Les bombardements de la coalition ont cessé hier matin après des frappes aériennes et navales contre des positions libyennes. Un calme précaire a régné sur Tripoli, même si tôt dans la matinée, la coalition militaire internationale a bombardé Tripoli par air et par mer.
Ces frappes ont permis, dira l’amiral Michael Mullen, le plus haut gradé américain qui intervenait sur la chaîne de télévision ABC de «stopper l’avance» des forces pro-Kaddafi sur Benghazi. En outre, l’Elysée a annoncé hier que Nicolas Sarkozy avait prévu de tenir «un point sur la situation en Libye» en fin de journée d’aujourd’hui (hier) avec les ministres concernés.
De ce fait, les frappes aériennes de la coalition internationale contre la Libye se poursuivaient hier encore, ciblant des objectifs militaires à Tripoli et à Benghazi où quelque 22 objectifs ont été atteints, tandis que le colonel Kaddafi promettait aux forces de coalition une «longue guerre».
Ainsi, plusieurs endroits à Tripoli ont été visés dans la matinée d’hier par les raids, selon un porte-parole militaire libyen qui ajoutait que les forces libyennes «ont riposté à ces frappes».
Ainsi, «deux aéroports libyens ont été bombardés par les avions militaires», ont rapporté des médias, selon lesquels des avions militaires de la coalition continuent de survoler Al-Azizia au sud de Tripoli, où se trouve le secteur de la résidence de Kaddafi et où «des explosions ont retenti». Avant-hier soir, des avions de combat français ont procédé aux premiers tirs contre les forces de Kaddafi. Des navires de guerre et des sous-marins britanniques et américains ont tiré ensuite plus de 110 missiles Tomahawk contre une vingtaine de sites libyens.
D’autre part, les violents affrontements entre les forces loyalistes libyennes et les rebelles ont fait plus de 90 morts depuis vendredi dernier à Benghazi, selon des sources hospitalières.
La première phase de frappes aériennes «un succès»
Pour l’amiral Michael Mullen, la première phase de frappes aériennes menées contre la Libye est «un succès» et a permis d’instaurer une zone d’exclusion aérienne.
Ainsi, le chef d’état-major interarmées a, lors de l’émission «This Week» sur la chaîne ABC, affirmé que les frappes aériennes menées avant-hier à l’aide de chasseurs-bombardiers français et britanniques mais également une salve de plus de 110 missiles de croisière, «ont été un succès jusqu’à présent», soulignant que depuis deux jours aucun appareil libyen n’avait décollé et que la zone d’exclusion aérienne était en place.
Kaddafi promet «une longue guerre victorieuse»
Peu après les premières frappes, la défense libyenne a tenté de contrer les raids aériens, alors que Mouammar Kaddafi promettait, dans une allocution télévisée, que la Méditerranée et l’Afrique du Nord étaient désormais un «champ de bataille», et que des cibles maritimes et aériennes, militaires ou civiles, étaient dorénavant exposées à un réel danger dans la région.
Ainsi, dans un message sonore diffusé sur la télévision officielle, Kaddafi mettra en garde la coalition et prédira une «longue guerre», affirmant que «tout le peuple libyen porte des armes» et qu’il «vaincra».
«Nous sommes les victorieux, vous êtes les vaincus. Nous ne nous replierons pas du champ de bataille car nous défendrons notre terre et notre dignité», a-t-il soutenu. Le colonel affirmera que son peuple «sortira vainqueur». Dans son message, le dirigeant libyen qualifiera les membres de la coalition de «terroristes, barbares et monstres», affirmant que son pays ne laissera «jamais les pays croisés profiter de son pétrole».
Dans ce contexte, Seif El-Islam, un des fils de Kaddafi, a exclu d’abattre des vols civils en Méditerranée en représailles à l’opération des pays occidentaux contre son pays, dans un entretien diffusé hier par la chaîne de télévision américaine ABC. Il dira en outre que l’Occident s’est laissé trompé par «un gros malentendu» sur la situation politique en Libye, se disant «surpris» par l’offensive de la coalition.
Tout en écartant la possibilité que son père quitte le pouvoir, Seif El-Islam a assuré que «le pays tout entier est uni contre les milices armées et les terroristes. Les Américains et les autres occidentaux sont en train de soutenir les terroristes et les milices armées».
Et d’ajouter que «c’est une grosse surprise que finalement le président Obama, que nous pensions être un homme bon et un ami du monde arabe, bombarde la Libye».
L’Italie fournit huit avions
L’Italie a mis huit avions à la disposition de la coalition pour ses opérations en Libye, quatre chasseurs de type non précisé et quatre chasseurs-bombardiers Tornado, qui pourront être utilisés «à tout moment», a déclaré hier le ministre italien de la Défense.
L’UA pour une solution «africaine»
Absente lors au sommet de Paris tenu avant-hier pour décider d’une intervention militaire sur la Lybie, l’Union africaine a chargé hier cinq chefs d’Etat pour trouver une solution à la crise libyenne, et exige la fin des hostilités, après le début de l’opération militaire occidentale contre Mouammar Kaddafi.
Ainsi, les présidents sud-africain, malien, mauritanien, congolais et ougandais ont estimé, à l’issue d’une rencontre à Nouakchott, qu’une solution «africaine» devait être trouvée au conflit entre les forces kaddafistes et l’insurrection partie de l’Est libyen.
La Chine et le Venezuela regrettent …
Contrairement aux nombreux pays qui se sont joints à l’opération militaire occidentale contre la Libye, la Chine et le Venezuela ont regretté cette action et exprimé leur opposition à l’usage de la force dans les relations internationales.
«La Chine a noté les derniers développements en Libye et exprime ses regrets concernant les attaques militaires contre la Libye», lit-on dans un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.
Pour sa part, le président vénézuélien Hugo Chavez a jugé «irresponsable» l’action militaire lancée avant-hier contre la Libye, et réclamé «un cessez-le-feu effectif». Quant à la Turquie, elle s’est engagée à apporter sa contribution pour résoudre la crise en Libye dans «le respect de la sécurité du peuple libyen», a indiqué le ministère turc des Affaires étrangères.
Le Qatar se justifie
Pour justifier la participation de son pays aux opérations militaires contre la Libye, le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani, dans des déclarations faites à la chaîne satellitaire Al-Jazeera, dira que c’est pour «mettre un terme au bain de sang» dans lequel se trouve la population libyenne. Il affirmera que «le Qatar participera à l’action militaire car il est nécessaire pour des pays arabes de prendre part aux actions militaires menées par la coalition», expliquant que «la situation est intenable en Libye (…) ce n’est pas une confrontation entre des manifestants et des forces de police mais une guerre ouverte à laquelle participent des mercenaires et cela doit s’arrêter au plus vite». Néanmoins, il assurera que cette opération «n’est pas dirigée contre le peuple libyen ni même contre le colonel Kaddafi et ses fils».
L’équipage d’un navire italien retenu au port de Tripoli
Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a expliqué hier que l’Italie n’excluait pas l’hypothèse de l’«enlèvement» concernant l’équipage d’un navire remorqueur italien retenu depuis avant-hier par des hommes armés dans le port de Tripoli. L’un de ces hommes armés s’est présenté comme étant «le commandant du port, avant de retenir l’équipage», selon la même source. A ce sujet, le ministre italien de la Défense Ignazio La Russa, a déclaré que l’Italie est prête à intervenir «avec tous les moyens possibles» pour évacuer l’équipage du navire remorqueur italien.
Par Linda Bourebrab
La Ligue arabe mécontente
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré qu’il ne voulait pas des raids aériens en Libye qui ont frappé des civils, alors que la Ligue a demandé une zone d’exclusion aérienne, a rapporté hier l’agence égyptienne Mena. Le SG de la Ligue arabe ajoutera qu’il souhaitait une réunion extraordinaire de la Ligue pour discuter de la situation dans le monde arabe et en particulier en Libye.
Soutenant que «ce qui se passe en Libye diffère de l’objectif d’imposition d’une zone d’exclusion aérienne, et ce que nous voulons est la protection des civils et non leur bombardement».