent à un label de qualité et malheureusement leur appel n’est pas entendu. Au niveau de la direction de l’agriculture, on affirme que le volet commercial dépend de la chambre de l’agriculture ou de la chambre de commerce de la région. Retenons que l’olivier ancestral constitue plus de 70 pour cent du revenu de nombreuses familles dans les régions du nord de la wilaya, notamment les vieilles personnes et certaines familles qui n’ont jamais abandonné leurs traditions. Pour les services techniques de la direction de l’agriculture, il est encore tôt pour se prononcer sur la production totale des oliveraies et il faut attendre la fin de la campagne de la cueillette d’olives pur avoir une précision.

Il faut retenir que la wilaya de Bordj Bou Arreridj est détentrice de six huileries modernes, 53 pressoirs semi-automatiques et 35 traditionnels. Les plus veilles huileries sont implantées dans les daïras de Djaâfra, de Zemmourah et de Mansourah. Mais dire que l’huile de telle ou telle commune est la meilleure, c’est manquer de respect à Si Rabah Baghoura ou Si Dadouche Arezki qui ont toujours offert une galette d’orge et une assiette d’huile d’olive a tout moment de la journée. L’hospitalité kabyle du nord de la wilaya des Bibans est sacrée.