BONNE ANNÉE À L’ENFANT PALESTINIEN DANS LES GEÔLES D’ISRAËL Ahed Tamimi, je raconte ta bravoure

BONNE ANNÉE À L’ENFANT PALESTINIEN DANS LES GEÔLES D’ISRAËL Ahed Tamimi, je raconte ta bravoure

Les souvenirs s’entassent. La révolte et les nouvelles de Palestine nous minent, nous brisent le coeur.

A ma manière je suis aussi un révolté et un migrant entre ma terre natale et mon désert bien-aimé. Pas aussi brave que toi Ahed Tamimi.

Par expérience, j’ai appris que le désespoir des ordures est une incompétence biologique. On partage notre migration comme on peut, avec son chien ou avec ceux qu’on aime, mais nous continuons à vivre comme au désert dans une sorte de camp en maison de pierre et en tourbe. Nos fils sont aussi des migrants, comme nos chiens de garde, révoltants gardiens de cette vie troublante. On se rencontre tous les soirs, chaque nuit quand souvent il n’y a pas une goutte d’eau dans le robinet, mais un peu dans la cuisine et un peu dans la salle de bains, dans une cuvette…C’est la vie qu’on a choisie, simple, mais réelle. On vit ainsi depuis longtemps, très longtemps. On a décidé de partager notre révolte avec des enfants au bout du monde, Avec toi Ayed. Même si le téléphone ne sonne jamais. Quand il sonne trop, on s’arrange pour demander à un gosse de répondre et de dire si oui ou non quelqu’un est là…Les importuns ne croient jamais qu’ils vous importunent. Surtout quand il s’agit de corbeaux. Ah purée! On travaille comme on peut, mais eux vous laissent vivre comme ils veulent…Tu vois, le monde est partout devenu pareil, c’est-à-dire inlassablement violent. Et puis, les souvenirs s’entassent. La révolte et les nouvelles de Palestine nous minent, nous brisent le coeur. Je suis resté fidèle à mon métier de ne rien savoir faire que d’écrire. Les souvenirs de ce vieux Liban en guerre ou bien c’était l’actuelle Syrie dans le jeu de massacre, présent discutable et cadeau empoisonné d’encore Israël. Je sais que tu ne dois certainement pas connaître, mais c’était hier, toujours, sinon présent jusqu’à demain. Les citoyens au Liban portaient des cartes d’identité signalant en quelle religion ils croyaient. Musulman, chrétien ou autre… Quelle honte!

Le présent n’est plus un cadeau quotidien et incessant comme autrefois. On a l’impression qu’on nous oublie. Tant mieux! Alors on a pris des dispositions pour ne gueuler qu’en connaissance de cause, particulièrement pour toi et la Palestine Tamimi. A l’école ou au travail, à la maison, devant une page blanche, au téléphone, dans le désert ou les échos portés par les nomades, de toi, de ton pays, plus leurs problèmes. On se hait autant que l’on hait cette horrible droite israélienne au pouvoir qui vous met en prison mes enfants. Les gosses, pour moi, il ne faut pas y toucher, je les considère comme un fruit. Péchés des hommes. Mais fruits quand même. Tendres, innocents, frais. totalement inconscients des horreurs pourries des corbeaux…Alors, voilà, notre position pour toi Tamimi et pour ta famille. On se perfore devant ces imbéciles de l’armée israélienne et des propos courants. Voici donc ce qu’on est devenus. Des révoltés contre le système politique du désespoir. La Palestine n’est pas un fait solitaire. Elle ne l’a jamais été. C’est Israël qui est seul, et qui le restera toujours. Les Américains nous informent de notre destinée et, nous détruisent tous partout où l’on peut être. Avec eux, on est devenus les Autres… Et ce faisant, ce sont eux-mêmes qu’ils détruisent. Ils nous ont poussés à nous rassembler. C’est important de le savoir. Personne n’est plus seul. Ni toi Ahed. Nous sommes tout un chacun dans sa prison. Un ensemble de forces pour une haine fabriquée et montée, comme une pièce de théâtre où la fin porte la tragédie d’Othello de Shakespeare. Nous sommes en situation d’attente avec un taux d’agressivité qui recèle une prise de position désormais sereine et inversée à leur haine qui tue des enfants innocents. Ils ont raison de s’inquiéter de leur passé tragique. Ils viennent de le fabriquer encore une fois. Et ils méritent les meurtres qu’ils portent dans leurs mémoires courtes, Tamimi. Toi, tu vis et tu vivras longtemps heureuse, j’en suis convaincu. Ici, chez nous, comme au désert, nous racontons déjà ta bravoure et ton courage. Et nous accrochons ton portrait portant ce bel emblème de Palestine sur nos murs et dans nos écoles. Nous sommes avec toi.

Bonne année 2018 mon enfant et à travers toi bonne année à tous les enfants du monde!

Ton admirateur, Faycal Maârfia

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