De plus en en plus de jeunes médecins préfèrent aller travailler dans le privé, où ils peuvent gagner jusqu’à dix fois plus.
Les listes d’attente des malades et les blocs opératoires qui roulent au ralenti ont mis en lumière le problème de démographie médicale qui touche les anesthésistes-réanimateurs à Bordj Bou-Arréridj. Dans la région, 90 voire 100% des postes en anesthésie-réanimation sont vacants dans les hôpitaux publics.
De plus en en plus de jeunes médecins préfèrent aller travailler dans le privé, où ils peuvent gagner jusqu’à dix fois plus. Pour fonctionner, les hôpitaux sont obligés de charger le médecin présent ou de reporter les interventions à des dates ultérieures. “Bordj Bou-Arréridj est à une heure trente d’Alger. C’est une ville active, un pôle économique important, avec des collèges, des lycées, une université et une vie culturelle intéressante. Ce n’est pas un désert et, pourtant, nous n’arrivons pas à attirer des médecins”, se désole ce praticien qui exerce à l’hôpital Bouzidi-Lakhdar depuis des années. Et d’ajouter : “Dans notre hôpital, il y a dix ans, ils étaient pas moins de 6 praticiens. Aujourd’hui, il y a une anesthésiste-réanimatrice pour tous les services”.
Cette pénurie est accentuée par la concurrence du secteur privé. Les jeunes praticiens désertent l’hôpital public pour des revenus plus attractifs, de meilleures conditions de travail et surtout davantage de reconnaissance. “Nous venons de voir partir l’une de nos médecins, très brillante, en poste depuis trois ans. Une clinique lui a proposé de gagner dix fois plus et sans garde. Difficile de lutter dans ces conditions”, nous dit un responsable du secteur.
Et de poursuivre : “Certains praticiens se mettent à temps partiel et vont faire des remplacements dans un autre établissement. Certains ont même des postes à plein temps dans un hôpital et font de l’intérim ailleurs, sur leur temps libre. C’est parfois à la limite de la légalité, mais tout le monde ferme les yeux, car il faut bien faire tourner les services”. Pis encore, avant, le TS pouvait pratiquer une anesthésie pour un certain type d’opérations chirurgicales mais avec les nouvelles lois, rien ne se fait sans la présence du médecin spécialiste en anesthésie-réanimation. Cette situation a créé un cumul et une liste d’attente qui s’allonge de jour en jour.