Bordeaux sacré champion de France

Bordeaux sacré champion de France

C’est fait ! Dix ans après son dernier titre de champion de France déjà acquis lors de la dernière journée et aux dépens de l’OM, Bordeaux trône de nouveau au sommet de la Ligue 1. Les Girondins ont fait le travail en s’imposant (1-0) samedi, lors de la 38e et dernière journée de championnat, à Caen, sur un but de Gouffran, qui envoie son ancienne équipe en L2 avec Le Havre et Nantes.

Bordeaux est le champion de France 2009. Et les Girondins ne doivent cette consécration qu’à leur talent. Personne, pas même les Marseillais, dauphins au classement, ne peut aujourd’hui contester la supériorité du club aquitain qui, pour mettre la main sur le sixième titre de champion de France de son histoire (1950, 1984, 1985, 1987, 1999), aura réussi une série inédite de 11 victoires consécutives dans ce sprint final (*).

Pour avoir lâché contre Toulouse (2-2) et contre les septuples champions de France lyonnais (1-3), lesquels auront si on peut dire choisi, après sept ans de règne, leur successeur à l’heure de rendre les armes, l’OM, tombeur de Rennes ce samedi (4-0), se contentera d’une place de dauphin.

Jamais au cours de cette 38e et dernière journée, les hommes de Laurent Blanc n’auront perdu des yeux, ne serait-ce que virtuellement, l’Hexagone, ce trophée de champion de France qui leur sera remis dimanche à 13 heures, sur une Place des Quinconces que l’on imagine déjà dégueuler de supporteurs jusqu’aux quais de la Gironde.

Il y aura certes eu cet épiphénomène des filets sur le but de Ramé, qui aura retardé le coup d’envoi de quelques minutes ou cette parade exceptionnelle en début de match du gardien bordelais, le dernier rescapé de 1999, sur un ballon dévié au premier poteau par Savidan sur un centre de Barzola et que Ben Khalfallah convoitait (un moment où Caen se savait relégable suite à l’ouverture du score de Saint-Etienne contre Valenciennes, ndlr). Deux péripéties sans conséquence…

Gouffran crucifie Caen

Car, pour le reste, Yoann Gourcuff, le symbole de ce Bordeaux arrivé à maturation, et ses coéquipiers seront allés chercher ce succès, ce record de victoires consécutives dans une saison, et surtout ce titre de champion de France qu’ils ramènent au Haillan, dix ans après les Sylvain Wiltord, Pascal Feindouno et toute la bande d’Elie Baup sacrés au parc des Princes.

Gouffran (6e), Fernando (13e) ou encore Chamakh (19e) auront ainsi couru sans réussite vers le bonheur en première période, les deux premiers butant sur un grand Planté quand le dernier était stoppé irrégulièrement à la limite de la surface de réparation par Barzola.

Comme un symbole, la délivrance est finalement venue en seconde période de Gouffran à la réception d’un centre de Tremoulinas suite à une combinaison sur coup franc, qui avait déjà fait mouche pour Bordeaux à Valenciennes (49e, 0-1).

Un Gouffran qui, couvé par Laurent Blanc, lequel ne l’aura pas abandonné malgré ses difficultés d’adaptation en début de saison, a exulté deux secondes, le temps de comprendre que ce but condamnait alors ses anciens coéquipiers normands.

Cette loi du sport, parfois heureuse, souvent cruelle, Laurent Blanc la connaît bien, lui qui a tout gagné comme joueur et qui aujourd’hui, deux ans après avoir embrassé la carrière d’entraîneur, compte un titre de champion de France à son actif et une Coupe de la Ligue.

Une consécration que l’intéressé a accueillie avec la réserve qu’on lui connaît après s’être permis de claquer une bise à Jean-Louis Gasset, son fidèle adjoint, juste avant le coup de sifflet final.

Blanc: « La base est forte »

« Savourez ces moments », lâchera ensuite le « Président » à l’endroit de ses hommes dans le vestiaire du Stade Malherbe de Caen, lui qui résumait cette semaine son métier par un: « Entraîner, c’est aimer ». Et aimer, c’est parfois faire souffrir comme cet hiver lorsque l’entraîneur bordelais et son staff auront infligé une remise à niveau physique du groupe au risque de vivre un mois de février difficile sur le plan comptable.

« Ça a fait la différence en cette fin de saison », estime aujourd’hui Blanc. Les onze victoires consécutives des Girondins sont là pour valider ce choix.

« On a fait le boulot, sans trembler », confiera au micro de Canal+ Jean-Louis Triaud, lequel avouera avoir vécu l’enfer depuis les tribunes. « On a fait une saison magnifique avec ces trois titres et ce record. En quatre ans, on a été deux fois deuxièmes et une fois premiers.

On est sur une bonne dynamique et on va poursuivre sur cette voie. » La prolongation de contrat de Gourcuff était une première étape, peut-être la plus importante. « Je me sens bien ici, je m’y suis épanoui, j’ai trouvé ma place, les gars ont été sympas avec moi », répète aujourd’hui l’intéressé, toujours sur l’antenne de la chaîne cryptée. « Il y a un groupe très sain. En plus avec de la qualité. »

« C’est une bonne nouvelle, d’abord pour lui à un an de la Coupe du monde, et pour le club », ajoutera le Président au micro d’Orange sport avant d’anticiper, déjà, l’intersaison à venir: « Il y aura peu de mouvements à Bordeaux.

Je crois en ce groupe et ce titre me dit que j’avais raison d’y croire. Depuis deux ou trois mois, je l’ai dit à mes dirigeants, je veux que l’ossature soit la même. Tant footballistiquement qu’humainement, la base est forte. » A l’instar de Laurent Blanc, on ne peut s’empêcher effectivement de penser que ce groupe fait un beau champion de France. Un digne héritier en somme de l’Olympique Lyonnais.

(*) En 1949, Lille avait réussi la même série mais à cheval sur deux saisons 1948-1949 et 1949-1950.